Trianon Convention Center : L’exubérant D’Jal tacle les politiciens avec humour

L’humoriste marocain D’Jal s’est lâché sur la scène du Trianon Convention Center, avec la gnaque qui le caractérise. Un humour quelque peu salace, mais qu’il ne considère pas dérangeant. Puisque D’Jal sait jouer avec les mots. Le spectateur est tellement pris dans un tourbillon du rire que toute règle de bienséance vole en éclats. L’humoriste en profite pour décortiquer Maurice à sa manière et dans son viseur, il tacle les politiciens avec une pointe d’humour avant de clore son spectacle sur le rythme d’un bon séga de chez nous.

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Il l’avait dit à la conférence au Lux Grand-Baie, mercredi, soit deux jours avant son spectacle, qu’il repartirait de Maurice, le cœur mauricien. À tel point, qu’il s’est imprégné de notre île, à commencer par notre langue kreol dont il s’est inspiré pour ses blagues. D’Jal est même parti à la découverte de nos cancrelats, courpas tout en riant du fait de n’avoir jamais vu un peuple aussi cool que les Mauriciens qui avancent à leur propre rythme, dans une île où il ne se passe jamais rien.

L’accent mauricien, D’Jal se l’approprie à la perfection, tout en évoquant la lenteur des Mauriciens. « Cela fait deux ans que vous êtes confinés et vous ne vous êtes même pas rendu compte. Même le volcan mauricien n’est pas mort, il est en train de dormir. Quant aux dodos, ils ne sont pas en extinction, ils sont dans vos administrations, ils dorment tous. » Mieux encore : « Je n’ai jamais vu de policiers avec des ventres aussi rebondis de toute ma vie, mais comment font-ils pour attraper les voleurs ? Votre métro, mon pote y va, et j’arrive avant lui, à pieds. Tout est cool chez vous, relaxe, à votre rythme. »

Avec plus de 20 millions de vues sur YouTube, D’Jal a cette particularité de pouvoir reprendre l’accent du pays hôte qui l’héberge pour ses spectacles. Il a cartonné avec son accent portugais et son « houloucoptère » en France. Ses spectacles, il les écrit, « à cœur ouvert » dans le pays où il se produit. Avec son accent assez marqué, tout semble réussir à cet humoriste qui sait jongler avec les mots, facilitant ainsi son intégration sur la scène comme cela a été le cas au Trianon Convention Center, vendredi soir. Le rire, c’est comme une pulsion du cœur pour lui, une thérapie. D »où son métier pour mettre du baume à l’âme.

L’humoriste était visiblement dans son élément, il a tout décortiqué et son rire était contagieux. Sur sa feuille, il a noté des points, histoire de ne rien oublier. Dans son viseur, le Parti Malin qui, dit-il, pourrait se prendre en selfie sous toutes les coutures tant ses prestations l’ont inspiré, dit l’humoriste. D’un de nos politiciens, il dira ne pas trop comprendre le mot « BLD » dont on lui a parlé. Pendant deux heures sur la scène, D’Jal exploite les divers aspects de notre île dont il fait un humour caricatural sans grande méchanceté, juste pour rire comme entre deux potes de beuverie.

Le spectacle de D’Jal est aussi axé sur sa vie, ses origines marocaines. Car chez D’Jal, il y a une forme d’authenticité. Même quand il fait le portrait de son père et l’égratigne sans vergogne, en comparant sa tronche « à un moche qui pue de la bouche », fait état des regrets de sa mère qui aurait préféré « voir crever » son père. De ses coups de baffes reçus en plein visage par ce même père qui n’a pas hésité à le pendre tête en bas et pieds attachés pour s’être mal comporté. À un certain moment, on sent chez lui la blessure d’un écorché vif pris dans un étau paternel dont il voudrait se libérer. On lui en voudrait aussi de ses propos déplacés vis-à-vis de son père.

Mais, quand il parle du cancer de sa mère, non sans laisser glisser une petite larme auprès de certains spectateurs à laquelle sont sensibles les spectateurs, en particulier ceux dont les proches ont été touchés par cette maladie, on arrive mieux à cerner D’Jal. Surtout lorsqu’il clôt le chapitre parental en insistant sur le fait qu’il ne faut jamais oublier de dire à ses parents qu’on les aime. Il y a alors un sursaut d’émotion.

L’artiste poursuit en disant qu’on a tous une date de péremption sur terre. « Ma mère a survécu à son cancer, à sa chimio. Mais mon père, lui, est décédé il y a deux ans. Comme il aurait été heureux de voir votre île, car malgré son mauvais caractère, il ne laissait jamais quelqu’un dormir dans la rue. Il y avait toujours une chambre d’hôte pour un Patrick, une Véronique. Ma mère disait de lui qu’il était moche de l’extérieur, mais beau de l’intérieur. De là-haut où tu es, je te dis je t’aime papa. »

Du coup, malgré ses propos quelque peu salaces par moments au cours de son spectacle, D’Jal parvient à se faire une place dans le cœur des Mauriciens. Il a cet art d’évoquer des thèmes en les dédramatisant et en provoquant le rire sur son passage.

Au final, D’Jal a laissé son empreinte d’humoriste drôle et touchant, avec un jeu inné, une spontanéité et une sincérité qui le caractérisent. Un show qui fera date car Titanium Events Club à travers son organisateur, Moshin Moosa a permis aux spectateurs d’assister à un spectacle d’envergure internationale.

D’Jal permet de se ressourcer à travers une bonne dose d’humour. Ne dit-on pas que le rire est la meilleure thérapie, le médicament miracle ? Vivement que d’autres artistes emboîtent le pas à D’Jal. Comme dirait l’anglais, the show must go on.

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