« Que les autorités se ressaisissent ! » C’est le cri d’alerte lancé par un collectif d’habitants de Goodlands. Ils tirent la sonnette d’alarme sur un projet de morcellement déjà entamé sur la colline de Mademoiselle Jeanne à Goodlands. Depuis le début des travaux en mai 2022 et face aux va-et-vient incessants et bruyants des camions de construction, ils ont décidé de prendre les choses en main. Inquiets, ils espèrent que les ministères concernés feront stopper les travaux, avant qu’il ne soit trop tard pour Mademoiselle Jeanne…
Elle n’en est pas à sa première sortie publique contre ce projet de morcellement, qui reste à ce jour anonyme. En effet, la plateforme citoyenne a tenu une première conférence de presse cette semaine, après avoir envoyé plusieurs correspondances aux autorités concernées. Et ce, depuis, le début des travaux en avril 2022. En janvier 2023, une cinquantaine de citoyens ont même signé une pétition pour faire stopper toute activité sur la colline de plus de 30 pieds de haut. Toutefois, face au silence des autorités, les citoyens ont décidé d’écrire au bureau du Premier ministre le 14 avril. Et deux mois après, soit le 8 juin, c’est finalement la National Development Unit (NDU) du ministère des Infrastructures publiques qui leur rendra une réponse pour le moins « aberrante », selon le porte-parole Ivor Tan Yan.
« Cette lettre envoyée (voir en photo) comporte plusieurs incohérences. Dans la première ligne de la lettre, la NDU précise que l’objet est : works on hill at Mademoiselle Jeanne, sauf que quelques lignes plus loin, ledit ministère écrit que “there is no more hill on the site !” » Une contradiction qui met un peu le feu aux poudres, selon Ivor Tan Yan, car soit les autorités reconnaissant qu’il y a colline, soit non ! De plus, depuis 2022, les habitants ont été témoins d’activités louches sur cette fameuse Mademoiselle Jeanne, avec notamment le va-et-vient de plusieurs véhicules de chantier enlevant de grosses quantités de roches, ce qui a laissé croire qu’il y avait bel et bien des activités de « rock quarrying » sur le site.
Des tonnes de roches enlevées depuis 2022
Néanmoins, malgré les lettres qui ont été précédemment envoyées notamment au ministère de l’Environnement, à la Santé et au District Council, entre autres, et la visite d’inspecteurs gouvernementaux sur le chantier, l’an dernier, il est précisé dans la récente réponse du ministère des Infrastructures publiques que « no rock-quarrying was being carried out, but land levelling works were observed on the site… » Une erreur de taille pour Ivor Tan Yan et les habitants de la localité, car selon eux, « si le ministère admettait qu’il y avait bien des activités d’extraction de roches, il aurait dû obligatoirement demander un permis d’Environmental Impact Assessment (EIA) au promoteur, sauf que là, il n’y a rien de tout cela. » De plus, les habitants soutiennent qu’aucun Public Notice n’avait été installé pour expliquer la nature des travaux sur la colline.
Les habitants ne démordront pas !
En outre, les habitants du quartier craignent pour la sécurité des lieux et redoutent surtout les risques d’inondation. « Ce sont des tonnes et des tonnes de roches qui sont enlevées du site, pour ce que les autorités appellent, elles, des travaux de nivellement… les habitants sont témoin de la destruction de la colline, qui réduit la surface d’absorption des eaux, et le comble c’est que ce n’est que maintenant que les autorités ont décidé de consulter la Land Drainage Authority pour faire une évaluation des risques d’inondation dans la zone. C’est d’ailleurs ce qui est indiqué dans la lettre reçue récemment », souligne Ivor Tan Yan. « On a vu la construction sur La Tourelle à Tamarin et ce que cela a donné lors des grosses pluies ! Les habitants ont peur d’être victimes eux aussi de tels éboulements. »
Par ailleurs, Ivor Tan Yan soutient que d’énormes trous de plus de trois mètres de profondeur ont été fouillés et que cela ne prédit rien de bon. « Il s’agit d’une colline qu’on est en train de creuser, de niveler, sans parler des arbres centenaires qui ont été abattus au vu et au su de tous. Ce n’est pas normal que quand un citoyen lambda souhaite abattre un arbre dans sa cour il doive alerter les Bois et Forêts, et quand il s’agit de grands promoteurs investissant des milliards dans la construction de morcellements, rien n’est dit ou fait ! » martèle Ivor Tan Yan. « La plateforme citoyenne de Goodlands s’oppose fermement à ces travaux et demande aux autorités de geler tous les permis de morcellement en cours. Le gouvernement doit commencer à agir responsablement. Ce n’est pas normal de laisser de telles choses se produire alors que depuis 2022, les habitants tentent de signaler ces abus de taille. »
Le collectif de citoyens de Goodlands compte aussi saisir la justice si leurs plaintes continuent d’être mises de côté. « Nous lançons aussi un appel aux citoyens pour qu’il y ait une prise de conscience autour de ce qui se passe à Goodlands. Les habitants de la localité ne démordront pas et continueront d’élever la voix jusqu’à ce que les actions correctes soient prises. L’on ne peut pas laisser les gens s’enrichir de la sorte. D’ailleurs, que sont devenues ces roches qui ont été enlevées ? » s’interroge Ivor Tan Yan.
Affaire à suivre…