(Tirs-Croisés) Pénurie d’eau : Pourquoi le pays nage-t-il entre deux eaux ?

Depuis plusieurs années, des rapports financés des deniers publics ont été préparés en guise de mesures de soulagement à la population par rapport à la fourniture d’eau. En 2019, le gouvernement se targuait d’avoir investi Rs 4,4 milliards dans la Central Water Authority (CWA) depuis 2015 tout en s’évertuant de dire que le 24/7 n’est pas qu’un slogan électoral. Alors qu’on envisage aujourd’hui de réintroduire des mesures de restriction pour la distribution d’eau face aux mois d’été qui s’annoncent sévèrement secs, l’on est à même de se demander à quoi ont servi tous ces milliards investis. Et pourquoi le pays nage-t-il entre deux eaux pour trouver la solution qu’il faut à ce sempiternel problème ?

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Pour Prem Saddul, géomorphologue et ancien président de la CWA, c’est la gestion de l’eau qu’il importe de modifier. Le problème, dit-il, réside « dans notre capacité de captage et de stockage ». Il rappelle que Maurice est le premier pays au monde d’après le dernier rapport de la Banque mondiale en termes de perte en eau (61%). Il est d’avis qu’au lieu de dépenser Rs 10 milliards pour construire la Rivière-des-Anguilles Dam, « il vaut mieux construire des mini-barrages à des points stratégiques tout au long des rivières ». Il ajoute que « pendant des décennies, on a mis à la tête de la CWA des nominés politiques qui n’étaient et qui ne sont ni des ingénieurs, ni des scientifiques ». Il faut revoir les critères et procédures de recrutement et promotions à la CWA.

Raja Pillay, cofondateur de Think Mauritius et ex-président de l’ACIM, constate également que le pays est paralysé par une mauvaise gestion. Il se dit en faveur du fait que les nouveaux permis de construction résidentielle rendent obligatoire la collecte d’eau de pluie. Prenant l’exemple d’Israël, il souligne que ce n’est pas la pluviométrie qui pose problème. « Maurice recevait quelque 2 200 mm de pluies et aujourd’hui avec le changement climatique, on reçoit environ 2 500 mm comparés avec Israël qui ne reçoit que 400 mm de pluies. Pourtant, ce pays offre un service de fourniture d’eau 24/7. Il suffit d’avoir des techniques de stockage d’eau », dit-il.

L’hydrologue Farook Mowlabucus et ex-cadre de la Water Resources Unit serine année après année qu’il faut absolument réduire les pertes en eau sur les réseaux de distribution. Il prévient que « si on continue à tarder à mobiliser des ressources additionnelles, chaque septembre, octobre, on sera à se poser la même question… » La pénurie d’eau n’est pas d’abord, dit-il, une question de changement climatique. « Cela fait plus de cinq ans que l’on parle du barrage de Rivière-des-Anguilles ! On a pris 20 ans pour construire le barrage de Bagatelle, de sa conception à sa mise en opération. Il paraît que celui de Rivière-des-Anguilles aura le même sort », s’insurge-t-il. Si le 24/7 n’est pour lui pas une utopie mais bien un but à atteindre, force est d’admettre que ce ne sera pas pour demain à cause d’un problème d’administration.

PREM SADDUL (EX-CHAIRMAN DE LA CWA) : « Perte d’eau : Maurice, première au monde »

L’été qui arrive s’annonce un des plus secs. Le niveau d’eau dans nos réservoirs ne cesse de chuter. D’après les autorités, la période sèche sera plus longue et sévère. Des mesures strictes de restriction sont envisagées au niveau de la distribution d’eau. Le 24/7 n’est-il qu’une utopie ?
L’objectif 24/7 à travers Maurice n’est pas une utopie car le pays reçoit annuellement 2 500 mm de pluie en moyenne avec 4 000 mm par an sur le Plateau Central. Malheureusement, notre capacité de captage et de stockage est déficiente. Nous avons 52 cours d’eau et chaque année, environ 1 000 millions de m3 d’eau se perdent en mer. On n’a pas oublié la saga du Midlands Dam, une histoire remplie d’indécisions des autorités qui, en 2009, allait coûter Rs 2.9 milliards pour atteindre les Rs 10 milliards en 2021.
Au lieu de dépenser Rs 10 milliards pour construire le Rivière-des-Anguilles Dam, il vaut mieux construire des mini-barrages à des points stratégiques tout au long des rivières telles que Rivière-Savanne, Rivière-Patates, Rivière-des-Anguilles et Rivière-du-Poste qui traversent 12 grandes agglomérations. Avec des petites unités de traitement, on peut facilement injecter entre 3000-5000 m3 d’eau potable par jour dans les réseaux de la CWA. C’est plus rapide, plus efficace et moins coûteux. Nous souffrons d’un manque de décisions stratégiques. Nous sommes une île et la mer peut venir à notre rescousse.
Le Koweït et Hong Kong couvrent aujourd’hui 75% de leurs besoins en dessalant l’eau de mer. Le dessalement coûte mais avec l’innovation, couplée à une technologie verte, on peut diminuer considérablement le coût de production. Il suffit d’avoir la vision et le courage de le faire. Pendant des décennies, on a mis à la tête de la CWA des nominés politiques qui n’étaient et qui ne sont pas des ingénieurs, des scientifiques ou des hydrogéologues parce que pour les autorités, la CWA est un bassin politique important.

