Fin tragique pour Jeff, un bouledogue français de deux ans, qui venait de France le 18 décembre dernier. Alors que sa maîtresse rêvait d’escapades sur les plages de l’île, Jeff aura finalement succombé dans le camion de quarantaine qui a longtemps attendu sur le parking de l’aéroport sous un soleil de plomb avant d’être emmener aux services vétérinaires de Réduit. Ravagée par cette perte terrible, sa maîtresse, Manon de Ravel, crie à la négligence de la part des vétérinaires du service et envisage d’initier une action en justice.
C’est sur une page du réseau social Facebook dédiée à Jeff que Manon de Ravel, une Mauricienne revenant de France, évoque cette tragédie. Intitulée “RIP Jeff, victime de négligence à la quarantaine de Maurice”, cette page revient sur les circonstances ayant entraîné la mort du bouledogue. “Le 10 janvier 2013, mon bébé Jeff ouvrait les yeux pour la première fois. À cause de personnes cruelles et sans coeur, il a fermé les yeux pour toujours le vendredi 18 décembre 2015 dans d’atroces souffrances”, écrit Manon de Ravel. Elle témoigne que son bouledogue a été “sauvagement laissé dans un camion au soleil (après 12h d’avion en provenance de Paris, où il faisait 4° à leur départ) jusqu’à ce que mort s’ensuive.”
Pensant que le plus dur était passé avec le stress qu’occasionne un si long voyage, la jeune femme demande au vétérinaire en charge d’avoir la gentillesse d’ouvrir les cages pour qu’elle puisse enlever les petits manteaux de ses chiens et leur donner à boire car après tant d’heures de vol, l’attente des valises et la chaleur, ils devaient avoir très soif. “Non, ou pas kapav ouver zotte lacaz, ou bizin attane nou mette zotte en quarantaine!”, lui lance le vétérinaire sur un ton teinté d’arrogance et de mépris. Choquée mais s’inquiétant pour son bouledogue et son Yorkshire terrier Hakira, aussi du voyage, Manon de Ravel fait fi de ces interdictions et ouvre la cage pour leur enlever leurs manteaux et leur donner à boire.
Arrive, ensuite, le camion recouvert d’une bâche verte devant les diriger vers Réduit pour la période de quarantaine. Contrairement à ce qu’elle pense, Manon ne pourra pas faire le trajet dans le camion avec eux. Pour cause, selon elle, le camion devait attendre un autre avion. “Ou vini 4h pou get zot Réduit”, lance le vétérinaire.
Confiante, écrit-elle, de laisser ses chiens à une personne “responsable, diplômée en médecine vétérinaire et ayant de l’amour pour les animaux ainsi qu’une conscience professionnelle”, elle prend la route, le coeur brisé et la gorge serrée.
Dernier calin à Jeff
Comme promis, le chauffeur du camion appela Manon pour la prévenir que son camion venait de quitter l’enceinte de l’aéroport pour Réduit. Il était alors 15h. “À 16h, nous étions avec ma maman et son compagnon, le coeur en joie et l’excitation de le voir. J’ai demandé à ma mère d’appeler pour prévenir qu’on arrivait, et là, tout ce qu’ils disent au téléphone c’est il y a un problème”, se rappelle-t-elle douloureusement.
Et d’ajouter : “Jeff était mort dans sa cage. Une vague d’angoisse m’envahit et j’ai lâché un cri de désespoir en voyant que ses petits yeux étaient fermés, son petit corps déjà dur avec cette odeur de pourri qu’il dégageait.”
Une autopsie a été pratiquée au Animal Health Laboratory de Réduit, le lundi 21 décembre dernier, en présence du Dr Bourdet et du Dr Ruhee, vétérinaires du privé engagés par la famille De Ravel. Alors que le Dr Bourdet a, selon Manon, diagnostiqué un oedème cérébral dû à la chaleur, le service du ministère a attribué la cause du décès à une gastrite sévère (inflammation de l’estomac) et d’entérite sévère (inflammation de l’intestin). Contacté par Week-End, le Principal Agricultural Officer, refusant de prendre nos appels, le Dr Meenowa a fait parvenir par courriel, via l’attaché de presse, que “La cause du décès sera établie après réception du rapport histo-pathologique suite aux échantillons prelevés sur le cerveau. Lequel devra se dérouler en Afrique du Sud à la demande et aux frais de la maîtresse.” Sauf que, soutient le Dr Meenowa, cette dernière ne s’est pas encore présentée pour récupérer les échantillons. Manon de Ravel soutient, pour sa part, que son vétérinaire “a déjà un échantillon” et qu’elle “ne veut plus rien à voir avec le service vétérinaire du ministère.”
