(Tirs croisés) Élections générales : Un an après, quel constat dressé ?

Le 7 novembre 2019, les Mauriciens se rendaient aux urnes pour décider du gouvernement qui allait gouverner leur pays. Le temps d’un bilan, un an après, deux syndicalistes et un leader d’un nouveau parti politique nous livrent leur point de vue.

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Pour le syndicaliste, Reaz Chuttoo, « c’est une déception car nous attendions une nouvelle loi du travail qui mènerait à de meilleures conditions pour les employés », ce que n’a pas permis le contexte économique post-COVID-19. Il parle de « situation bien sombre » pour certains employés, surtout ceux dont les employeurs ne sont pas tenus de passer devant le Redundancy Board et qui, de fait, sont payés au compte-gouttes pour leur temps de service.

Le porte-parole de la CTSP regrette par ailleurs que, face aux dénonciations de la politique de “petit copain” « aucune solution ne soit proposée pour y mettre un terme ». Pour sa part, le président de la State Employees Federation (SEF), Radakrishna Sadien, tout en admettant que la COVID-19 a bouleversé beaucoup de choses, estime que « ce n’était pas une raison pour le gouvernement de ne pas s’engager dans un dialogue avec le mouvement syndical ».

Il ajoute : « En reportant l’application du PRB, l’accord entre le syndicat et le gouvernement est remis en question. Le gouvernement ne peut de manière unilatérale changer un accord. » S’agissant de l’annonce de la création de certains postes dans le secteur public, il est important de savoir, selon lui, quels sont les postes qui seront remplis. « Est-ce que ce sont des postes nécessaires que nous demandons ou des postes taillés sur mesure ? » Il souligne par ailleurs l’importance pour le gouvernement d’engager un dialogue avec la population. « Ce qui s’est passé avec le Wakashio est très grave. Il faut qu’il n’y ait aucun Cover-Up ».

De son côté, Dev Sunnasy, leader de 100% Citoyens, pointe du doigt « les surfacturations de l’Emergency Procurement pour les masques et autres équipements médicaux pendant la COVID-19 ». S’agissant de la corruption, selon lui, « on fait croire qu’on arrête des gens mais rien ne change ». Pour lui, « c’est un gouvernement pour qui tout ce qui compte, c’est faire du marketing, de la communication ». S’il se montre plus positif concernant la gestion de la première vague de la COVID-19, il estime néanmoins « qu’ils ont profité de cette période pour dilapider des fonds ». À propos de l’affaire Wakashio, il note que « le monde en parle davantage qu’à Maurice ».

REAZ CHUTTOO (CTSP) : « Une déception »

REAZ CHUTTOO

Un an après les législatives, quel bilan dressez-vous ?
Au niveau de la CTSP, c’est une déception car nous attendions une nouvelle loi du travail qui mènerait à de meilleures conditions pour les employés en apportant des règlements de mise mais, malheureusement, avec la COVID-19, nous avons connu une récession économique et nous n’avons pu réaliser cela. Nous n’avons pu avoir des négociations collectives. Nous sommes de ce point de vue déçus. De même, la CTSP avait réclamé une loi pour que les employeurs payent tous les arrérages dans Portable Retirement Gratuity Fund (PRGF) mais tel n’a pu aboutir. Nous nous trouvons aujourd’hui face à une situation bien sombre car les employeurs, qui licencient les employés, surtout ceux qui ont moins de 15 employés et qui ne sont pas tenus de passer devant le Redundancy Board, sont en train de payer les employés leur temps de service au compte-gouttes.

Maurice, comme le monde d’ailleurs, n’a pas été gâtée avec la pandémie de COVID-19 et le difficile contexte économique qui a suivi…
Le contexte économique sur le plan international a freiné nos attentes au niveau des conditions de travail. Mais, un autre élément qui nous interpelle beaucoup, c’est qu’avec cette récession économique, nous voyons une surexploitation des travailleurs étrangers. C’est une exploitation à outrance, proche d’actes criminels. Certains ont travaillé trois à quatre mois et n’ont pas reçu de paye. Cela se résume à faire du travail forcé. D’autres n’ont pas de quoi manger. Il y a une déconnexion avec l’esprit humanitaire. Prenez l’exemple de Padco, dont l’affaire a été portée en Cour suprême par l’ICAC. Le problème, c’est qu’on ne se rend pas compte que 500 travailleurs étrangers n’ont rien à manger ni à boire. Lorsque la CTSP a vu la Covid-19 Act passer, nous espérions pouvoir respirer mais tel n’est pas du tout le cas.