Cela fait plusieurs années que ce problème de pénurie d’eau revient et il est appelé à être plus récurrent avec les effets du changement climatique. Le document Intended Nationally Determined Contributions for the Republic of Mauritius (2015-2030) brosse un tableau alarmant pour les années suivantes, soulignant une baisse de 7,7% dans la pluviométrie dans le pays entre 2011-2020. Pourquoi les efforts des autorités ont jusqu’ici été un coup d’épée dans l’eau ?
Ces dernières années, la question d’eau potable s’est imposée sur la scène internationale comme un des problèmes clés du devenir du monde. Beaucoup de pays sont entrés dans un état d’urgence hydrique depuis 2009. La sécurité d’approvisionnement en eau potable et la pénurie se traduisent par un rationnement de l’eau du robinet. L’Australie, le Chili, la Californie, l’Espagne et beaucoup d’autres pays en souffrent actuellement. On parle maintenant de bateaux-citernes pour alimenter des endroits en eau potable.
Il y a eu beaucoup de rapports concernant ce secteur à Maurice incluant le fameux rapport Water Sector Reform of Mauritius rédigé avec l’apport d’une équipe singapourienne en mars 2012 ; des Master Plans, des Blue Papers, etc., pour aider Maurice à faire face aux défis du XXI siècle. Malheureusement, ces rapports dorment dans des tiroirs. Entre l’intention et la réalisation, il y a toujours eu un fossé.
Avec le changement climatique, il y a un changement de pluviosité, soit un décalage temporel et spatial visible – décalage du mois le plus humide de décembre à mars, voire avril, et la pluviosité maximale en été n’étant plus nécessairement sur le Plateau Central mais ailleurs.
L’accès à l’eau potable est un droit humain, pas uniquement un besoin vital. Si la gestion de l’eau n’est pas modifiée et si elle n’est pas intégrée dans une vision globale, nos réserves en eau douce seront épuisées avant novembre. C’est pourquoi j’ai toujours proposé une réinvention de notre système de gouvernance de ressource en eau. Je propose que devienne une seule entité la CWA, la Water Research Unit et la Waste Water Management Authority. Par ailleurs, il faut développer un Integrated Water Sector Management System afin de sortir la tête hors de l’eau. L’Irrigation Authority est un grand coupable car à travers ses tuyaux percés et une administration archaïque, on perd beaucoup d’eau douce.

Parmi les projets de la CWA, figurent le remplacement des tuyaux défectueux et le remplacement de 50 000 compteurs d’eau défectueux. Ces travaux vont-ils dans le bon sens ?
Non. Nous avons pris du retard. Trop même et la CWA est devenue au cours des années une institution hautement endettée. Maurice est le premier au monde, d’après le dernier rapport de la Banque mondiale, en ce qui concerne la perte en eau (61%) qui circule tout au long de nos tuyaux percés. Ce qu’on appelle la Non Revenue Water, qui fait que l’institution perd Rs 900 millions par an.
La tâche est herculéenne car les réseaux de distribution de la CWA sont complexes, surtout dans nos centres-villes. Le paradoxe est que quand la pression est forte, les tuyaux se perforent et quand la pression est faible, l’eau ne coule pas dans les robinets…

Quelles mesures sur le court terme pour dépanner rapidement les régions les plus affectées ?
D’abord, il faut, à travers une campagne de communication soutenue et pédagogique, préparer les abonnés à collaborer. J’ai toujours dit qu’à Maurice, on se sert de l’eau potable d’après nos désirs et non d’après nos besoins. Chaque Mauricien consomme 170 litres d’eau potable par jour. C’est trop et nous consommons plus que les Européens et les Singapouriens. Il faut, en ces temps climatiques difficiles, savoir se servir de l’eau du robinet avec modération. Une chasse d’eau représente 6 litres d’eau traitée. Les camions-citernes aident à apaiser la colère des consommateurs mais c’est temporaire et erratique.

