TAXI-MARON: Querelles patentes

Voilà un autre problème auquel Maurice n’a jamais pu trouver de solution. Le phénomène des taxi-maron demeure une sérieuse préoccupation. D’un côté, les chauffeurs de taxi détenant leurs permis d’opération se plaignent que les taxi-maron menacent leur gagne-pain; de l’autre, les chauffeurs de taxi-maron se plaignent que leur situation ne soit pas encore régularisée malgré leurs doléances auprès des autorités concernées.
Un peu partout dans l’île, c’est la grogne chez les chauffeurs de taxi. Ils soutiennent ne plus pouvoir opérer sereinement face à la concurrence déloyale des taxi-maron. “Nou pa pe kapav zwenn le de bou. Lapolis dir NTA inn met enn bann lalwa kot bizin trouv pasaze pe pey sofer, lerla li enn ofans. Nounn avoy let NTA, zot inn dir zot pou fer le neseser, me zot pann fer nangne”, s’insurge Anand, chauffeur de taxi basé à Mahébourg.
À Rose-Hill, le problème est identique : les chauffeurs de taxi disent ne plus pouvoir supporter la concurrence des taxi-maron. “Zot pena patant pou paye, zot. Nou pa pou kapav kontigne travay koumsa”, affirme Alain. Il en est de même à Baie du Tombeau, à Vacoas et à Port-Louis.
Inaction
La Taxi Proprietors’ Association, à travers son président Rafick Bahadoor, critique l’inaction des autorités. “Tous les Mauriciens connaissent le problème, sauf le ministre du Transport”, ironise-t-il. “La situation est devenue incontrôlable. Nous avons demandé à maintes reprises un rendez-vous au ministre du Transport mais nous n’avons jamais pu le rencontrer. Il devrait prendre ses responsabilités et régler ce problème qui est en train de tuer notre métier. Avec l’avènement du transport gratuit pour les personnes âgées, le travail est devenu plus difficile”, poursuit-il.
Rafick Bahadoor avance que le changement de plaques d’immatriculation sur les véhicules a également eu de mauvaises conséquences pour les chauffeurs de taxi ayant leurs permis d’opération. “Sans consultation, le ministre du Transport a changé la couleur des plaques d’immatriculation. Aujourd’hui, le public a du mal à distinguer les vrais taxis et les taxi-maron.”
Legaliz sitiasion
Ce manque d’actions est également déploré par les chauffeurs de taxi-maron, mais pas pour les mêmes raisons. “Tout ce que nous voulons, c’est régulariser notre situation. Nous sommes tous désireux de payer pour travailler comme chauffeurs de taxi, mais on ne nous en donne pas l’occasion. Nous ne savons pas pourquoi on ne nous accorde pas de permis”, s’indigne Thierry Potage, président de l’Association Transport Pou Malere. Il ajoute : “Sel metie ki nou fer sa. Ena ki pe travay depi 15 a 20 an. Nou pa pe rod patant pou al tir loto nef, nou. Nou pe rod enn patant pou nou kapav gagn nou lavi.”
“Zot pa refiz pey patant, me se lotorite ki pa les zot paye. Mo pa pe ankouraz taxi maron, me mo demann a se ki legaliz zot sitiasion”, dit George Ah Yan, porte-parole de l’Association Transport Lepep, qui regroupe des chauffeurs de taxi-maron du sud et de l’est du pays.
Autre métier
Un autre problème se pose au sein même des associations regroupant des chauffeurs de taxi-maron. Il a été observé que certains chauffeurs exercent en même temps d’autres métiers. “Il y a des personnes qui ne sont pas des genuine cases. Certains ont un autre métier et ont rejoint les associations pour avoir un permis d’opération”, souligne Kirsley, chauffeur de taxi maron à Grand Bel Air.
“Ena 4 a 7 dimounn ki travay dan gouvernma ki fer taxi-maron dan nou rezion. Ena amen vann zot vini. Nounn deza al stasion fer konplint mwa dernie”, soutient Anand. Si le ministère concerné s’applique à régulariser la situation des chauffeurs de taxi-maron, il devra prendre en compte cette pratique qui porterait préjudice aux chauffeurs de taxis méritants.
Démarches
On se souvient que l’Association Transport Pou Malere avait organisé une marche dans les rues de Port-Louis en début d’année et avait déposé une lettre au bureau du ministre du Transport. “Nous sommes consternés. Nous n’avons jamais pu avoir une rencontre avec le ministre. Il n’a même pas eu la décence de répondre à notre lettre”, s’insurge Thierry Potage. Ce dernier précise que l’association, qui réunit entre 200 à 250 personnes, organisera une conférence de presse en septembre pour faire part de leurs futures démarches. Il soutient qu’il aura prochainement une rencontre avec le directeur de la NTA. “Nous allons organiser une journée de travail. On va s’asseoir autour d’une table pour essayer de trouver une solution.”
Pour sa part, George Ah Yan annonce que les membres de l’Association Transport Lepep ont l’intention de porter leurs griefs devant l’Equal Opportunity Commission.

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