Même au niveau syndical, nous voyons un déphasage complet. Certains dirigeants syndicaux prennent des positions très subjectives. Ils attendent possiblement les faveurs d’un groupe ou d’une force politique. En effet, le niveau des débats que nous voyons ne va pas dans une direction éclairée mais se limite à des idées étroites. Par exemple, il y a beaucoup de débats sur la CSG mais aucun sur le NPF alors que la pension des employés connaît une érosion.

N’empêche, la première vague de COVID-19 a bien été gérée, n’est-ce pas ?
Au niveau de la santé, oui. Mais, alors qu’il y a eu beaucoup de dénonciations de ce qu’on appelle des trafics d’influence, la politique de “petit copain”, aucune solution n’est proposée pour mettre un terme à de tels groupes. Il semblerait qu’on soit heureux de leur existence car ils occasionnent des palabres qui font oublier les débats essentiels. Par exemple, le financement des partis politiques est un dossier qui dort au fond du tiroir. Aucune proposition n’est faite pour la nomination de personnes compétentes dans les instances publiques. De l’autre côté, il n’est un secret pour personne que la radio et la télé nationales fassent de la propagande politique. Mais, à notre grande surprise, on voit qu’une section de la presse écrite et parlée privée aussi fait pareil. Si certaines personnes ne les intéressent pas, ils ne les sollicitent pas. Par exemple, on n’hésite pas à accorder la parole à des syndicalistes du public sur un sujet qui concerne les employés du privé et que les premiers ne maîtrisent pas.

Qu’en est-il des promesses qui figuraient au programme électoral de ce gouvernement ?
Sous prétexte de la COVID-19, on bloque tout. On a été conditionné sous prétexte que le gouvernement doit débourser Rs 500 M pour le Wage Assistance Scheme. Par exemple, la pension de vieillesse aurait dû atteindre Rs 13 500. Concernant les jeunes, on n’a pas vu grand-chose pour diminuer le taux de chômage. Nous avions suggéré l’âge de la retraite à 60 ans, ce qui aurait tout de suite permis à 60 000 personnes, dans le privé et dans le public, d’aller à la retraite, et ce qui aurait ouvert la porte aux jeunes. Quant à l’eau, c’est devenu une chasse gardée du pouvoir public. On était censé être approvisionné en eau 24h/7, mais on attend toujours… À Rose-Hill, les rues sont endommagées. On ne voit pas non plus l’opposition poser des questions sur l’argent qui a été alloué pour la distribution de l’eau et pour réasphalter les routes. On voit les contracteurs quitter leurs machines et partir. On sait tous qu’une compagnie a été un grand financeur de certains dans l’opposition, d’où leur silence quand il s’agit de poser des questions. Ils ont peur que les dix années d’obtention de chèques remontent à la surface… Comme le dit si bien l’expression : « Birds of the same feather flock together ! »

Comment évaluez-vous la cote du gouvernement un an après les élections ?
Moi, je trouve que les dirigeants politiques sont en train d’apporter une sorte de clivage entre les différents groupes. Dans le pays, aucun parti politique n’a fait trois mandats d’affilée sans alliance. Aujourd’hui, beaucoup de personnes associent les choses avec le communalisme, le clivage ethnique, ce qui fait que les gens, au lieu de s’intéresser au contexte économique, se dirigent vers une tendance tribale : « Je dois être avec mon groupe. » J’ai vécu cela personnellement au niveau syndical. Aujourd’hui, il n’y a pas de vrai débat faisant émerger des idées mais davantage autour d’un leader selon sa communauté. Nous sommes en train de reculer dix ans en arrière. Cela profite à qui finalement ? Aux politiciens qui ont recours à une vieille logique coloniale de “divide and rule”.

Que dire des autres drames, comme les naufrages du Wakashio et du Sir Gaëtan ?
Pour moi, le MV Wakashio a été surexploité de manière disproportionnée. On aurait dû se concentrer sur la possibilité de l’implication de forces étrangères pas très honnêtes. Notre pays a connu un recul économique mais aussi social à cause du communalisme qui ne permet pas des débats objectifs.