Le dernier mot…
On ne peut procéder comme des pompiers en sillonnant l’île avec une armada de camions-citernes pour éteindre le feu de la colère des citoyens. Il nous faut des décideurs qui ont cette volonté politique et une vision pour atteindre dans sa totalité l’objectif 24/7. Il faut revoir les critères et procédures de recrutement et promotions à la CWA et faire de la CWA une institution 24/7 avec un Shift System car la CWA est une institution qui offre un service essentiel.


RAJA PILLAY (THINK MAURITIUS) : « Il suffit d’avoir des techniques de stockage d’eau »

L’été qui arrive s’annonce un des plus secs. Nos réservoirs se désemplissent. D’après les autorités, la période sèche sera plus longue et sévère. Des mesures strictes de restriction sont envisagées au niveau de la distribution d’eau. Le 24/7 n’est-il qu’une utopie ?
Utopie, je ne dirais pas. Maurice possède des personnes très compétentes. Chaque année, on répète la même chose quand il y a un manque d’eau. Notre pays est paralysé par une mauvaise gestion. Pas uniquement au niveau de la CWA, mais en général. Plusieurs rapports ayant coûté des millions pourrissent dans les tiroirs du ministère. Nous avons dépensé des milliards pour remplacer les tuyaux datant de l’époque des Anglais. Avec un peu d’imagination, on aurait pu faire beaucoup mieux mais le problème reste entier. Les gouvernements ne dépensent que quand il y a des projets avec des budgets énormes, même sans planning.
Les fouilles pour l’eau souterraine de Pierrefonds n’ont jamais été achevées. Quant aux terres de Bagatelle où on a fouillé pour le Dam, il n’y a pas de pierre. Ce sont des terres essentiellement pour la production d’aliments. Il ne fallait pas faire de la construction là car cela revient à deux fois ou trois fois plus cher. Dès qu’on fouille sur ce type de terre, le sol s’érode.
Il y a des dépenses qu’il faut minimiser. Les fouilles pour l’installation de nouveaux tuyaux sont coûteuses. Prenant en considération le fait que le traitement d’un mètre cube d’eau coûte environ Rs 15, il aurait fallu connecter chaque famille à deux prises d’eau et deux tarifs différents : d’abord pour la consommation courante et ensuite pour le lavage de voitures, le jardinage, etc.
Lors de l’émission du permis de construction résidentielle, il aurait fallu rendre obligatoire la collecte de l’eau de pluie. Pour ce qui est d’autres maisons, il faut y encourager cette pratique également.

Cela fait plusieurs années que ce problème de pénurie d’eau revient et il est appelé à être plus récurrent avec les effets du changement climatique. Le document Intended Nationally Determined Contributions for the Republic of Mauritius (2015-2030) brosse un tableau alarmant pour les années qui allaient suivre, soulignant une baisse de 7,7% dans la pluviométrie dans le pays entre 2011-2020. Pourquoi les efforts des autorités ont, jusqu’ici, été un coup d’épée dans l’eau ?
Maurice recevait quelque 2 200 mm de pluies et, aujourd’hui, avec le changement climatique, on reçoit environ 2 500 mm par rapport à Israël qui ne reçoit que 400 mm de pluies. Pourtant, ce pays offre un service de fourniture d’eau 24/7. Comment cela se fait-il ? Il suffit d’avoir des techniques de stockage d’eau. En Israël, ils ont créé des forêts. On ne peut aujourd’hui prétendre ne pas recevoir suffisamment de pluie. On aurait dû créer un barrage couvert à Montebello et construire la connexion Beau-Bassin/autoroute au-dessus du barrage. Des milliers de véhicules auraient pu se garer sur ce réservoir couvert.
Les eaux usées sont traitées à un prix exorbitant, environ Rs 15 le mètre cube, et elles ne trouvent pas preneur car le prix est trop cher et elles sont jetées à la mer. Les eaux se trouvant dans les nappes souterraines sont pures et ne nécessitent pas de traitement. Il n’existe pas de mécanisme pour remplir les nappes. Cela se fait naturellement.
À l’époque où Think Mauritius travaillait sur le dossier de l’eau, il y avait une grande sécheresse. En compagnie d’un haut cadre de la CWA, nous avions effectué une visite des lieux et constaté qu’un arbre tombé dans une rivière censée alimenter l’eau dans le réservoir de Mare-aux-Vacoas faisait converger l’eau vers Rivière-du-Poste. Il n’y avait personne pour l’entretien de la rivière.

