Covid-19: certains patients atteints d’un cancer voient leurs traitements bousculés

Covid-19: certains patients atteints d’un cancer voient leurs traitements bousculés

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Parmi les plus fragiles menacés par la pandémie de coronavirus se trouvent les personnes atteintes d’un cancer, dont le système immunitaire ne les protège pas suffisamment. Les malades qui sont atteints d’un cancer reçoivent des chimiothérapies, des radiothérapies et différents traitements qui, en plus du cancer lui-même, peuvent faire baisser l’immunité, ce qui, selon les spécialistes, multiplie par quatre le risque d’hospitalisation en cas d’infection.

Or, après une infection au coronavirus ou tout autre virus, il faut une défense immune efficace pour rendre le virus silencieux. Ainsi, chez ces malades, le coronavirus risque de créer plus de dégâts et durer plus longtemps. D’où l’appel des autorités pour que ces personnes prennent le maximum de précautions nécessaires en évitant notamment de sortir. Ces derniers jours, les services de santé publics et privés pour les patients atteints de cancer sont toujours opérationnels, mais en raison du confinement et avec le chamboulement dans le service hospitalier, plusieurs voient leurs traitements bousculés par la pandémie de Covid-19.

Difficile de poursuivre ses traitements lorsque l’on est atteint d’un cancer durant cette période de confinement. Si les autorités affirment que les services d’oncologie se poursuivent normalement, selon les témoignages recueillis par Week-End, plusieurs soins, qu’ils soient thérapeutiques ou chirurgicaux, ont été modifiés, voire reportés, pour éviter tout risque de contamination des patients par le virus. Opérations chirurgicales reportées, chimiothérapies et radiothérapies décalées. D’ailleurs, le personnel médical affecté à ces départements a également vu son plan de travail bousculé, car appelé aussi à être, à un moment ou un autre, on the frontline face au Covid-19.

J.J raconte le stress que vit sa famille depuis l’annonce du confinement total à Maurice. Au stress de voir l’état de son père atteint d’un cancer s’est ajouté celui de lui faire recevoir ses soins comme prévu. « Cela fait sept mois que mon père suit un traitement pour sa leucémie à l’hôpital de Candos. Tous les quinze jours, il doit s’y rendre une première fois pour une transfusion sanguine et une seconde fois pour effectuer sa chimiothérapie. Mais depuis le confinement, tout a été chamboulé », dit-il. D’une part, parce que la famille a bien compris les mises en garde des autorités quant aux patients cancéreux. Et d’autre part, parce que le service même offert par l’hôpital est bousculé.

En effet, son père devant se rendre à son rendez-vous pour sa transfusion sanguine il y a une semaine, J.J appelle les services de santé pour que l’ambulance vienne récupérer le patient et son épouse comme à l’accoutumée. Cependant, il apprend que les ambulances sont toutes prises pour les cas de Covid-19 et qu’il n’y a aucun transport pouvant venir récupérer le malade. On lui recommande par ailleurs de se rendre à l’hôpital par ses propres moyens pour éviter les risques de contamination. D’origine très modeste, la famille ne peut se permettre de prendre un taxi pour sortir du Sud et se rendre à Candos. Le recours aux services de la police a aussi été vain. Cette semaine-là, le patient est resté sans soin. Et c’est la peur au ventre d’attraper le Covid-19 en sortant de chez elle que son épouse s’est finalement rendue à l’hôpital de la localité en fin de semaine pour récupérer quelques médicaments.

Double                angoisse

Ce n’est que quinze jours plus tard que l’hôpital de Candos a finalement envoyé une voiture pour récupérer ce patient pour qu’il puisse faire sa chimiothérapie. Or, en raison des consignes sanitaires, il a dû s’y rendre seul. « La chimio est une dure épreuve. Généralement, j’accompagne mon mari. Mais là, cela n’a pas été possible. Ça doit être encore plus éprouvant pour lui », dit M. J. Vendredi, son époux a pu effectuer une deuxième séance de chimio durant cette période de confinement. C’est avec appréhension qu’elle attendait son retour à la maison. « Mo’nn paré so linz mo pe atann devant la porte. Bizin prend beaucoup précaution, désinfecté avant li rentre dans la maison. On ne sait jamais ce qu’il a pu attraper à l’hôpital. Même si je sais qu’il y a beaucoup d’hygiène, je crains pour la santé de mon mari et celle de notre famille » dit-elle. Et d’espérer que la semaine prochaine, ce ne sera pas encore une fois la croix et la bannière pour que son époux puisse effectuer sa transfusion sanguine.

Comme cette famille, d’autres vivent dans l’angoisse pour leur proche nécessitant des soins pour traiter leur cancer. C’est aussi le cas pour R.T, souffrant d’un cancer au stade avancé et qui a récemment subi une opération. Elle devait commencer sa chimiothérapie dans le service hospitalier à la mi-mars. Mais en raison du confinement, cela n’a pu se faire. « J’ai appelé pour savoir quelles sont les procédures pour que ma mère puisse se rendre à l’hôpital et on m’a conseillé de ne pas commencer son traitement dans l’immédiat afin que ma mère reste loin des risques que comporte le service hospitalier concernant le Covid-19 », indique S.T, la fille de R.T.

Recours à la hotline 8924

N’étant pas rassurée, car estimant que sa mère a impérativement besoin de soins pour combattre le cancer au plus vite, S.T s’est enquis auprès de son médecin traitant. « Le médecin également m’a dit que puisque ma mère n’a pas encore commencé son traitement de chimiothérapie, il mieux vaut décaler ses séances. Ce que je comprend, mais d’un autre côté, est-ce que cela ne comporte pas plus de risque si entre-temps sa santé se détériore et que son cancer s’aggrave ? » se demande-t-elle.

D’autres patients devant se rendre à l’étranger pour soigner leur cancer voient aussi leur rendez-vous médical repoussé en raison du lockdown presque partout à travers le monde. Plusieurs patients qui devaient par exemple se rendre en Inde la semaine dernière n’ont pu le faire. Certains affirment que leurs appels aux autorités concernées sont restés vains. C’est ainsi dans une double angoisse que vivent ces patients qui, de par leur vulnérabilité craignent le Covid-19 et  redoutent une détérioration de leur état de santé, ne pouvant bénéficier pour l’heure de leur traitement.

Du côté des autorités, on laisse entendre que les unités de cancérologie fonctionnent normalement. Si certaines chirurgies ont été décalées en attendant la fin du confinement, les autres traitements sont toujours en cours. Tous les rendez-vous sont traités pour ces cas-là, nous affirme-t-on. Cependant, le service hospitalier étant aussi à l’épreuve du Covid-19, les séances peuvent prendre plus de temps que d’habitude. Par ailleurs, il est recommandé aux patients de prendre toutes les précautions nécessaires avant de se rendre à l’hôpital. Pour les patients qui ont des interrogations quant à leur cas et le traitement en cours, ils peuvent avoir recours au 8924, la hotline du ministère de la Santé.

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