Selon elle, la mort du bouledogue a été provoquée car le service vétérinaire a laissé ses deux chiens dans le camion sous cette bâche en plein soleil, à 30° à l’extérieur, dans le parking de l’aéroport de Plaisance.
Une affirmation que conteste viogoureusement le Dr Meenowa qui souligne que, selon le rapport de son Divisonal Veterinary Officer qui était chargé de l’enquête interne, “le véhicule n’a pas été placé sous un soleil ardent dans le parking de l’aéroport. La maîtresse des chiens n’était pas présente à cette heure et il est évident qu’elle a imaginé la pire des scénarios.” Ce que dément Manon car bien qu’elle ne soit pas restée jusqu’à 15h, elle affirme avoir bien vu le camion au soleil.
Témoignage bouleversant
L’histoire de Jeff a bouleversé les adeptes de ce réseau social si bien que plusieurs personnes ont témoigné de la mort de leurs animaux alors placés sous la responsabilité du service de quarantaine du ministère de tutelle. Interrogé à ce propos, le Dr Meenowa a esquivé la question, faisant seulement ressortir que depuis 2010 à ce jour, 761 animaux sont arrivés à Maurice.
Selon le Dr Meenowa, la mort de Jeff a été constaté par le stockman vers 16h20 à Réduit lors du transfert du camion à la quarantaine. Les animaux sont, dit-il, normalement hydratés à leur descente d’avion mais dans le cas de Jeff, il a été hydraté par sa maîtresse sous la supervision du vétérinaire sur place.
À ce stade, le rapport du Divisional Veterinary Officer a été adressé au ministère de tutelle. A leur connaissane, aucune enquête a été initiée. Le Dr Meenowa confirme que l’accord a été donné vers 12h30/13h et que le camion a quitté l’aéroport vers 15h après avoir embarqué un autre chien.
Cinq jours minimum en quarantaine
Tout animal ayant un permis d’importation valide ainsi que tous les certificats vétérniares y relatifs sont autorisés à atterrir sur le sol mauricien. Il est examiné par un vétérinaire avant d’être transféré à la quarantaine pour une période de cinq jours minimum pour les pays qui sont connus comme n’étant pas touché par la rage. Au cas contraire, l’animal est placé en quarantaine pour 30 jours mininum. Pendant cette période, le maître peut visiter et nourrir son animal de 9h à 14h30 les samedis et en jours de semaine, et de 9h à 11h les dimanches et congés publics. Le stockman des niches nourrit et hydrate l’animal tous les jours sur instruction du maître. Il nettoie et désinfecte par ailleurs la niche. Un vétérinaire visite la niche tous les jours et rapporte s’il y a un fait anormal au responsable de la division.
Quant à Manon de Ravel, elle est déterminée à rendre justice à son bouledogue Jeff qui, dit-elle, est demeurée à ses côtés durant ses études en France. “J’ai fait le choix de ne pas laisser en vain ce qui est arrivé à mon bouledogue français et donc de prendre les dispositions nécessaires pour que justice soit faite et aussi pour que plus jamais, il n’y ait de maltraitance envers d’autres animaux que l’on aime sincèrement et qui nous le rendent au centuple”, écrit celle qui veut se battre pour qu’il y ait de meilleures conditions de prise en charge à l’aéroport par des personnes travaillant par vocation. Et de poursuivre: “Pour que Jeff ne soit pas mort dans d’atroces souffrances pour rien.” Elle attend les instructions de ses hommes de loi avant d’initier une action en Cour.
VENANT DE FRANCE : Le bouledogue d’une mauricienne trouve la mort
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