Triplés décédés en avril dernier : un Noel pas dutout comme ils l’espéraient

 Pour honorer la mémoire de leurs enfants, Anaïs et Gary Antoine ont procédé à un lâcher de lanternes volantes

n Ce 25 décembre, Anaïs Antoine l’attendait depuis un an. L’année dernière, à cette époque, elle venait d’apprendre qu’elle était enceinte. Et même si elle avait quelques vomissements, elle se disait que le Noël suivant « j’achèterais tout plein de cadeaux. Nous aurons un sapin gigantesque naturel et nous fêterons Noël à la maison. Nous ne serons plus un couple mais une famille et nous partagerons un repas de Noël pour la première fois, en famille… » Mais ce souhait s’est transformé en mauvais rêve aujourd’hui. « Rien de tout cela n’est arrivé. Je vis un cauchemar », dit-elle. Un cauchemar qui a démarré en avril dernier, lorsqu’elle a perdu ses trois bébés à l’accouchement. Un cauchemar ravivé encore plus il y a quelques jours, lorsqu’elle et son mari, Gary, ont appris que l’enquête initiée par le National Medical Standing Committee (NMSC) suivant leur plainte contre le gynécologue et l’hôpital de Rose-Belle n’a pas trouvé que le traumatisme subi par Anaïs lors de son séjour à l’hôpital relève d’une négligence médicale.

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Ils devaient s’appeler Slimane, Alyana et Ki-Mani. Ce sont les prénoms qu’Anaïs et Gary Antoine, un jeune couple originaire de Tyack, avaient choisis pour leurs triplés qui n’ont malheureusement pas survécu. Ce premier Noël sans leurs bébés, qui auraient eu huit mois en cette fin d’année, n’a aucun sens pour ce couple qui se faisait une joie de devenir parents. Huit mois après le décès de leurs triplés, si tout le monde semble avoir déjà oublié, pour Anaïs et Gary, la douleur est encore vive. Surtout à l’approche des fêtes. Et davantage pour ce Noël qu’ils avaient déjà imaginé plein de joie, avec les gazouillis de leurs petits, heureux des nombreux cadeaux qu’ils leur auraient offerts. Anaïs et Gary avaient déjà imaginé qu’ils offriraient pour le premier Noël de leurs enfants un circuit de train qu’ils auraient aménagé autour de leur berceau…

« Nous étions impatients de l’arrivée de nos enfants et nous avions tant de fois durant ma grossesse imaginé notre premier Noël en famille… Ce rêve ne se réalisera jamais… Cette année, il n’y aura pas d’enfant avec qui ouvrir les cadeaux », dit Anaïs, le regard perdu dans le vide. Depuis avril dernier, la jeune femme de 24 ans n’est plus la même. « Quelque chose en moi s’est brisé », dit-elle, pensant à ses triplés qu’on n’a pu sauver. Et si pour de nombreuses familles cette période est synonyme de réjouissances, Anaïs et Gary, eux, n’ont pas le cœur à la fête. « Nous n’avons pas envie de cette fête. Les illuminations dans les rues et les vitrines regorgeant de cadeaux nous paraissaient indécentes et tellement surréalistes. Il y a une douleur atroce au fond de nous », disent-ils, ressentant la perte et l’absence de leurs triplés intensément. « Des fois, et cela sans jalousie aucune, voir les enfants avec leurs parents nous afflige. Imaginez ce que c’est en cette période », disent-ils. « En ce jour de Noël, la sensation douloureuse de manque est plus que jamais présente. Ainsi que le sentiment d’être seuls », confie le jeune couple.

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Hier, le couple s’est rendu au cimetière pour honorer la mémoire de leurs enfants. Mais Anaïs n’a pas eu le courage de descendre de la voiture pour se rendre sur leur tombe. C’est Gary qui a été déposé les fleurs. « C’était très difficile, j’étais en pleurs dans la voiture, car je pensais énormément à mes enfants qui ne sont pas avec moi en ce jour de fête », confie la jeune femme. Ce qui la console, c’est le soutien de la famille qui, chacun à sa façon, tente d’alléger la douleur du couple. Récemment, le père de Gary a aménagé la tombe des enfants, raconte Anaïs. Et il y a apposé une croix. « Cela nous touche que les autres aussi n’oublient pas », dit-elle. D’ailleurs, tous ont compris et accepté que le couple ne souhaite pas célébrer Noël cette année.

