Economie : Fitch Solutions prévoit une baisse du taux d’intérêt à 3,25%

  • L’institut évoque des « growing headwinds to economic growth »

La faible inflation en cours actuellement donne la marge de manœuvre nécessaire à un desserrement monétaire. Tel est en tout cas l’avis émis par Fitch Solutions, qui cite aussi les difficultés dans les secteurs du sucre et des services financiers (« growing headwinds to economic growth ») et la faible croissance du crédit comme facteurs pouvant favoriser une baisse des taux d’intérêt. Dans son  rapport Monetary Easing Likely In Mauritius In 2019, Fitch Solutions estime ainsi que le Comité de politique monétaire (CPM) abaissera dans le courant de l’année le taux d’intérêt à 3,25%, contre 3,50% actuellement. Rappelons que la prochaine réunion du CPM est annoncée pour le 9 août.

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Fitch Solutions s’attend que la BoM procède à un assouplissement monétaire, citant des « rising headwinds to growth ». De plus, le cabinet explique que la baisse des prix mondiaux du pétrole et une politique monétaire mondiale plus accommodante contribueront à réduire l’inflation, « providing cover for the modest cut ». L’inflation a été négative ou très faible jusqu’à présent en 2019, « ce qui nous a amenés à réviser à la baisse notre prévision d’inflation annuelle moyenne de 2019 de 3,3% à 1,9% ». Cette baisse de prévision pour l’inflation est en partie due à la baisse des prix du pétrole, le brut du Brent s’échangeant à un niveau inférieur de 18,9% depuis le début de l’année. Fitch explique : « Our Oil and Gas team expect that average annual prices will be 2.4% lower in 2019 than in 2018, which will reduce the impact of transport inflation and fuel prices. Moreover, though the Mauritian rupee has lost 4.4% of its value in the year-to-date as opposed to 1.4% in the whole of 2018, we believe that a more dovish monetary policy stance by global central banks will help to support the exchange rate, which will contain the extent to which import costs rise. »

Cet environnement de faible inflation ouvre donc la porte à un desserrement monétaire modéré pour soutenir l’économie. Rappelons que le key repo rate (KRR) est resté stable à 3,50% depuis novembre 2017, et ce, alors que le taux d’inflation a fait le yo-yo pendant cette période. Pour l’économiste Éric Ng, s’il y a une baisse du taux directeur, c’est une indication que « l’économie n’est pas au beau fixe, comme le gouvernement le prétend », estimant qu’il s’agit d’un « camouflet pour le gouvernement ». Quoi qu’il en soit, ajoute-t-il, une baisse du taux d’intérêt « ne va pas booster la croissance car le pays fait face à des problèmes structurels et que la confiance n’est pas là ».

Par ailleurs, Fitch souligne que « les prix augmenteront dans le reste de 2019 », mais à un rythme relativement lent. En 2020, Fitch prévoit une hausse de 8,6% du prix du baril de Brent à USD 76, ce qui impactera sur la croissance des prix, en moyenne de 2,8%. Et le cabinet de conclure que « nous pensons que le ralentissement de la croissance du PIB réel en 2019 et les obstacles qui touchent des secteurs économiques clés inciteront la BoM à tirer parti de la faiblesse de l’inflation pour mettre en œuvre une réduction modeste du taux d’intérêt ».

En outre, l’institut soutient que la croissance du PIB réel ralentira en 2019 sous l’effet de difficultés dans la production sucrière et les services financiers notamment. « As of April 2019, Mauritius completed implementation of revisions to its double taxation treaty with India, removing advantageous tax rates that had formerly incentivised foreign investors to base their capital in the country in order to invest in India. Following an implementation period between April 2017 and April 2019, the taxes were changed and foreign capital deposited in Mauritius has since been falling sharply. Indeed between May 2018 and April 2019, we have seen foreign liabilities held in the Mauritian banking sector falling by an average of 24.6% y-o-y, while commercial loan growth declined by an average of 7.8% over the same period. »

Dans le même temps, le secteur sucrier continue de souffrir de la faiblesse des prix mondiaux du sucre et de la concurrence accrue sur le marché d’exportation européen. Fitch cite un autre facteur susceptible de faire la BoM baisser le taux directeur : la faible croissance du crédit. En effet, selon les chiffres disponibles, la croissance des prêts a enregistré un ralentissement notable ces derniers mois, plus particulièrement depuis janvier 2018. En fait, depuis mai 2018, la croissance des client loans évolue en territoire négatif (selon ses propres chiffres combinés à ceux fournis par la Banque de Maurice.)

À noter cependant que Fitch met en garde : « There are some risks to our forecast for the policy rate if international trade tensions persist leading to a major slowdown in global growth, spurring renewed “risk-off” sentiment and capital flight out of emerging markets (EMs). If there were a major decline in oil prices, reflecting weaker global growth and demand, or a dramatic sell-off in EMs, this could see the Mauritian currency decline sharply, driving import costs higher and culminating in a neutral or hawkish monetary policy stance. »

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