Journalistes, humanitaires ou manifestants: l'UE attribue le prix Sakharov

Deux reporters emprisonnés, des journalistes et humanitaires dans les territoires palestiniens ou le mouvement étudiant en Serbie? Le Parlement européen va désigner mercredi le prochain vainqueur du prix Sakharov pour la liberté de pensée.

Le nom du lauréat sera annoncé dans l'hémicycle en milieu de journée par la présidente du Parlement, Roberta Metsola.

Trois candidatures restent en lice: les journalistes polono-bélarusse Andrzej Poczobut et géorgienne Mzia Amaghlobeli; des organisations humanitaires et de journalistes opérant dans les territoires palestiniens; et les étudiants serbes, dont le mouvement de protestation bouscule le pays depuis un an.

Les lauréats doivent être désignés lors d'une réunion entre la présidente de la chambre et les présidents des sept groupes politiques.

Ils succèderont aux opposants vénézuéliens Edmundo Gonzalez Urrutia et Maria Corina Machado, cette dernière tout juste récompensée du prix Nobel de la Paix.

Si les présidents de groupe ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un nom, ils voteront pour départager les candidatures, en fonction du poids de leurs groupes respectifs dans l'hémicycle.

Dans ce cas, les deux journalistes incarcérés auraient toutes leurs chances, forts du soutien de la droite et d'une partie de l'extrême droite.

- "Un argument pour sa libération" -

Mzia Amaghlobeli, journaliste géorgienne devenue le symbole de la lutte pour la liberté de la presse dans le pays du Caucase, a été condamnée en août à deux ans de prison après une altercation avec un policier.

Reporters sans frontières, qui réclame sa libération, a jugé que sa peine était un symbole du "glissement autoritaire" à l'œuvre en Géorgie.

Andrzej Poczobut, membre de la minorité polonaise du Belarus et correspondant de la Gazeta Wyborcza, purge depuis février 2023 une peine de huit ans d'emprisonnement dans le pays dirigé depuis trois décennies par Alexandre Loukachenko, allié du président russe Vladimir Poutine.

"Il le mérite. Et cela serait, je l'espère, un argument pour sa libération", a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski.

Les socialistes et la gauche radicale ont, eux, proposé la candidature conjointe du Syndicat des journalistes palestiniens, du Croissant-Rouge et de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Gaza est identifié comme l'endroit du monde le plus meurtrier pour les journalistes, avec un grand nombre de journalistes palestiniens tués. Les travailleurs humanitaires ont aussi subi des pertes significatives pendant le conflit", défendent les deux groupes.

Mais leur proposition aura du mal à rassembler au-delà, tant la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza a profondément divisé les Européens.

En revanche, les étudiants serbes, dont le mouvement de contestation secoue le pays depuis bientôt un an, pourraient faire consensus.

Ce soulèvement, qui dénonce une corruption vue comme endémique dans le pays des Balkans, a vu déferler dans les rues de la capitale, Belgrade, les plus grandes manifestations depuis la chute de Slobodan Milosevic en 2000.

Dès les premières manifestations, les étudiants ont suivi des principes stricts de démocratie directe: toutes les décisions sont prises collectivement lors d'assemblées plénières dans les facultés et aucun étudiant n'est autorisé à se présenter comme le représentant du mouvement. C'est pourquoi ils ont été nommés pour le prix Sakharov en tant que mouvement, sans distinction pour des individus.

Les lauréats de ce prix, nommé ainsi en mémoire du dissident soviétique Andreï Sakharov, doivent se voir décerner le prix dans l'hémicycle de Strasbourg le 16 décembre... s'ils peuvent s'y rendre.