Ainsi, outre du cimetière hier, le jeune couple a tenu à honorer la mémoire des bébés le soir du réveillon. S’ils n’ont pu célébrer Noël en famille comme ils le voulaient, Anaïs et Gary ont procédé à un lâcher de lanternes volantes — deux bleues et une rose —en hommage à leurs bébés. « Pour leur dire qu’on pense à eux, qu’ils sont dans nos cœurs et qu’on aurait voulu qu’ils soient avec nous pour cette fête où les enfants sont dans la joie. Et surtout pour leur dire que nous ne les oublions pas », explique Anaïs.

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Oublier, c’est loin d’être le cas pour Anaïs et Gary, qui revivent ces durs moments d’avril 2021 lorsqu’ils ont perdu d’abord le petit Slimane, mort-né, puis deux jours plus tard la petite Alyana, et quatre jours après le petit Ki-Mani. Pourtant, malgré l’expérience traumatisante vécue par le couple et plus particulièrement Anaïs — comme raconté dans l’édition de Week-End du 18 juillet dernier, trois mois après ses accouchements frappants, Anaïs a eu le courage d’en parler suivant le témoignage de Virginie Quirin dont le bébé, Émilie, a été sauvé de justesse à l’hôpital de Rose-Belle —, le National Medical Standing Committee (NMSC) estime qu’il n’y a pas eu de négligence médicale dans ce cas.

C’est du moins ce que le secrétaire du NMSC a confié à Anaïs qui, souhaitant savoir comment progressait l’enquête entourant sa plainte, a téléphoné il y a deux semaines à l’organisme. Ce que ni Gary ni Anaïs ne comprennent, car pour le couple, « il y a tellement eu de manquements que ce qui est dit nous paraît grotesque. » « Je n’ai rien inventé. Je ne peux accepter un tel rapport », dit Anaïs, estimant que sa déposition devant le comité n’a finalement pas servi. « Du début à la fin, il y a eu des manquements », insiste Anaïs, se remémorant le curetage qu’elle a dû subir une semaine après sa décharge de l’hôpital, son curetage à l’hôpital après ses accouchements n’ayant pas été fait comme il le faut. « J’aurais pu mourir », dit-elle.

Mourir, elle aurait pu également lorsqu’elle a été livrée a elle-même toute une soirée alors qu’elle avait des douleurs atroces avant qu’elle n’apprenne le lendemain qu’un de ses bébés, le petit Slimane, le premier, était décédé en elle. Chaque jour qui passe Anaïs revit ses moments traumatisants. « Personne ne peut comprendre la douleur que je ressens. Perdre un enfant ce n’est pas facile, nous nous étions dit, OK, il faut accepter que le premier parte. Puis il y a eu Alyana et quatre jours plus tard Ki-Mani. C’est atroce d’y penser. Mes enfants auraient dû être avec moi pour ce Noël », dit-elle les larmes aux yeux.

Que le rapport préliminaire dise qu’il n’y a pas eu de négligence est inacceptable, dit la jeune femme. « J’ai fait confiance. Je me suis livrée devant ce comité. Mais je réalise qu’ils n’ont pas fait l’analyse point par point par rapport à mon statement, mais ont opté plutôt pour imputer la faute des trois drames que j’ai vécu sur la naissance prématurée. Aujourd’hui, je me sens trahie », dit-elle. Dépité des conclusions du rapport préliminaire du NMSC, le couple ne compte pas baisser les bras. « Il faut que nous sachions ce qui s’est passé. Et pour nous, la vérité c’est qu’il y a eu des manquements à plusieurs niveaux », disent Anaïs et Gary, qui pensent entamer des poursuites.

 

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