CORRUPTION : L’économie africaine toujours grippée par la corruption

DIPLAL MAROAM

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Un quart de siècle après l’entrée en vigueur de la mondialisation, du point de vue de la qualité de vie, notre continent peine toujours à sortir la tête hors de l’eau, ce en dépit du fait que de nombreux pays africains comptent actuellement parmi les économies les plus dynamiques au monde, avec une croissance alimentée, dans certains cas, par les nouvelles découvertes de ressources énergétiques et de minerais stratégiques. Pourtant, un tiers des personnes les plus pauvres de la planète vivent en Afrique subsaharienne, région qui compte de nombreux pays les plus inégalitaires au monde. Or, là où les inégalités sont importantes, les fruits de la croissance économique demeurent inaccessibles aux couches les plus défavorisées de la population. La pauvreté et l’exclusion nuisent à la stabilité sociale, accroissent la tension et l’insécurité et, par conséquent, phagocytent la productivité et la compétitivité.

Un des maux chroniques qui continuent à ronger les pays africains aujourd’hui, c’est bien évidemment, la corruption. Lors d’un rassemblement à East Cape, le 27 avril 2019, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, n’est pas passé par quatre chemins pour identifier une des causes principales de la pauvreté dans son pays. « In certain regions, funds are diverted, stolen », avait-il martelé. Mais il n’y a pas que l’Afrique du Sud, qui est en proie à ce hideux phénomène. En effet, il n’est un secret pour personne que l’aide publique au développement (APD) n’a pu apporter les résultats escomptés car l’argent serait siphonné ailleurs. En outre, dans beaucoup de cas, l’annulation totale de la dette des pays africains a eu des effets tout à fait contre-productifs. Tout en ruinant les efforts de bonne gestion mise en place par quelques nations vraiment décidées à s’affranchir de la tutelle financière des pays donateurs, elle a, en même temps, récompensé des États défaillants qui, eux, se complaisent dans la malversation et l’opacité de leur gouvernance. Les pays développés apporteraient ainsi une assistance beaucoup plus utile au continent s’ils travaillaient de concert avec les leaders politiques locaux mais aussi les dirigeants des milieux économiques et de la société civile afin d’élaborer avec eux des solutions durablement efficaces.

Pour revenir à l’Afrique du Sud, l’euphorie des promesses d’une « vie meilleure pour tous », après l’accession de Nelson Mandela au pouvoir en mai 1994, a manifestement cédé la place à la désillusion et au désenchantement. Même la Banque mondiale reconnaissait l’an dernier que, depuis 1994, les inégalités n’ont pas cessé de croître dans ce pays, au point de faire une des sociétés les plus inégalitaires au monde. Hormis le chômage, qui continue à gangrener cette première puissance industrielle du continent et qui touche aujourd’hui 27% de sa population active, contre 20% en 1994, la corruption dans les entreprises publiques et la criminalité endémique demeurent hautement préoccupantes. Il est malheureux qu’un leader de calibre de Nelson Mandela eût opté pour un seul et unique mandat en tant que président de son pays. En 5 ans, l’on ne change pas la destinée d’un peuple et la vie d’une nation. Et encore moins en 100 jours, comme avait promis Navin Ramgoolam en 2005. Une plus longue mandature aurait certainement permis au leader historique sud-africain, prix Nobel de la paix, de jeter de nouvelles bases socio-économiques en vue de l’intégration d’une plus large frange de la population qui a tant souffert de l’ostracisme pendant des générations. « Le temps est venu de soigner les blessures, de construire une nouvelle société sur des bases égalitaires », avait déclaré Nelson Mandela lors de son discours d’investiture. Or, force est de constater aujourd’hui que, sur la base de l’inégalité raciale, a émergé l’inégalité économique – terrain propice à la prolifération des fléaux de toutes sortes.

Finalement, sur le plan continental, les grands enjeux sont également ceux du réchauffement climatique et de la sécurité alimentaire dans un contexte d’une démographie galopante qui pourrait atteindre environ 2,5 milliards d’individus d’ici 2050 contre 1,2 milliard actuellement.

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