RADAKRISHNA SADIEN (SEF) : « Le GM se doit d’engager un dialogue avec la population »

RADAKRISHNA SADIEN

Un an après les législatives, quel est le bilan que vous dressez ?
Dans son programme électoral, le gouvernement a pris beaucoup d’engagements, dont le rapport PRB qui devait prendre effet à partir de janvier dernier et la création de 10 000 postes dans le service public. On avait annoncé certaines lois pour la protection des employés et la réforme de la PSC et de la Discipline Forces Service Commission pour les rendre plus transparentes. Celles-ci devraient être plus indépendantes pour qu’elles puissent travailler objectivement. Il est vrai que la COVID-19 a bouleversé beaucoup de choses mais ce n’était pas une raison pour le gouvernement de ne pas s’engager dans un dialogue avec le mouvement syndical. En reportant l’application du PRB, l’accord entre le syndicat et le gouvernement est remis en question. Le gouvernement ne peut, de manière unilatérale, changer un accord. Il y a deux parties concernées.

Ne pensez-vous pas qu’avec la pandémie de la COVID-19 et le contexte économique que l’on connaît, le moment n’est pas trop propice ?
On a annoncé Rs 1 000 à partir de cette année. Changer la date de l’application du PRB, pour moi, relève d’une autre question car on remettrait en question les Rs 1 000. On n’a aucun problème au niveau des arrérages qui seront payés en tranches vu la situation économique. Là-dessus, il n’y a pas de problème. Mais, ce que je demande, c’est le dialogue. Par exemple, on a décidé de couper les “sick leaves”. Normalement, quand un fonctionnaire ne prend pas de “sick leave”, il est compensé en argent. Les fonctionnaires ont signé une “option form” dans ce sens qui est irrévocable. De l’autre côté, on voit des largesses dans l’hôtellerie par exemple. Rs 500 M sont déboursées chaque mois. Y a-t-il un contrôle ? Je sais qu’il y a certains groupes qui reçoivent de l’argent du gouvernement et qui font venir leurs employés pour des soi-disant formations et ces derniers ne sont pas payés en plus. Y a-t-il un mécanisme pour assurer qu’il n’y a pas d’abus ? Tout cet argent provient de la MRA et il s’agit de l’argent public à travers la taxe. Les contribuables ont un droit de regard sur la manière dont l’argent est dépensé. Par ailleurs, quand on dit qu’il y a des postes qui seront créés, il est important de savoir quels sont les postes qui seront remplis. Est-ce que ce sont des postes nécessaires, que nous demandons, ou des postes taillés sur mesure ? Il faut une transparence et un dialogue. En effet, l’Audit a découvert des gaspillages de presque Rs 1 milliard au niveau des pensions qui sont attribuées à des personnes décédées, de bâtiments qui sont loués, etc. Y a-t-il des actions qui sont prises pour réduire ces gaspillages ? Le gouvernement a été élu pour servir le peuple avec un programme. Il faut que les syndicats aient une participation dans le développement du pays en tant que partenaires sociaux importants et pas que le secteur privé.

Autrement ?
Au niveau de l’eau, je trouve cela singulier qu’après toutes ces pluies, le taux de nos réservoirs a baissé drastiquement. Il faut que le gouvernement investisse davantage dans des tuyaux car plus de 50% d’eau se perd sous terre. Je pense que le gouvernement ne fait pas assez pour régler le problème de l’eau et pour éviter les gaspillages.

Des points positifs ?
J’apprécie en revanche qu’au niveau des logements sociaux, on fait beaucoup car tout être humain a besoin d’un toit et de nourritures. Mais, il faut s’assurer que ce sont les personnes qui en ont vraiment besoin qui en bénéficient. Il faut là aussi une transparence. Mais, l’intention est bonne. De l’autre côté, je constate beaucoup de projets d’infrastructures comme le Metro Express, la construction d’autoponts. Est-on en train de voir si tous ces développements ne se font pas au détriment de l’environnement ? Il faut que le développement soit fait dans une perspective de durabilité.

