Transition climatique : L’engagement du secteur privé crucial pour aller de l’avant

Sheila Ujoodha (MIoD), mettant en garde contre le « Greenwashing », plaide en faveur de structures d’incitation, de régimes fiscaux et de politiques réglementaires pour encourager l’ESG

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L’incertitude est à l’ordre du jour depuis le début de la pandémie et les acteurs économiques sont confrontés à des défis tant macro que micro-économiques partout à travers le monde. En outre, l’objectif Net Zero 2030 pour les émissions de gaz à effet de serre est plus proche que nous le pensons. L’adaptabilité est la compétence la plus recherchée pour atténuer les risques liés au changement climatique et favoriser le développement durable. D’où l’importance croissante que prend l’ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans la sphère du business. Le Mauritius Institute of Directors (MIoD) et CARE Ratings Africa ont organisé le tout premier sommet ESG de Maurice pour conscientiser le secteur privé sur ses responsabilités et ouvrir des perspectives plus larges sur ce changement de paradigme dans la façon de conduire les affaires. Toutes les entreprises doivent désormais s’aligner sur les piliers ESG pour ne pas devenir obsolètes. Plus de 170 dirigeants du secteur privé ont participé à ce sommet.

Najib Shah, président de CARE Ratings, et Sushmita Majumdar, Head CARE Advisory & Research chez CARE Ratings, ont insisté sur le fait que l’ESG est une composante fondamentale dans l’ensemble des stratégies pour les entreprises, allant de pair avec des services et des solutions favorisant l’excellence opérationnelle et le développement durable.
«La manière dont les entreprises gèrent les questions environnementales, sociales et de gouvernance, et les intègrent dans toutes leurs activités, est devenue une question essentielle pour les conseils d’administration. Les investisseurs, clients, prestataires, associations, législateurs et autorités réglementaires imposent de plus en plus d’actions ESG. Face à ces enjeux, les entreprises devraient renforcer leurs efforts en se concentrant notamment sur l’impact global et en répondant aux besoins de toutes les parties prenantes », souligne Sheila Ujoodha, Chief Executive Officer (CEO) du MIoD.

Composante essentielle de la notation de crédit
Saurav Chatterjee, CEO de CARE Edge Ratings Africa,  affirme : « réduire la température mondiale de 1,5 °C est une mesure pertinente dans le cadre du réchauffement climatique. Avec la COP 27 en marche, et avec la mise en  œuvre du cadre ESG à Maurice, il faut des solutions de financement innovantes pour atténuer les risques climatiques. » Il explique qu’il existe aujourd’hui un potentiel pour encourager le financement vert dans tous les secteurs d’activité.

Il s’appesantit également sur l’importance des facteurs ESG sur l’analyse de notation de crédit, à l’effet que la gouvernance a toujours été un pilier central de l’analyse de crédit . « L’intégrité de l’emprunteur, ses antécédents, son expérience, etc. sont toujours pris en considération. Sur les piliers E et S également, les risques tels que le risque de construction ou le risque d’emplois qui pourraient influencer la capacité des entreprises à honorer les obligations de dette sont toujours pris en compte », ajoute-t-il.

Ce sommet a permis à plusieurs entreprises de partager leur propre expérience et réalisations en matière de meilleures pratiques ESG, notamment le groupe Rogers, qui a porté la discussion sur le développement durable dans le secteur touristique, et le groupe Evaco, qui a discuté des paramètres et exigences en matière éthique, sociale et de gouvernance. Cim Financial Services, de son côté, a mis l’accent sur l’importance des obligations vertes dans le domaine financier.

Sheila Ujoodha dit sa fierté de l’engagement pris par Maurice de réduire ses émissions de gaz à effet de serre par 40% d’ici 2030, tout en insistant auprès des autorités sur le fait qu’il faudra « identify, fund and implement the most impactful projects in terms of greenhouse gas emissions and resilience in adapting to major climate vulnerabilities ». Tout en reconnaissant les efforts déjà déployés par les autorités favorisant le développement durable, elle plaide également en faveur de structures d’incitation, de régimes fiscaux et de politiques réglementaires, qui sont des éléments « essentiels » permettant au secteur privé d’atteindre les objectifs ESG.

ESG : pas un instrument de PR !
La CEO du MIoD met aussi le doigt sur un piège à éviter : « despite the concrete actions that have taken place, there is a real risk that ESG and the SDGs might solely be addressed as PR instrument. » C’est pour cela qu’elle insiste que toutes les parties prenantes, y compris les associations professionnelles et le ministère concerné, « doivent se réunir et se mettre d’accord sur la conformité afin d’éviter tout risque de greenwashing ».
Sheila Ujoodha en appelle à l’engagement du secteur privé, qui devra également injecter des capitaux pour déployer les mesures et stratégies ESG. Des efforts qui s’avèrent payants à long terme puisque les investisseurs internationaux accordent de plus en plus d’importance aux instruments et placements financiers débouchant sur des résultats concrets en matière de développement durable.

« Achieving the major increases needed in the amount of financing channeled through these instruments will require robust new frameworks for measurement, reporting and verification. Transparency will be a key challenge to avoid green sheen », dit-elle. Sheila Ujoodha affirme que le secteur privé à le pouvoir de transformer les choses et estime « crucial » de s’assurer de l’engagement des boards, actionnaires et autres opérateurs, afin de « move from the status quo to a new scenario ».

Mahen Seeruttun, ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, a expliqué que le National Committee of Corporate Governance travaille sur la conception et le développement d’un ESG Framework pour Maurice. Il a évoqué l’introduction de l’indice SEMSI par la Bourse de Maurice, qui « serves as a directory of companies that have passed the ESG Impact Test thereby assisting social investors in their search for responsible investment ».

Mahen Seeruttun a ajouté que même si les entreprises et le gouvernement « Go green », cela ne suffit pas, « car nous devons tous incarner les valeurs ESG dans nos vies personnelles », notamment en choisissant des modes de transport plus propres, en évitant de gaspiller la nourriture et en développant de bonnes habitudes. Il rappelle aux entreprises : « Organisations which evaluate their success against a measure broader than financial performance are attracting increasing attention from investors. »
Notons qu’après ce sommet, une série de formations axées sur l’ESG seront organisées afin de stimuler la réflexion autour de ce thème, pouvant aider à relier les objectifs de durabilité aux efforts quotidiens au sein de la communauté des affaires pour cheminer vers une économie à faible émission de carbone.

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