Giuseppe Conte : le « Monsieur Nobody » passé de l’ombre à la lumière

Giuseppe Conte, reconduit à son poste de Premier ministre dans le futur gouvernement italien grâce à ses amis du Mouvement cinq étoiles (antisystème), fait figure de miraculé, auréolé tardivement de toutes les vertus.

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Cet avocat inconnu avait été propulsé l’an dernier à la tête d’un gouvernement populiste italien par ses deux hommes forts, endossant l’habit d’un discret arbitre. Depuis quelques mois, il était toutefois devenu, dans les sondages, l’un des responsables politiques les plus populaires du pays.

Après avoir démissionné mardi 20 août, il a été officiellement chargé jeudi par le président italien Sergio Mattarella de former un nouveau gouvernement avec le Parti démocrate (centre gauche) et les inclassables Cinq Etoiles.

Devant la presse, M. Conte a indiqué vouloir un pays « plus juste, plus compétitif et plus inclusif », et il a promis de redonner à l’Italie « la place qu’elle mérite » et « un rôle de premier plan en Europe ».

L’homme a fait l’objet récemment d’une tresse de louanges. « Tu es une perle rare, un serviteur de la nation que l’Italie ne peut pas perdre », lui avait lancé, dithyrambique, le jour de sa démission, Luigi Di Maio, chef du Mouvement cinq étoiles, qui a fait pression durant des jours pour un gouvernement « Conte bis ».

Croisés au G7 de Biarritz en France, le président du Conseil européen Donald Tusk mais aussi le président américain Donald Trump lui ont rendu un hommage inattendu.

 – Remarqué par Trump et Tusk –

« Il a toujours défendu les intérêts de l’Italie. C’est l’un des meilleurs exemples de responsabilité et loyauté », a lâché M. Tusk. « Il adore son pays et travaille bien avec les Etats-Unis. Un homme très doué! », a apprécié M. Trump.

L’Italien est passé du statut de « Monsieur Nobody à Mister Conte », selon la formule de l’ancien journaliste politique Aldo Garzia.

En annonçant sa démission devant le Sénat, le Premier ministre s’était livré à une quasi vendetta contre Matteo Salvini, le chef souverainiste de La Ligue, qui avait accusé le coup, les yeux baissés ou embrassant son chapelet. Une fermeté de dernière minute qui a pu rehausser la stature de Conte.

Le très discret professeur d’université avait alors qualifié « d’irresponsable » l’homme qui a fait voler en éclats le 8 août la coalition au pouvoir et accusé d’avoir poursuivi « ses propres intérêts et ceux de son parti ».

L’avocat de 55 ans, qui avait habitué les Italiens à un langage de retenue, avait déjà surpris quelques jours auparavant en attaquant M. Salvini sur sa « focalisation obsessionnelle » sur l’immigration.

Proche du Mouvement 5 étoiles, après avoir voté toute sa vie à gauche, il avait été propulsé en 2018 Premier ministre, du jour au lendemain. Parti un matin pour donner ses cours à l’université de Florence, il avait prêté serment le lendemain et représentait l’Italie à la table du G7 au Canada une semaine plus tard.

Un tout nouvel univers pour cet homme né en 1964 à Volturara Appula, un village de 500 habitants dans les Pouilles (sud de l’Italie), qui a grandi auprès d’un père secrétaire communal et d’une mère maîtresse d’école à San Giovanni Rotondo, la ville de Padre Pio, le saint le plus révéré d’Italie.

– Confidences à Angela –

En février, une caméra indiscrète avait surpris une conversation privée en marge des discussions de Davos dans laquelle il expliquait à la chancelière allemande Angela Merkel son désarroi face au peu d’espace que Matteo Salvini laissait à son partenaire gouvernemental Luigi Di Maio. « Ma force c’est que quand je dis +maintenant on arrête+, ils ne se battent pas », avait-il assuré à Angela Merkel.

Giuseppe Conte a parfois tenté de s’imposer, prenant à son compte les discussions avec Bruxelles, exigeant la démission d’un sous-secrétaire d’Etat de la Ligue soupçonné de corruption, ou mettant fin récemment à la polémique sur le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin rejeté par M5S.

Lui qui a fait des études de droit à la Villa Nazareth, une université catholique pour étudiants défavorisés à Rome, a enseigné le droit privé en Sardaigne, à Rome, à Florence et à Malte.

Il a aussi été membre du conseil d’administration de l’Agence spatiale italienne, consultant juridique de la Chambre de commerce de Rome et membre du comité de surveillance de plusieurs compagnies d’assurances en faillite.

Séparé de son épouse, il a un fils de 11 ans avec lequel il partage une passion pour le football.

 

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