Votre appréciation de la gestion de la COVID-19 ?
Il y a eu une série de décisions prises par le gouvernement. Le ministère de la Santé et le personnel de plusieurs secteurs ont travaillé, dont les éboueurs, la presse, etc. Le public a réalisé le danger de la COVID-19. Le gouvernement a donné une direction et la population a respecté.

Outre la COVID-19, il y a eu le naufrage du MV Wakashio…
Jusqu’à présent, je ne comprends pas comment un tel bateau a pu pénétrer dans nos eaux sans communication. C’est à se demander s’il y a une sécurité pour notre pays. Je pense que le public a droit à des explications. Avec le problème de drogue dans le pays, les autorités devront être très strictes. Le gouvernement se doit d’engager un dialogue avec la population. Ce qui s’est passé avec le Wakashio est très grave. Il faut qu’il n’y ait aucun “cover-up”. Il faut un dialogue objectif et non pas parce qu’il y a des critiques de l’opposition, on vient se prononcer. Au contraire, quand il y a des critiques, il faut écouter. Le gouvernement n’a pas de solutions à tous les problèmes. D’ailleurs, il y a des décisions prises par le gouvernement après quoi ils ont dû faire marche arrière comme la décision d’autoriser des personnes dans les centres de quarantaine d’assister aux funérailles de leurs proches. Le gouvernement est revenu sur sa décision. Le Comité national de communication dans le contexte de la COVID-19 doit avoir un Full-Flegded Officer, comme le Dr Gujadhur, qui a joué un rôle important dans la lutte contre la COVID-19. Il a instauré la peur lors de la première vague mais il a eu raison. Il ne s’agit pas de marquer des points mais il est question de la santé de la population. Pour moi, c’est le ministère de la Santé à travers le Chief Medical Officer qui aurait dû “take the lead” au niveau de la Communication.

DEV SUNNASY (100% Citoyens) : « On fait croire qu’on arrête des gens, mais rien ne change »

DEV SUNNASY

Un an après les législatives, quel est le bilan que vous dressez ?
Aux dernières législatives, 100% Citoyens n’avait que six mois d’existence. On est quand même satisfait de ce qu’on a pu faire en six mois, même si le gouvernement a donné un temps minimum de préparation comme pour les villageoises cette année ! Cela nous a appris à comprendre comment on joue avec certaines lois. Ivor Tan Yan, secrétaire général de 100% Citoyens, et moi-même, leader, avons logé une plainte en Cour suprême pour contester les élections de 2019, car nous estimons qu’il y a eu tricherie. Cela fait un an depuis les dernières élections et on voit que vraisemblablement le judiciaire n’est pas pressé avec les pétitions électorales. Il faut revoir la façon dont fonctionne le judiciaire.

Bien des choses que nous avions proposées dans notre programme l’an dernier sont davantage d’actualité aujourd’hui. Par exemple, notre vision, c’était choisir le mauricianisme comme solution politique. Il y a eu la marche du 29 août. Par ailleurs, nous avions mis l’accent sur le contrôle des prix et le coût de la vie, sur des mesures par rapport à la corruption, sur la protection des PME et du secteur informel… Au lendemain du confinement, le gouvernement n’avait rien proposé pour le secteur informel, comme les artistes qui travaillent dans l’hôtellerie, le petit maçon ou le plombier. On avait proposé des mesures pour protéger ce secteur.

Et, par rapport au programme électoral du gouvernement, un an après, cela donne quoi ?
Déjà 24/7 est en train d’être redéfini aujourd’hui. Attendons voir, cela fait à peine un an. Au niveau de la pension, on commence à jouer sur les mots. Pour moi, c’est un gouvernement qui a glandé de 2015-2019 et qui continue à glander via les “policies”. Il y a des lois de répression, de frayeur. Quant à un travail de création de richesses, rien. Nous, un de nos piliers, c’était “put Mauritius back to work”. On avait une série de mesures sur comment “put Mauritius back to work”.

