Afghanistan et Pakistan d'accord pour reprendre les négociations le 6 novembre

Après plusieurs jours de discussions et un silence qui laissait redouter un échec, l'Afghanistan et le Pakistan se sont accordés jeudi pour reprendre leurs discussions en Turquie, en vue d'instaurer une trêve durable à leur frontière.
Selon le ministère turc des Affaires étrangères, "toutes les parties se sont accordées sur la poursuite du cessez-le-feu. Les modalités de sa mise en œuvre seront examinées et décidées lors d'une réunion de haut niveau à Istanbul le 6 novembre 2025".
La Turquie, qui assure une médiation conjointement avec le Qatar, observait depuis leur ouverture samedi un mutisme complet sur les discussions en cours.
Ce nouveau rendez-vous devra permettre d'établir "un mécanisme de suivi et de vérification garantissant le maintien de la paix et l'application de sanctions à la partie qui la viole", précise-t-elle dans un communiqué.
Islamabad avait annoncé mercredi l'échec de ces négociations, en imputant la responsabilité au gouvernement taliban. Mais une source sécuritaire pakistanaise, sous couvert d'anonymat, avait laissé jeudi ouverte la perspective d'une reprise des pourparlers.
Selon le média d'Etat pakistanais PTV, Islamabad a accepté de reprendre les négociations "à la demande des pays hôtes". Ce qu'Ankara n'a pas commenté.
Le gouvernement afghan a évoqué pour la première fois jeudi soir un "processus complexe, qui s’est conclu par un accord des deux parties de se rencontrer de nouveau et de parler des questions restantes", a indiqué le porte-parole Zabihullah Mujahid sur X.
Des affrontements d'une ampleur inédite ont fait des dizaines de morts entre les deux pays.
Le Pakistan, qui est confronté à une résurgence d'attaques contre ses forces de sécurité, dit attendre des "mesures crédibles et décisives" de son voisin afghan, pour garantir qu'il n'abritera plus sur son sol des groupes "terroristes" anti-pakistanais, à commencer par les talibans pakistanais (TTP), au cœur du différend.
- Mises en gardes mutuelles -
Kaboul dément aider ces combattants et renvoie l'accusation à son voisin, assurant lui aussi qu'il soutient des groupes "terroristes", en particulier la branche régionale du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
En cas de nouvel échec de leurs négociations, Islamabad et Kaboul ont mis en garde contre une reprise des hostilités.
Le Pakistan, puissance nucléaire, "n'a besoin d'utiliser ne serait-ce qu'une fraction de son arsenal pour anéantir complètement le pouvoir taliban et le renvoyer se cacher dans ses grottes", a menacé mercredi le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif.
"Nous sommes musulmans, frères, voisins mais certains (au Pakistan), consciemment ou inconsciemment, jouent avec le feu et la guerre", a répliqué jeudi le ministre taliban de l'Intérieur, Sirajuddin Haqqani.
Affirmant que les Afghans "ne veulent pas la guerre", il a toutefois rappelé que, pour son pays, "défendre le territoire" national "est l'une des priorités".
D'une ampleur rare, la confrontation a débuté il y a deux semaines avec des explosions à Kaboul imputées au Pakistan, suivies d'une offensive déclenchée par le gouvernement taliban à la frontière.
Un premier cessez-le-feu a été obtenu au Qatar, dont les contours flous doivent encore être précisés en Turquie.
La frontière est fermée depuis deux semaines, bloquant de nombreux camions de marchandises.
"Que Dieu fasse en sorte que les négociations aboutissent, afin que l'on retrouve la paix et la fraternité et que le commerce reprenne", a commenté l'AFP Ehsanullah, 26 ans, un habitant de Chaman, du côté pakistanais de la frontière.
"Si une guerre éclatait, elle pourrait se transformer en un conflit qui durerait plusieurs générations, ça serait un vrai problème", a estimé du côté afghan Azizullah, un commerçant de 50 ans à Kandahar, le fief des talibans.
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