L'Iran condamne le retour des sanctions de l'ONU

L'Iran a condamné dimanche le rétablissement des sanctions de l'ONU à son encontre, dix ans après leur levée, en plein désaccord avec les Occidentaux sur son programme nucléaire.
Les lourdes sanctions ont été rétablies samedi après l'échec de négociations sur le nucléaire. Mais Européens et Américains ont ensuite assuré que cela ne marquait pas la fin de la diplomatie.
Allant d'un embargo sur les armes à des mesures économiques, les sanctions sont à nouveau en vigueur depuis dimanche 00H00 GMT à la suite du feu vert du Conseil de sécurité.
Le programme nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l'Iran avec les pays occidentaux qui, avec Israël, son ennemi juré, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de la bombe atomique. L'Iran dément vigoureusement et insiste sur son droit au nucléaire civil, notamment pour produire de l'électricité.

"La République islamique d'Iran défendra résolument ses droits et intérêts nationaux, et toute action visant à porter atteinte aux intérêts et droits de son peuple fera l'objet d'une réponse appropriée", a indiqué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères.
Il a dénoncé le retour "injustifiable" des sanctions "illégales" de l'ONU et appelé les pays à ne pas les appliquer.
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir l'uranium à un niveau élevé (60%), proche du seuil technique de 90% nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.
Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, groupe de pays appelés E3, ont déclenché fin août le mécanisme du "snapback" qui permettait dans un délai de 30 jours de rétablir les sanctions levées en 2015 après un accord international sur le nucléaire iranien (JCPOA).
- "Inacceptable" -
Avant même le rétablissement formel des sanctions, l'Iran a rappelé samedi "pour consultations" ses ambassadeurs dans les trois pays, selon la télévision d'Etat.
Londres, Paris et Berlin ont assuré vouloir continuer à chercher "une nouvelle solution diplomatique garantissant que l'Iran ne se dote jamais de l'arme nucléaire", et appelé Téhéran "à s'abstenir de toute action escalatoire".
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a appelé Téhéran à "accepter des discussions directes, en toute bonne foi", tout en demandant à tous les Etats d'appliquer "immédiatement" les sanctions pour faire "pression" sur l'Iran.
Avant l'entrée en vigueur des sanctions, le président iranien Massoud Pezeshkian a affirmé samedi que les Etats-Unis avaient exigé de l'Iran de lui remettre "tout" son uranium enrichi en échange d'une prolongation pour trois mois d'une suspension des sanctions, qualifiant cette requête d'"inacceptable".
Des réunions au plus haut niveau se sont multipliées toute la semaine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York pour tenter de trouver une solution diplomatique.
Mais le trio européen a jugé que Téhéran n'avait pas pris des mesures "concrètes" pour répondre à ses trois conditions: reprise des négociations indirectes avec les Etats-Unis; accès des inspecteurs de l'AIEA sur les sites nucléaires sensibles de Natanz, Fordo et Ispahan, bombardés en juin par Israël et les Etats-Unis; processus pour sécuriser le stock d'uranium enrichi.
- "Saboter" -
La Russie et la Chine ont proposé, sans succès, vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU de prolonger de six mois le JCPOA qui expire le 18 octobre, afin de donner plus de chances à la diplomatie.
Dans ce contexte, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé samedi les Occidentaux de "saboter" la diplomatie, répétant que pour Moscou, la décision de rétablir les sanctions "ne peut pas être appliquée".

En 2015, France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Russie et Chine avaient conclu avec Téhéran un accord prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions.
Les Etats-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, ont décidé en 2018 de s'en retirer et de rétablir leurs propres sanctions.
L'Iran s'est ensuite affranchi de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium.
L'accord de 2015 plafonnait le taux d'enrichissement d'uranium à 3,67%.
D'après l'AIEA, l'Iran dispose d'environ 440 kilos d'uranium enrichi à 60%, un stock qui, s'il était enrichi jusqu'au niveau de 90%, permettrait au pays de se doter de huit à dix bombes nucléaires, selon des experts européens.