Une matinée dans la zone rouge : Une ambiance surréaliste

C’est sous une pluie battante que les habitants des circonscriptions 15, 16 et 17 ont démarré leur semaine hier. Pour peu que cela les freine à sortir, c’est le décret de confinement qui a contraint les gens à rester chez eux. Dans les rues dessertes, l’ambiance est assurément surréaliste.

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En ce lundi matin, nous avons pris place dans la voiture d’un “strictly confined”, histoire de faire un tour au sein de ces circonscriptions, dans la zone rouge, de Vacoas en direction de Curepipe. Il est 8h et le temps est maussade. Les commerces sont fermés. Une atmosphère surréaliste. Pas une âme qui bouge. De rares véhicules prennent la direction du centre-ville, mais roulent à travers une ville fantôme. Rues désertes, commerces et lieux publics fermés… Les trois circonscriptions sont barricadées. S’il est possible de se déplacer à l’intérieur de la ville, impossible en revanche d’en sortir, sauf pour ceux qui détiennent leur Work Access Permit (WAP). Et pour cause : les principaux Clusters proviennent de ces régions. D’ailleurs, à Forest-Side, le premier barrage policier que l’on visite illustre bien la sévérité de la surveillance au sein de la zone rouge.

Courtoisie des forces de l’ordre

Les policiers, masques et gants bien ajustés, sont courtois et demandent gentiment à chaque automobiliste de s’arrêter. Ils confient qu’ils opèrent 24/24h, selon un “shift system”. Toutefois, peut-être en raison de la pluie, la vérification du WAP se fait à la vitesse de l’éclair. Pour ce deuxième “lockdown”, le scanneur de vérification du QR Code avec les téléphones portables des automobilistes sur lequel est inscrit le WAP n’est pas de rigueur. Juste un coup d’œil rapide sur le sésame et la confiance dans le regard. Parfois, une autre preuve d’identité est exigée.

À La Marie, quelques planteurs s’affairent dans leur champ et ont installé un étal pour exposer leurs légumes. À notre vue, l’un d’entre eux, une femme mouillée jusqu’aux os, lève la main et s’approche. « Ou pe tir foto ? » demande-t-elle. Et sans attendre notre réponse, elle lance : « Foto, pa foto, nou, nou bizin travay. Premier minis-la li pe asize dan so lakaz. Tou vinn divan li. Nou, nou bizin gagn nou lavi. » Aussitôt, elle tourne les talons et se remet à l’ouvrage « brède, chouchou… ».

Plus loin, de Robinson aux Casernes, Curepipe, le temps semble s’être arrêté. Personne sur les routes à cette heure matinale. La Route du Jardin est aussi déserte. Toutefois, devant le supermarché Intermart, une trentaine de personnes, masques bien ajustés sur le visage, font la queue. Ceux de derrière arborent le parapluie, mauvais temps oblige. La distanciation sociale est bien respectée et la patience, de mise.

Cependant, la Curepipe Road, elle, est desserte. Pas un chat à l’horizon. Si les banques ont rouvert aujourd’hui, peu s’y pressent. L’averse matinale a sans doute dissuadé les clients. Quant aux policiers, ils s’affairent aux portes pour laisser passer une à une les rares personnes sorties pour des démarches bancaires.

Ville cadenassée

La place à la rue Chasteauneuf est vide. Pas de monde, pas un véhicule. Même pas un taxi. Rien d’étonnant cependant, car les autobus ne circulent pas et les gens non plus. D’ailleurs, la gare de Curepipe est totalement abandonnée. Tous les autobus sont au garage, à l’exception de ceux la CNT, qui attendent au niveau de la municipalité de Curepipe pour transporter les employés municipaux vers les centres de vaccination.

Le marché de Curepipe, qui était il y a une semaine à peine une ruche grouillant de monde, est désertique en ce lundi matin. Les travaux du métro, à côté, sont à l’arrêt. Le chantier est cadenassé. Un mot décidément à la mode, tout comme la ville.

Puis c’est la descente vers Vacoas. Si quelques rares personnes se rendent aux supermarchés et à la pharmacie, elles sont un peu plus nombreuses au niveau de Floréal, plus précisément à la Clinique Darné. Le parking bondé en témoigne. Et d’une pour les consultations habituelles et les visites aux malades, et de deux pour la vaccination anti-Covid. Un centre de vaccination de fortune a été installé dans la cour de la clinique, à l’entrée, pour accueillir les volontaires. Et ici, ils sont nombreux… et motivés. D’autant que le préposé cosmonaute est convaincant !

Retour réconfortant à la maison

La route vers Vacoas en ce lundi matin est totalement libre. Au niveau de Riverwalk, pas d’âme qui vive également. Ni Paul, Ni Navin.. encore moins Pravind. Toutefois, du côté de l’hôpital ENT, le centre de soins du Covid, les lumières allumées en cette matinée sombre témoignent d’une activité bouillonnante. Plus loin, quelques autobus en stationnement devant un site des 10e Jeux des Îles indiquent un mouvement continu. Ce sont notamment des employés de la municipalité de Vacoas, cette fois, qui ont été transportés au gymnase Pandit Sahadeo pour leur vaccin. On n’est pas admis à l’intérieur, malgré le WAP, la carte de presse et le NIC… L’appareil photo gênerait-il ?

À 9h, le centre-ville, lui, est totalement vide. Même les banques sont encore closes. Juste une pharmacie est ouverte… Pour trouver un peu de mouvement, il faut se rendre à La Caverne, au niveau du plus vieux supermarché de la ville, où la file d’attente s’allonge. La cité semble toutefois encore endormie. Sauf, çà et là, où quelques marchands de fruits et légumes, proches des résidences, approvisionnent les riverains. Pour le reste, ces derniers attendent leur jour de sortie. Mais la plupart d’entre eux préfèrent se terrer à la maison et rester confiné à l’intérieur en vaquant à ses occupations habituelles ou à regarder la télé, dont les images qui “freezed” avec le mauvais temps ajoutent au désarroi de ce virus maudit, qui nous contraint à rester en zone rouge… Rouge ou Orange ?

Le retour à la maison est un peu plus réconfortant et rassurant. Un camion spécialisé ramasse les ordures posées depuis avant-hier soir le long du chemin où nous habitons. Une bonne nouvelle, car avec la pluie, ce sont les mauvaises odeurs qui auraient pourri l’atmosphère. Encore dix jours à attendre ! Nous aimerions tant retrouver nos bureaux… qui nous manquent tellement !

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