Collaboration universitaire : Lutter contre le changement climatique à travers l’énergie solaire et l’éolienne

Des experts de l’université de La Réunion sont à Maurice dans le cadre du projet Solar and Wind Energy in the Indian Ocean (SWIO). Financé par les Fonds européens et la Région Réunion, ce projet est une étude sur la variabilité du gisement solaire et éolien et l’impact du changement climatique sur ce gisement.

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La technique de l’étude se veut innovante car elle permettra de prévoir comment exploiter ces énergies renouvelables. L’objectif du projet est d’estimer l’impact du changement climatique sur les ressources énergétiques solaire et éolienne dans la zone SOOI, avec un regard tout particulier sur les deux îles que sont la Réunion et Maurice.

Ce projet de coopération régionale s’inscrit dans l’effort de recherche régionale en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets dans le secteur de l’énergie. La problématique du changement climatique est d’ailleurs un sujet de recherche qui attire l’attention de nombreux scientifiques, économistes et politiciens. Cette problématique est ainsi étudiée par le laboratoire Energy-Lab dans le cadre de SWIO-Energy.

Béatrice Morel, maître de conférences à l’université de La Réunion et responsable scientifique d’une équipe d’Energy Lab qui travaille sur la variabilité de la ressource solaire à La Réunion et dans la zone océan Indien, explique que ce projet de recherche comparatif réunit des laboratoires à Maurice et à La Réunion sur l’énergie solaire et éolienne.

« Nous sommes dans une zone où le vent et le soleil ont un potentiel important et vont permettre aux territoires de la zone d’atteindre l’autonomie énergétique. L’intégration de ces énergies va contribuer fortement à l’indépendance énergétique des deux territoires », dit-elle. Et pour ce faire, des recherches sont essentielles.

Ces recherches permettront de disposer d’outils de simulation numérique qui aideront à mieux préciser les potentiels solaire et éolien des territoires de la région. Béatrice Morel ne cache pas le fait que Maurice et La Réunion font face aux mêmes problématiques s’agissant de la production de l’électricité.

« Nous sommes soumis aux mêmes aléas climatiques. D’où l’intérêt de coopérer, sachant que même si nous sommes proches, nous avons des spécificités et des différences », fait-elle ressortir. De ce fait, les différences qui existent entre les deux îles ont une certaine conséquence sur la disponibilité de ces deux ressources.

La conférencière est d’avis que la collaboration entre les universitaires mauriciennes et de La Réunion est importante car le laboratoire Energy Lab focalise ses recherches sur l’étude de variabilité de l’énergie solaire. « Le rapprochement avec UoM et l’UDM porte plutôt sur le volet énergie éolienne. Nos collègues mauriciens ont essentiellement développé leurs recherches autour de l’énergie éolienne. Cette collaboration est une expertise sur l’énergie solaire côté Réunion et l’énergie éolienne côté Maurice », dit-elle.

Ces informations pourront servir à mieux évaluer l’évolution de la ressource dans le temps et l’espace, ainsi qu’à l’élaboration d’outils pour la gestion des risques liés aux énergies renouvelables. D’ailleurs, des capteurs ont été installés car les mesures de rayonnement solaire ne sont pas facilement disponibles à Maurice comme à La Réunion. Elle regrette que les stations météorologiques ne donnent pas tous les composants du rayonnement solaire. Les technologies au niveau des capteurs qui ont été installés, dit-elle, permettent d’avoir accès à tous ces composantes. Les rayonnements du soleil, ajoute-t-elle, ont un impact sur la production photovoltaïque. « Toutes ces données sont essentielles car les mesures au sol sont la référence », dit-elle.

À noter que des stations ont été installées dans des zones représentatives des deux îles et que les observations ont été comparées avec les données satellitaires. Maurice compte une station à Bras-d’Eau, Vacoas et maintenant à l’université de Maurice à Réduit. Les données seront rapatriées sur le serveur du laboratoire Energy Lab et seront libres d’accès. Le public y aura accès.

Par ailleurs, Béatrice Morel fait ressortir que le rendement d’un panneau photovoltaïque dépend des conditions de température et d’humidité. « S’il fait trop chaud le rendement du panneau diminue », dit-elle. Il se peut que peu de personnes sachent qu’une température trop élevée diminue le rendement d’un panneau photovoltaïque. Aurélien Mollard, volontaire de Solidarité internationale, avance qu’une équipe d’Energy Lab sera à Maurice dans le cadre du projet IOS-net pour des sessions sur ce sujet.

Une fois le projet terminé à Maurice, l’intérêt portera sur l’impact du changement climatique. « On va s’inscrire sur le long-terme et on s’intéresse à la manière dont le rayonnement solaire et le vent ont évolué dans les prochaines décennies, au milieu du siècle. Ce n’est pas aussi simple. Nous ferons des projections sur le rayonnement solaire ou du vent. Si on arrive à avoir des résultats pour le milieu du siècle, ce sera bien », dit-il. Le volet observation permettra de faire des analyses pour le climat présent et passé-présent.

Le coeur du projet SWIO est la simulation numérique avec un modèle régional de climat. La technique qui sera utilisée permettra de visualiser les phénomènes à petite échelle sur les territoires de la zone et d’augmenter la résolution spatiale des modèles globaux de climat évalués par le GIEC.

Par ailleurs, elle déclare que le rapport de GIEC s’appuie sur des sorties de modèles globaux de climat dans lesquels Maurice et La Réunion ne sont pas bien représentées. L’originalité du projet est d’utiliser un modèle régional du climat et de faire un zoom. Le caractère innovant du projet réside dans le recours à des variables météorologiques et climatiques provenant d’un modèle régional de climat à très haute résolution spatiale de moins d’un kilomètre pour le futur alors que les modèles globaux ont des résolutions spatiales grossières, au mieux de 50 km.

Chao Tang, Project Manager, Research Engineer Climate Modeling au laboratoire Energy-Lab, soutient que le projet SWIO, « ce sont des énergies renouvelables qui permettent de produire de l’électricité et sont les solutions pour lutter contre le changement climatique », dit-il.

Lors de leur visite, une station a été installée sur le campus de l’université de Maurice à Réduit afin de capturer les données qui permettront aux scientifiques d’effectuer des prévisions s’agissant de la production de l’énergie solaire et éolienne. Le projet de recueil de données a démarré en mai 2020. C’est la première mission qui se fait à Maurice. Le Covid-19 est pointé du doigt à cause du retard.

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