Êtes-vous pour le dessalement de l’eau de mer ?
Oui, puisque nous sommes entourés d’eau de mer, pourquoi importer du sel ? C’est ridicule mais dessaler l’eau de mer en rejetant le sel à la mer causerait un déséquilibre dans l’environnement.

Le dessalement coûte…
Oui, mais si on produit du sel, il n’y a pas lieu d’importer. De l’autre côté, on aura réglé le problème de l’eau.

Il est prévu que le problème d’eau s’accentue avec des épisodes de sécheresse liés aux effets du changement climatique…
Il n’y a pas de sécheresse. Le problème réside davantage dans le stockage d’eau. On a dépensé des milliards dans la connexion Montebello/GRNW/Beau-Bassin. Il aurait fallu y créer un barrage couvert avec cette route au-dessus. Au Japon, on a fait cela : l’eau en dessous et au-dessus des parkings pour voitures. En même temps, on encouragerait les gens à laisser leurs voitures en dehors de la ville. Il y a beaucoup de choses qu’on aurait pu faire.

Quelles mesures sur le court terme pour dépanner rapidement les régions les plus affectées ?
Il faut encourager la collecte d’eau de pluie. Chaque maison devrait être pourvue d’un système pour le captage de l’eau de pluie qui pourrait être utilisée pour le jardinage, le lavage des voitures, etc.

En conclusion…
Il faut avoir la volonté de résoudre le problème. Sans la volonté, on ne peut rien faire.


FAROOK MOWLABUCUS (HYDROLOGUE) : « Le 24/7 pas pour demain à cause d’un problème d’administration »

L’été qui arrive s’annonce un des plus secs. Le niveau d’eau dans nos réservoirs ne cesse de chuter. D’après les autorités, la période sèche sera plus longue et sévère. On prévoit des mesures strictes de restriction au niveau de la distribution d’eau. Le 24/7 n’est-il qu’une utopie ?
Ce n’est certainement pas une utopie mais un but à atteindre. Les difficultés que nous avons actuellement sont dues aux travaux nécessaires pour soulager la population au niveau de la distribution d’eau. Il faut rappeler que chaque année, en septembre, octobre et novembre, on se retrouve avec les mêmes questions jusqu’à ce que les pluies d’été arrivent. On est toujours préoccupé par la sécheresse. Toutes les années, c’est la même chose qui revient.

Sauf que les risques de sécheresse sont désormais plus accentués avec les effets du changement climatique, que l’on voit d’ailleurs un peu partout à travers le monde…
Évidemment. En fait, les effets du changement climatique à Maurice en ce qui concerne la pluie remontent aux années 80. Nous avons eu des années sèches en 83, 87 et cela s’est poursuivi dans les années 90 jusqu’à aujourd’hui. Entre-temps, il aurait fallu faire des travaux pour augmenter les ressources en eau. Quand on parle d’alimentation en eau, en effet, on parle de deux choses : ressource et distribution. Il faut donc d’abord de la ressource. Or, plus de 50% d’eau se perdent au niveau des réseaux de distribution. On en parle depuis des années mais il y a toujours ces pertes. Que fait donc la CWA pour réduire ces pertes ?

