VIE PRIVÉE, VIE PUBLIQUE, ENFANT CACHÉ : La CEDH donne raison à “Paris Match” contre Albert de Monaco

Condamné à trois reprises en France pour atteinte à la vie privée, dans l’affaire de l’enfant caché du prince Albert de Monaco qu’il avait révélé en 2005, Paris Match vient d’obtenir gain de cause auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH). « Il y avait un intérêt légitime du public à connaître l’existence de cet enfant et à pouvoir débattre de ses conséquences éventuelles sur la vie politique de la principauté de Monaco », ont estimé les juges européens, concluant que la condamnation du magazine avait constitué une violation de sa liberté d’expression. Ce jugement a été chaudement accueilli par les médias français qui y voient un bouleversement dans “le rapport de force entre célébrités et presse peuple”.
C’est en 2005 que Paris Matchréalise son scoop en publiant des photos de l’enfant prénommé Alexandre, né en août 2003, qu’a eu le prince Albert de Monaco avec une hôtesse de l’air, Nicole Coste, une Française d’origine togolaise avec qui il avait entretenu une longue liaison secrète. Le prince avait bien essayé d’en interdire la publication mais le magazine avait passé outre à cet espèce de gagging order verbal pour aller de l’avant avec son récit exclusif avec photos du monarque et de son rejeton caché à l’appui. Le prince avait, après cette publication, été contraint de reconnaître officiellement l’enfant en juillet 2005.
Poursuivi par le Rocher, Paris Matchavait été condamné trois fois, la première en référé à Nanterre le 29 juin 2005, en Cour d’appel à Versailles en novembre 2005 et en Cour de cassation. Or, la CEDH a, cette semaine, statué que “ces condamnations par la justice française contreviennent à l’article 10 de la Convention européenne des Droits de l’Homme sur la liberté d’expression”. Elle les considère comme “abusives”.
Une affaire très symbolique
La CEDH a relevé que l’existence de cet enfant revêtait une “importance politique”, quand bien même le jeune Alexandre, en l’état actuel de la Constitution monégasque, ne peut prétendre succéder à son père. Cette instance judiciaire européenne n’a pas manqué de souligner que les mêmes articles publiés en Allemagne, entre autres, n’avaient entraîné aucune condamnation.
Paris Matcha d’ailleurs salué un arrêt “extrêmement important” dont il a estimé qu’il ferait jurisprudence. “C’est une affaire très symbolique”, a commenté Olivier Royant, directeur de la rédaction, tandis que Me Marie-Christine de Percin, l’avocate du magazine a, elle, déclaré que ce jugement “promet plus de liberté dans la divulgation d’informations sur les affaires privées des dirigeants”.
Alexandre n’est pas le seul enfant caché du Prince Albert de Monaco. Il est aussi père d’une fille du nom de Jazmin Grace, née en 1992 et reconnue en juin 2006. C’est le fruit apparemment d’une brève liaison entretenue avec une ex-serveuse de Californie.
L’affaire du Prince de Monaco rejoint celle qui avait défrayé la chronique en Angleterre l’année dernière. La Haute Cour de Londres avait, dans une affaire qui opposait la maîtresse du maire de Londres Boris Johnson, qui ont eu un infant ensemble, au Daily Mail. Les juges Tomlinson et Ryder avaient, le 20 mai, observé que “the core information in this story, namely that the father (Boris Johnson) had an adulterous affair with the mother, deceiving both his wife and the mother’s partner and that the claimant born about nine months later, was likely to be the father’s child, was a public interest matter which the electorate was entitled to know when considering his fitness for high public office”.

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