L'ex-président philippin Duterte reste en détention provisoire à La Haye

La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé en appel vendredi son rejet d'une demande de libération pour raisons médicales de l'ancien président philippin Rodrigo Duterte, accusé de crimes contre l'humanité lors de sa "guerre contre la drogue".
La cour de La Haye avait déjà estimé en octobre que M. Duterte présentait un risque de fuite et pourrait être en mesure d'influencer des témoins s'il était libéré.
Pour les juges, ces raisons prennent le dessus sur les éventuels problèmes médicaux dont souffre l'homme de 80 ans, selon la défense.
Les accusations portées contre M. Duterte découlent de sa campagne menée pendant des années contre les consommateurs et les trafiquants de drogue et qui, selon les organisations de défense des droits humains, a fait des milliers de morts.
Aux Philippines, sur le campus d'une université de la région de Manille, des familles des victimes et des défenseurs des droits humains étaient réunis vendredi pour assister à l'audience en visioconférence.
Les personnes présentes ont laissé éclater leur joie par des applaudissements et des acclamations à chaque rejet par la cour des trois motifs d'appel soulevés par la défense.
Une femme dont le fils a été tué lors de la répression sanglante s'est jétée, en larmes, dans les bras d'une militante des droits humains.
"Nous avons vraiment prié pour que (Duterte) ne bénéficie pas d'une libération provisoire", a déclaré à l'AFP après l'audience Dahlia Cuartero, dont le fils, Jesus, assassiné, aurait eu 33 ans samedi.
"C'est le plus beau cadeau d'anniversaire qu'on puisse lui faire", a ajouté cette femme de 61 ans.
M. Duterte a été arrêté à Manille le 11 mars, transféré aux Pays-Bas le soir même et détenu depuis lors dans le quartier pénitentiaire de la CPI à la prison de Scheveningen, à La Haye.
Lors de sa première audience, suivie aussi par liaison vidéo, il était apparu très affaibli, parlant à peine.

Cette décision ne concerne que la question de la mise en liberté provisoire. La cour doit encore déterminer si les problèmes de santé présumés de M. Duterte le rendent inapte à être jugé lors d'un procès.
"La Chambre préliminaire a estimé que la détention de M. Duterte restait nécessaire (...) et que les conditions de libération proposées n'étaient pas suffisantes pour atténuer les risques qu'elle avait identifiés en cas de libération provisoire de M. Duterte", a déclaré la juge Luz del Carmen Ibáñez Carranza.
- Evaluation médicale -
L'avocat de M. Duterte a déclaré qu'il n'entendait pas en rester là et qu'il fera bientôt une nouvelle tentative pour obtenir la libération provisoire de son client.
"La défense attend les résultats de l'évaluation médicale de l'ancien président, prévus pour le mois prochain, et présentera à nouveau une demande de libération d'un homme âgé de 80 ans qui, en raison de son état de santé débilitant, est incapable de s'enfuir ou, comme allégué, de menacer des témoins", a affirmé auprès des journalistes l'avocat Nicholas Kaufman.
Le bureau de la fille de Rodrigo Duterte et vice-présidente des Philippines, Sara, a déclaré que "la famille accepte sereinement la décision de la Chambre d'appel de la CPI".
"Nous continuerons de collaborer avec l'équipe de la défense et d'apporter notre soutien à l'ancien président Rodrigo Duterte par nos échanges quotidiens", a-t-il ajouté.
"La Cour pénale internationale a déjà rendu sa décision, et le Palais la respecte", a déclaré Claire Castro, porte-parole du président philippin Ferdinand Marcos, aux journalistes.
Les procureurs de la CPI ont inculpé M. Duterte de trois chefs d'accusation pour crimes contre l'humanité, lui reprochant d'être impliqué dans au moins 76 meurtres liés à sa "guerre contre la drogue".