Parmi les projets de la CWA, figurent le remplacement des tuyaux défectueux et le remplacement de 50 000 compteurs d’eau défectueux. Ces travaux vont-ils dans le bon sens ?
En ce qui concerne la réduction des pertes en eau, il faut les réduire entre 25 et 50%. Il y a cinq ans environ, le gouvernement avait prêté main-forte à la CWA pour exécuter des travaux de remplacement de vieux réseaux. Il y avait un contrat à Rose-Hill. Je ne sais si ce contrat a été complété ou pas. Je ne pense pas puisque le problème d’eau à Rose-Hill est toujours existant. Combien de contrats ne sont ainsi pas complétés ? On ne réduira jamais les pertes en eau ainsi.
Si la CWA produit, disons 100 gallons d’eau et que 50 gallons se perdent en route, imaginez la quantité d’eau qui se perd en réalité. Et, toujours concernant la question de ressource, cela fait plus de cinq ans que l’on parle du barrage de Rivière-des-Anguilles ! On a pris 20 ans pour construire le barrage de Bagatelle, de sa conception à sa mise en opération. Il paraît que celui de Rivière-des-Anguilles connaîtra le même sort. Même si le barrage est prêt, disons dans cinq ans, ce sera cinq ans de plus que la région du Sud souffrira. Ce n’est pas donc seulement une question de changement climatique. Il faut qu’au niveau de l’exécution des travaux, il y ait de la mobilisation pour des ressources additionnelles.

Donc, si le 24/7 n’est pas une utopie, ce n’est pas pour demain non plus…
Ce n’est pas pour demain à cause d’un problème d’administration. Ce n’est pas drôle. Si on continue à tarder à mobiliser des ressources additionnelles, chaque année, en septembre et octobre, on sera en train de se poser la même question…

Le document Intended Nationally Determined Contributions for the Republic of Mauritius (2015-2030)”brosse un tableau alarmant pour les années qui allaient suivre, soulignant une baisse de 7,7% dans la pluviométrie dans le pays entre 2011-2020.
Moi, je ne fais pas trop attention à la pluviométrie. C’est la façon dont il pleut qui compte. Avant, on recevait 2 000 mm de pluies par an en moyenne. On n’a pas besoin de 2 000 mm pour remplir nos réservoirs. Cela dépend comment il a plu. Si ce sont des petites pluies en hiver, elles ne remplissent pas les réservoirs. Il nous faut des pluies estivales qui font ruisseler l’eau dans les rivières, lesquelles vont alimenter les réservoirs. Auparavant, on avait environ une vingtaine de crues par an. Aujourd’hui, on n’en a même pas cinq. Si on n’a pas de crue, les réservoirs ne se remplissent pas.

Quelles mesures sur le court terme pour dépanner les régions les plus affectées comme Rose-Hill, Flic-en-Flac entre autres ?
Flic-en-Flac, c’est Rivière-Noire. Le Bagatelle Dam alimente non seulement Port-Louis mais aussi les Plaines-Wilhems (Beau-Bassin, Rose-Hill, Quatre-Bornes).
Le barrage de Bagatelle soulage Mare-aux-Vacoas, qui contient plus d’eau à canaliser vers Rivière-Noire. Il y a donc un peu d’eau de Mare-aux-Vacoas qu’on aurait pu diriger à Flic-en-Flac. C’est toute une question d’opération. Après, il faut nécessairement réduire les pertes. Au lieu de faire ainsi, la CWA, si je ne me trompe pas, a fermé la Leak Detection Unit qui s’occupait des pertes à la CWA. Je ne comprends pas cette logique, et aujourd’hui nous en sommes toujours à répondre aux mêmes questions.

Quelles sont, pour vous, les vraies solutions à ce problème ?
Outre la réduction des pertes, il y a la construction des barrages en temps planifié. Or, là, on a déjà accumulé beaucoup de retard. Il faut accélérer la construction du barrage de Rivière-des-Anguilles. Dans le Nord, il y a toujours un manque de ressources. Le barrage de Calebasses était déjà planifié en 1996.
J’ai entendu parler de l’agrandissement de La Nicolière. Ce n’est certainement pas nécessaire puisqu’il n’y a pas d’eau de Grande-Rivière-Sud-Est pour remplir cette extension. En revanche, si on construisait le barrage de Calebasses, cela apporterait plus d’eau pour le nord. Mais si on prend encore 25 ans pour construire le barrage de Calebasses, on aura toujours le même scénario.

Et peut-être pire, avec les effets du changement climatique…
Avec le changement climatique, cela devient plus sévère, oui, mais si on s’y attelle dès maintenant, on pourra certainement soulager ces populations qui souffrent déjà. Il n’y a pas d’autre solution.

Le mot de la fin…
Je souhaite que les autorités fassent le nécessaire pour mobiliser des ressources additionnelles. Mais, quand on parle de mobilisation de ressources additionnelles, il faut réduire les pertes tout court. Oublions le dessalement qui coûte et qui n’est certainement pas à considérer pour le moment.

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