Libérer les concubines précoces des limites de la pauvreté

Dans le genre de quartier où vit Anna, les filles ne se marient pas avant 18 ans. Dans ces quartiers — qui se ressemblent tous d’ailleurs parce qu’ils ont un dénominateur commun qu’est la précarité sous toutes ses formes —, des jeunes filles qui ne vont plus à l’école à 14-16 ans sont actives sexuellement et deviennent mères précocement. Bien souvent, elles vivent avec leur compagnon du moment sous le toit familial, c’est-à-dire dans des pièces étroites, dans une promiscuité malsaine et sans sanitaires adéquats. Exposées aux infections sexuellement transmissibles, à la toxicomanie, aux abus sexuels, elles sont vouées à la marginalisation sociale et la vulnérabilité économique.

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Les mineures qui deviennent femmes prématurément, c’est malheureusement une réalité occultée dans notre société. À ce jour, il n’y a aucun plan national préventif pour combattre cette problématique qui touche un bon nombre de nos adolescentes principalement dans des foyers affectés par la pauvreté. Même la loi rendant la scolarité obligatoire jusqu’à l’âge minimum de 16 ans n’a pas été un rempart contre la déscolarisation de ces filles, avec les conséquences que l’on connaît. Pourtant, la République de Maurice est reconnue sur le continent africain pour l’impulsion donnée à l’éducation et l’accès à l’école à près de 100% des enfants en âge d’être scolarisés au primaire. À Maurice, les filles ont la chance d’aller librement à l’école, contrairement à l’Éthiopie, où une fille sur trois est arrachée de la vie scolaire pour celle du mariage. Mais force est de constater que les autorités qui ont la prérogative de veiller qu’aucun enfant n’est privé d’éducation ou d’apprentissage dès son adolescence n’ont pas été en mesure d’être à la hauteur de cette tâche !

Il est annoncé que l’âge légal du mariage passera bientôt à 18 ans. Si cela s’avère, l’on ne peut que se réjouir. Si le Children’s Bill est voté avec la loi interdisant le mariage des mineurs, Maurice, pays développé, ne fera pas un pas en avant ! Non, car en tant que signataires de la Convention des Droits de l’enfant, nous sommes ridiculement en retard sur cette question et nous aurions dû avoir adopté ce move depuis des décennies. Mais, il vaut mieux tard que jamais. Car une telle loi est tellement importante lorsqu’il est question de protection des enfants. Il faudra en parallèle aussi penser au concubinage entre mineures et adultes. Trouver les moyens de prévenir cela. Et donner ainsi la chance à toutes ces jeunes filles moins de 18 ans des régions et foyers en proie à la vulnérabilité socio-économique de s’épanouir autrement que dans les limites et les affres de la pauvreté.

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