Le gouvernement n’a pas été gâté avec la pandémie de COVID-19 et le difficile contexte économique qui a suivi…
Bien sûr. Mais, je vois aussi la chute d’Air Mauritius qui n’est pas liée à la COVID-19 mais qui était sous administration volontaire dès avant la COVID-19. Le CEO s’est retiré avant qu’on ne présente les comptes. Si je regarde la SBM avec des pertes de milliards… Si on regarde les surfacturations de l’Emergency Procurement pour les masques et autres équipements médicaux pendant la COVID-19… Aujourd’hui, on envoie des os aux citoyens en arrêtant X, Y… N’oublions pas que le Premier ministre était le Chairman du High Level Committee dans le cadre de la COVID-19. On fait croire qu’on arrête des gens mais rien ne change. C’est la même équipe que la dernière fois. Si on prend le cas de Collendavelloo par rapport à BWSC et la Banque africaine de Développement, on verra que ce dernier est tranquille à l’arrière. Si c’est comme cela qu’on arrêtera la corruption, je ne vois pas de résultats. Dans ce sens, cela s’est dégradé… Si on regarde ce qu’a fait le ministre du Logement envers les squatteurs pendant la période de COVID-19… C’est un gouvernement pour qui tout ce qui compte, c’est faire du marketing, de la communication. Un jour, il coupe le ruban à tel endroit, un jour il va faire une “site visit”, un autre jour, changer une plaque commémorative… C’est un gouvernement qui ne sait pas travailler. Pour moi, le travail, c’est créer.

N’empêche, la première vague de COVID-19 a été bien gérée…
Elle a été bien gérée. On aurait pu fermer les frontières plus tôt mais certains vous diront qu’il y avait un proche du Premier ministre qui devait rentrer… On ne sait pas. Mais, si on prend l’affaire Angus Road, nous avons un chef du gouvernement qui n’ose pas affronter la presse. N’empêche, sur le plan de la gestion de la COVID-19, je suis positif. Néanmoins, je pense qu’ils ont profité de cette période pour dilapider des fonds.

Le gouvernement a aussi eu à gérer le drame du MV Wakashio, le naufrage du Sir Gaëtan…
Vous imaginez qu’à travers le monde on en parle davantage qu’ici… J’ai l’impression que, comme d’habitude, on se dit que les Mauriciens ont la mémoire courte. Après ce qui s’est passé avec les dauphins, il n’y a rien comme rapport. Le Premier ministre s’est targué de travailler dans la transparence mais je ne suis pas d’accord, surtout dans l’affaire Angus Road et Wakashio. Je ne sais pas dans quel pays on vit. Dans les autres pays, quand il y a de tels événements, en France, par exemple, on voit Macron venir parler… Ici, le Premier ministre se cache. Le Wakashio a été un vrai désastre. Est-ce que cela aurait pu être évité ? Le ministre français des Outre-mer, Lecornu, l’a dit à La Réunion : quelque chose comme cela ne serait jamais passé en France. Si on n’a pas les compétences dans les institutions du pays et si on privilégie le copinage, c’est normal. En tant que Mauricien et patriote, pour moi, il y a un problème dans la gestion de la sécurité.

Qu’espériez-vous trouver un an après les élections ?
Je n’attendais pas grand-chose car, pour moi, c’était une continuité d’avant.

Qu’espérez-vous aujourd’hui ?
Que le pays s’en sorte. On est en train de fouiller un sacré trou en dévalisant aujourd’hui la Banque centrale. La Mauritius Investment Corporation était une mesure nécessaire pour aider les entreprises affectées par la pandémie mais pas via la Banque de Maurice, peut-être via la SIC par exemple. Quand on fait des contrats pour soutenir les entreprises — je suis d’accord pour les soutenir — sans transparence, il y a un problème. Il y a des clauses de confidentialité que le Mauricien n’a pas le droit de savoir. Ce qui me fait encore plus peur, ce sont les lois qui ont été passées pour une catégorie d’employés. Par exemple, dans le secteur hôtelier, les employés ont un minimum avec le Wage Assistance Scheme mais les autres secteurs comme les PME ne s’en sortent pas. À Rose-Hill, plusieurs magasins ont fermé. Jusqu’à décembre prochain, ces entrepreneurs ne peuvent licencier. C’est mettre l’entreprise en péril. Certains m’ont dit que leur travail a tellement diminué qu’en janvier, ils ferment leur boîte. En janvier, il y aura une croissance du chômage et fermeture d’entreprises. Il fallait protéger les employés via d’autres “schemes” et les employeurs aussi. Les PME représentent plus de 300 000 emplois.

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