Bouquet satellitaire

— Pourquoi tu veux que j’enregistre ton feuilleton ?
— Parce que mon bouquet ne marche pas.
— Tu ne m’as pas dit que tu avais échangé de décodeur, hier ?
— Oui, mais il ne marche pas. Un coup il dit que les chaînes sont OK, mais quand tu veux voir une chaîne, on te dit qu’elle n’a pas été téléchargée. Un coup ça joue, puis ça s’arrête subitement. Un coup tu peux voir en V.O avec sous-titres, un coup tu ne peux pas par que l’internet est trop faible.
— Mais c’est exactement le même problème que tu avais avec l’ancien décodeur, non ? Il fallait téléphoner au service dépannage.
— C’est ce que j’ai fait. La demoiselle m’a demandé de refaire la configuration des chaînes. Je lui ai dit que j’avais fait deux fois et que ça ne marchait toujours pas. Là, elle m’a dit qu’il y avait un problème ou avec le nouveau décodeur ou avec le pointage d’antenne et qu’elle allait m’envoyer un technicien.
— Tu vois, ils sont efficaces.
— Attends un coup ! On était mercredi et elle m’a dit que le technicien allait venir lundi prochain.
— Pourquoi tout ce temps-là ?
— Parce qu’ils font la réparation quarante-huit heures après la plainte. Et comme on était mercredi, ils auraient dû faire la réparation le samedi, mais comme samedi est congé public et qu’ils ne travaillent pas le dimanche, il fallait attendre lundi.
— Tu ne lui as pas demandé de faire un effort.
— Je lui ai comment on allait faire cinq jours sans télé. Moi, sans mon feuilleton, mon bonhomme sans son football et son tennis ! ? Elle m’a dit qu’elle regrettait, que le roster des techniciens était déjà fait. Comme je disais que j’allais rater mon feuilleton et tout ça, elle m’a donné un conseil pour me dépanner.
— Quel conseil, hein ?
— De retourner au comptoir et d’aller demander et d’utiliser un ancien décodeur en attendant lundi.
— Elle t’a demandé d’aller reprendre le décodeur qui ne marchait pas et que tu venais d’échanger ! ?
— Non pas ce décodeur-là, le tout noir, mais le plus ancien modèle, le noir et blanc.
— Elle t’a demandé de reprendre le vieux décodeur qu’on avait remplacé ? !
— Elle m’a dit que c’était juste pour dépanner en attendant. J’ai refusé en disant que je demandais qu’on coupe dans mon abonnement les cinq jours sans télé.
— Qu’est-ce qu’elle t’a répondu ?
— Que ce n’était pas prévu dans le contrat. Je lui ai dit que puisque je n’aurais de télé pendant cinq jours je demandais qu’on coupe ça de mon abonnement. On fait comme ça dans mon bureau : quand un travailleur ne vient pas travailler, on coupe sa journée.
— Qu’est-ce qu’elle t’a répondu ?
— Elle a répété qu’elle était désolée, mais que ce n’était pas dans le contrat tout ça et je lui ai dit de me passer son chef. Lui aussi il était désolé du temps que cela allait prendre, mais avec le congé tout ça. Et il m’a proposé une autre solution de dépannage
— d’aller prendre un décodeur en emprunt chez un autre abonné ?
— Tu es fichant même, toi ! Non, il m’a dit de télécharger une application sur le net afin de pouvoir voir mes programmes sur un ordinateur ou un téléphone portable !
— C’est pas vrai !
— Oui, toi. Je lui ai dit que ce que je voulais c’est de pouvoir voir mes programmes dans MA TELE et pas sur un ordinateur ou un téléphone ou sur n’importe quelle machine. Il m’a dit qu’il était sincèrement désolé, mais qu’il ne pouvait rien faire.
— C’est toujours comme ça : ils sont désolés, mais ils ne peuvent rien faire.
— Je lui ai parlé alors de remboursement de mes cinq jours sans télé. Il m’a répondu
— qu’il était désolé, mais que
— Ça même. Mais il m’a proposé une espèce de dédommagement. Il m’a dit qu’après la réparation il allait me donner gratis toutes les chaînes de son bouquet pendant deux semaines.
— Mais qu’est-ce que tu vas faire avec toutes ces chaînes-là ? Déjà que tu n’as pas le temps de regarder tout ce que tu as dans ton bouquet.
— Je lui ai dit la même chose. Il m’a répondu qu’il ne pouvait rien faire et qu’il était sincèrement désolé.
— Qu’est-ce que tu vas faire alors ?
— Attendre le technicien, qu’est-ce que je peux faire d’autre. C’est à cause de ça même que je te demande de me rendre le service d’enregistrer mon feuilleton. Après, je vais écrire aux associations de consommateurs, aux programmes de radio et même envoyer une lettre au ministre.
— Pour dire quoi ?
— Pour raconter mon histoire et dire à quel point les droits des consommateurs ne sont pas respectés. Dans ma colère, j’ai voulu résilier mon abonnement à ce bouquet, mais je ne peux pas.
— Comment ça tu ne peux pas ?
— On m’a expliqué que selon le contrat — que j’ai signé sans le lire, comme tout le monde — il est dit que même si un abonné met fin à son abonnement il doit continuer à payer jusqu’a la fin de l’année.
— C’est pas vrai !
— Oui, m’a dit que c’est comme ça. Et tu ne sais pas la meilleure toi, ce qui m’a fait le plus enrager.
— Quoi ? Qu’est-ce qui est arrivé encore ?
— Le lendemain, ils m’ont envoyé un SMS pour me demander si j’étais satisfait du nouveau décodeur ! Ça, c’était vraiment le bouquet !

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J.C A

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