Trafic de drogue : Unanimité autour de la création d’un observatoire régional de la drogue

Pravind Jugnauth : « Ne laissez pas nos jeunes entre les mains de réseaux criminels, exploitant les plus faibles et les plus démunis »

- Publicité -

La lutte contre le trafic de drogue a pris une dimension régionale et internationale avec l’organisation hier d’une conférence à l’initiative du Premier ministre, Pravind Jugnauth, avec la coopération de la Commission de l’océan Indien (COI) et l’UNODC. Pas moins de 24 États, dont tous les pays de la région, y compris les membres de la COI et 26 organisations internationales, ont participé à ces délibérations. Les membres de la société civile ainsi que des Ong étaient également présents. La conférence a aussi bénéficié du partenariat de l’Union européenne, des Etats-Unis et des institutions, engagées dans la lutte contre la prolifération de drogue.

Animant un point de presse à l’issue de la conférence hier, le ministre des Affaires étrangères, Maneesh Gobin, a passé en revue la résolution adoptée par la conférence ministérielle. Il a fait état du consensus sur l’importance du Regional Strategic Partnership, selon lequel aucun pays ne pourra lutter seul contre le trafic de drogue. Dans cette perspective, il a cité en exemple le fait que Maurice dispose d’une zone économique maritime de 2,3 millions de kilomètres carrés, et les Seychelles, 1,3 million, dans cette partie de l’océan Indien. D’où l’importance du partager l’information et d’une coopération au niveau opérationnel.

Il a aussi été question de la création d’un observatoire régional de la drogue pour assurer la coordination, de sorte que les pays concernés, avec des partenaires éventuels, puissent intervenir contre les trafiquants, que ce soit contre le trafic de drogue ou toute autre activité illégale. Il a également été question de la nécessité de créer un réseau du National Drug Secretariat.

Le ministre des Affaires étrangères a indiqué que cette conférence ministérielle deviendra un Regular Feature afin d’assurer le suivi nécessaire et la mise en œuvre des décisions prises. Il a également annoncé qu’en marge de la conférence il y a eu événement consacré à la lutte contre le blanchiment d’argent, délit associé au trafic de drogue, entre autres. Le représentant de la COI, Raj Mohabeer, s’est appesanti les menaces que constitue le trafic de drogues pour la sécurité dans les pays de la région.

Dans son discours prononcé à l’ouverture de la conférence ministérielle hier, le Premier ministre a reconnu que la région africaine est confrontée à des défis graves et multiformes découlant de la distribution et de la consommation de drogues. « Alors qu’elle n’a été pendant de nombreuses années qu’un couloir de transit établi et témoin de flux de drogue intercontinentaux à grande échelle, la région est maintenant devenue un point de destination de la drogue, avec de plus en plus de personnes empêtrées dans le cercle vicieux de la consommation de drogue. Aujourd’hui, même nos mineurs ne sont pas épargnés par les trafiquants », trouve-t-il.

Il considère que le trafic et la consommation de drogues non seulement mettent en danger la santé et la vie des individus, mais qu’ils détruisent également les familles et menacent la tranquillité, la stabilité et la sécurité de la société et, en fin de compte, entravent le progrès et le développement d’une nation. « Nous n’allons pas laisser nos jeunes entre les mains de réseaux criminels, exploitant les plus faibles et les plus démunis », met en garde Pravind Jugnauth.

Passant en revue la situation dans le monde, il avance que sur les 296 millions consommateurs de drogues dans le monde en 2020, 60 millions se trouvaient en Afrique, où la prévalence de drogues était plus élevée parmi les jeunes. Il a estimé que « les gouvernements à travers le monde doivent se mobiliser contre les trafiquants de drogue pour empêcher que leur horrible entreprise se développe et prospère au prix de vies humaines ». Il a ensuite salué l’initiative des États-Unis de lancer la Coalition mondiale contre les drogues synthétiques. « Maurice est pleinement engagée dans l’initiative menée par les États-Unis et fait partie de la coalition », dit-il.

Evoquant la situation à Maurice, Pravind Jugnauth fait ressortir que « nous nous sommes engagés dans une guerre implacable contre les trafiquants et leurs complices ». Il indique ainsi que, depuis 2015, quelque 24 000 arrestations ont été opérées et des stupéfiants évalués à plus de Rs 15 milliards ont été saisis. Il a à nouveau lancé un avertissement aux trafiquants. « Ces marchands de la mort, quels qu’ils soient et où qu’ils se cachent, seront traqués avec détermination et sans crainte, et traduits en justice », devait-il prévenir.

Au chapitre de la Reduction of Harms, Maurice est le premier pays d’Afrique subsaharienne à avoir lancé un programme de traitement de substitution. Afin de faciliter l’accès des usagers aux services, une unité de lutte contre la toxicomanie a été créée dans chacun des cinq hôpitaux régionaux de l’île, dit-il. En outre, des services dédiés à la lutte contre la drogue ont été mis en place en faveur des mineurs et des adolescents, de même que pour les femmes.

Pravind Jugnauth a également abordé la décision de Maurice de mettre sur pied un comité administratif des usagers de drogues (DUAP) pour suivre un programme de traitement et de réhabilitation approprié, plutôt que d’être orientées directement vers le système de justice pénale. Le Premier ministre a conclu son intervention en annonçant que le gouvernement a sollicité la collaboration d’agences des Nations unies pour procéder à une évaluation indépendante des progrès accomplis et des nouveaux défis rencontrés afin de servir de base au prochain plan d’action.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -