Montagne Ratsitatane

AVINASH RAMESSUR

- Publicité -

Il fut un prince exilé sur notre terre.

Infortuné, au centre de calculs politiques

Il dérangea fortement les forces établies

Qui prospéraient en abaissant l’homme de couleur.

 

Un prince de couleur incarnait un oxymore

Mettant en péril les axiomes de la domination

Il devint donc un trophée de choix lorsqu’il

S’échappa avec l’ambition de retrouver son pays.

 

Maudit soit le frère traître qui indiqua sa cachette

Et le désigna comme chef révolutionnaire armé

Voulant émanciper ses frères de l’oppression

Capturé, il devint le symbole qu’il fallait écraser.

 

Lui, le présumé sauvage vit s’abattre sur lui

Toute la sauvagerie du civilisé du jour

Au terme d’un procès mené tambour battant

Par les puissants pour les puissants

Sa sentence fut terrible et cruelle.

 

Par trois fois, à la Plaine-Verte, le bourreau s’employa

Pour détacher sa tête qui pour servir d’exemple

Se retrouva sur un piquet à la Montagne des Signaux.

Ainsi sont les lois qui servent les intérêts des maîtres.

 

Il est grand temps de réparer cette injustice

Et de donner valeur de symbole à ce prince

Dans ce pays où on a forcé l’oubli des dégâts

Causés par l’oppression et l’écrasement brutal.

 

Quelle meilleure façon que de donner ton nom

À cette montagne où ta tête fut paradée et exposée

Comme conséquence de la volonté d’être libre.

Qu’elle devienne donc la Montagne Ratsitatane !

 

Un symbole, phare de la liberté en notre pays.

Et qu’elle serve de rempart contre l’oppression

De l’homme sur l’homme !

Ce poème est un hommage à un « illustre révolutionnaire », Ratsitatane, prince et général malgache de haut rang décapité le 15 avril 1822. Car, encore de nos jours, le simple fait de vouloir conserver un esprit libre déplaît fortement à ceux, de tous bords, qui protègent leurs intérêts en demandant l’asservissement (et la médiocrité de la pensée) chez les autres.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour