Zelensky en Turquie mercredi pour "réengager" les Etats-Unis dans les efforts de paix avec Moscou

Le président ukrainien doit rencontrer mercredi à Ankara son homologue turc et l'émissaire américain Steve Witkoff pour "réengager" les Etats-Unis dans les pourparlers de paix avec la Russie actuellement dans l'impassse, ont indiqué mardi à l'AFP des responsables ukrainiens.
Après bientôt quatre ans d'invasion russe de l'Ukraine, les positions des deux camps sur les conditions pour une paix, l'instauration d'un cessez-le-feu ou une rencontre entre leurs dirigeants continuent d'être diamétralement opposées.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, arrivé mardi en Espagne dans le cadre d'une tournée européenne, doit rencontrer mercredi à Ankara son homologue Recep Tayyip Erdogan, a indiqué un responsable à l'AFP.
"L'objectif principal vise à réengager les Etats-Unis dans les efforts de paix en imposant des sanctions contre la Russie" et à "des pressions diplomatiques" sur le Kremlin pour des discussions avec l'Ukraine, a-t-il ajouté, sous le couvert de l'anonymat.
Selon une autre source ukrainienne haut placée, l'émissaire américain Steve Witkoff devrait se joindre aux discussions.
Moscou a de son côté indiqué qu'aucun émissaire russe ne se rendrait en Turquie mercredi, information confirmée aussi par Kiev.
Dès son retour au pouvoir en début d'année, Donald Trump s'est présenté comme médiateur de ce conflit, le pire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, multipliant les déclarations semblant accorder tantôt un soutien à Moscou tantôt à Kiev, mais sans parvenir à changer la situation.
L'hypothèse d'une rencontre prochaine avec le président russe Vladimir Poutine à Budapest, présentée comme pouvant relancer les négociations de paix, a fait long feu.
- "Raviver les négociations" -
Volodymyr Zelensky a annoncé mardi se rendre en Turquie pour "raviver les négociations". "Nous avons élaboré des solutions que nous proposerons à nos partenaires", a-t-il dit sur les réseaux sociaux.
"Nous nous employons également à reprendre les échanges de prisonniers de guerre et ramener nos prisonniers à la maison", a-t-il poursuivi.
"Les Américains discutent maintenant d'une nouvelle vague de pression (sur Moscou, ndlr), il est donc logique de négocier sur la pression diplomatique", a commenté le haut responsable ukrainien.
Ces pourparlers interviennent aussi dans un moment très difficile pour l'armée ukrainienne.

Une ville clé sur le front Est, Pokrovsk, semble sur le point de tomber, les troupes russes ont pénétré à l'été dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est) et avancent depuis plusieurs jours dans celle de Zaporijjia (sud), où le front était largement gelé depuis deux ans.
Mardi, l'armée russe, mieux équipée et plus nombreuse, a encore revendiqué la prise de deux villages: Netchaïvka dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est) et Tseguelné dans la région de Kharkiv (nord-est).
La semaine dernière, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov avait indiqué que Moscou était "ouvert à des processus de négociation" pour résoudre le conflit, tout en jugeant Kiev et l'Europe responsables du gel des discussions.
Plusieurs cycles de pourparlers ukraino-russes directs se sont tenus cette année à Istanbul, pour la première fois depuis le début de l'invasion en février 2022, sans aboutir à aucune avancée majeure.
Plusieurs rounds d'échanges de prisonniers de guerre et de rapatriement de corps ont été les seuls résultats concrets de ces discussions.
- Coupures de courant -
Volodymyr Zelensky effectue depuis le début de la semaine une tournée de pays européens pour obtenir davantage de soutien à ses alliés au moment où la Russie pilonne à nouveau les infrastructures énergétiques ukrainiennes à l'approche de l'hiver.

Kiev accuse Moscou de chercher à saper le moral de la population en la privant de courant et de chauffage, tandis que Moscou affirme frapper des sites énergétiques alimentant le "complexe militaro-industriel" du pays.
Dans la nuit de lundi à mardi, 118 drones et missiles russes ont été lancés contre l'Ukraine, selon l'armée de l'air ukrainienne.
En réponse, l'Ukraine attaque les infrastructures énergétiques russes, ciblant particulièrement les raffineries.
Dans la région occupée de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine épicentre des combats, des coupures de courant affectent mardi quelque 65% des habitants à la suite d'une attaque nocturne ukrainienne "sans précédent", a indiqué sur Telegram le gouverneur local installé par Moscou, Denis Pouchiline.
M. Zelensky doit rencontrer mardi le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, et le roi Felipe VI, après s'être déjà rendu en Grèce et en France.
Lundi, il a signé à Paris avec son homologue français Emmanuel Macron une "déclaration d'intention" qu'il a qualifiée d'"historique" en vue de l'achat futur de cent avions de combat français Rafale, dont l'Ukraine entend se doter pour la première fois, et de plusieurs systèmes de défense aérienne SAMP/T.
Moscou a réagi en accusant Paris d'alimenter la guerre.


