VIOLET DESALLES: La « Ti miss » de Case-Noyale

Il aura suffi qu’une femme déterminée rencontre un couple disposé à s’investir pour concrétiser un beau projet. La femme déterminée s’appelle Violet Desalles et habite dans le sud de l’île, le couple disposé à s’investir réside dans la ville de Daumont, en France. Ils se sont rencontrés grâce à une tierce personne, qui tient à garder l’anonymat. Cette rencontre a permis d’ouvrir le Day Care Centre AIME de Case-Noyale. L’unique garderie entre Case-Noyale et Cotteau Raffin, dont voici l’histoire à travers le portrait de sa fondatrice.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Violet Desalles a toujours aimé les petits enfants et a voulu jouer à la « miss ti lekol ». C’est donc tout naturellement qu’après ses études secondaires, cette habitante de Case-Noyale ouvre donc « ene ti lekol « , l’ancêtre des écoles maternelles mauriciennes. A l’époque, les « ti lekol » — qui faisaient plus garderie qu’école pour les touts petits, qu’on gardaient depuis le berceau jusqu’à l’entrée en école primaire — étaient organisées sous une varangue ou dans un garage. Et les enseignantes — les Miss ti lekol, par opposition aux Miss grand lekol, employées par le gouvernement — avaient beaucoup plus de bonne volonté et de vocation que de formation pédagogique. A cette époque on vivait dans des familles élargies à Maurice et le problème de surveiller les tous petits ne se posait pas. Il y avait toujours une grand-mère, une tante ou une cousine pour s’occuper des touts petits dont les mamans travaillaient. Ce qui n’était pas chose courante. « Quand j’ai ouvert mon école, c’était la première et la seule entre Case-Noyale et le Morne. J’avais surtout pour élèves les enfants des pêcheurs et des laboureurs des propriétés, c’est-à-dire la majorités des habitants de la région. C’est-à-dire aussi des gens pauvres a qui on faisait payer deux roupies cinquante par mois par enfant comme écolage !  » Avec les moyens de bord, Violet va donc faire grandir son école et ses petits élèves tout en s’occupant de son fils unique, Stephano, et ce en dépit du fait que pendant un temps elle habitait Rose-Hill.
A partir de 1975, avec la création l’Organisation Mauricienne des Ecoles Pre Primaires, (L’OMEP) puis d’une section spécialisée du ministère de l’Education, le Pre Primary Unit, Violet, comme des centaines de Miss ti lekol à travers le pays, va acquérir des formations pédagogiques. Des certificats aussi. En même temps, des structures pour transformer les ti lekols en véritables écoles maternelles sont mises en place au niveau national. « J’ai vu passer des centaines d’enfants dans ma petite école et malgré ce qu’on pense généralement de notre région, certains ont bien réussi dans la vie. Au fur et à mesure, j’ai pu améliorer le service, faire appel à des enseignantes qualifiées et obtenir les aides nécessaires pour installer l’école dans un bâtiment de la Sugar Industry Labour Welfare Fund à côté du centre social de Case-Noyale. » Aujourd’hui cette école est remplie avec 65 pensionnaires. Au fil du temps, l’école maternelle de Cas- Noyale devient un élément indispensable dans la vie communautaire de la région qui commence à se développer. C’est l’unique école-garderie entre Case-Noyale et le Morne, alors qu’il y en a d’autres à Rivière-Noire ou à Baie du Cap. C’est l’unique endroit où les mamans qui commencent à travailler dans les hôtels et les campements, qui se multiplient, peuvent laisser leurs petits enfants qui sont gardés en toute sécurité.
Mais en 2004, le ministère de l’Education fait sortir des règlements pour mieux encadrer les écoles maternelles et mettre de l’ordre dans ce secteur qui en avait bien besoin. La différence entre garderie et école maternelle est définie et il est interdit de mélanger les deux. Les garderies s’occupent des bébés jusqu’à l’âge de 3 ans, les écoles maternelles ne peuvent pas accepter des enfants qui n’ont pas atteint cette âge. C’est une nouvelle qui consterne à la fois Violet Desalles et les parents des jeunes enfants de la région, car l’on école faisait aussi garderie. Quand les nouveaux règlements sont publiés, l’école de Case-Noyale a une quinzaine d’enfants qui sont âgés de mois de 3 ans. Si l’école refuse ces enfants, leurs mamans seront obligées d’arrêter de travailler. L’unique solution serait de créer une garderie, selon les règlements, pour accueillir les quinze bébés menacés. Violet a une soeur qui veut bien offrir une petite maison pour cela, mais où trouver l’argent pour la transformer en garderie en suivant les règlements ? C’est le sujet de préoccupation principale de Violet Desalles qui en parle partout et tout le temps. Même lors d’un cours de formation pédagogique qu’elle suit au ministère de l’Education. Une des participantes l’écoute attentivement et lui propose alors de rencontrer une couple de Français, dont l’épouse est Mauricienne, en séjour à Maurice. Le couple souhaiterait pouvoir soutenir un projet social qui concerne tout à la fois les enfants et l’éducation. « Cette rencontre a tout fait démarrer et je ne cesserai jamais de remercier la personne qui a organisé la rencontre entre les Foucher et moi. J’ai accepté de les rencontrer et le lendemain les époux Foucher ont profité d’une balade à Chamarel pour s’arrêter à Case-Noyale. Je leur ai fait visiter l’école et la maison de ma soeur qui pouvait être aménagée en garderie. Ils ont dit oui tout de suite et trois jours plus tard, ils m’ont fait transférer une somme qui m’a permis de commencer les travaux. La garderie, qui porte le nom de Day Care AIME, a été ouvert quelques semaines plus tard avec les quinze petits qui ne pouvaient pas rester à l’école maternelle, au grand soulagement de leurs mamans. » Le nombre de petits pensionnaires de la nouvelle garderie va vite augmenter. Au fur et à mesure et avec l’aide régulière d’AIME et plusieurs autres bonnes volontés, la garderie de Case-Noyale s’est développée et accueille aujourd’hui 45 enfants dont s’occupent six enseignantes qualifiées. Un van de seconde main a été acheté pour faciliter le transport des enfants et des améliorations apportées à la garderie qui est arrivée aujourd’hui au maximum de sa capacité d’accueil. Entre-temps la région s’est développée et avec les hôtels, les IRS et autres morcellements, pratiquement toutes les mamans travaillent et ont besoin de faire garder leurs petits enfants. « Nous avons une liste d’attente de plus d’un quinzaine de noms et elle augmente régulièrement. La solution serait ou d’agrandir l’actuelle garderie en y ajoutant un étage, ou trouver un lopin de terre pour construire un nouveau bâtiment qui pourrait nous permettre de doubler la capacité de la garderie. » C’est en tout cas le nouveau projet sur lequel travaillent à Maurice et en France Violet Desalles et Marina et Michel Foucher. Un beau projet social que tous ceux qui ont les moyens, par exemple les hôtels de la région et la propriété sucrière de Bel-Ombre, sont invités à y participer.
 

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