Moris, nou zoli pei !

Chaque nouvelle pression exercée sur les militants de Aret Kokin Nou Laplaz (AKNL) et de Rezistans Ek Alternativ (ReA) frise un peu plus le ridicule… Pour ne pas dire l’absurde. L’interpellation cette semaine du meneur Ashok Subron, syndicaliste émérite et grande gueule devant l’Éternel, dans le sillage de la manifestation du week-end dernier sur la plage de Pomponette, n’est pas choquante, mais écœurante. Elle pue à plein nez l’unique désir d’oppression, d’intimidation et de répression.

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Évidemment, personne n’est dupe de ces tentatives de réprimer les rares Mauriciens qui tentent, en dépit de toute forme de totalitarisme et d’autres types d’abus de pouvoirs, de faire entendre leur voix, la voix du peuple, en fait, et qui bravent ces obstacles.

Des patriotes qui persévèrent, tout en sachant ce qui les attend forcément, car quel que soit le pouvoir en place, il fait usage de sa force envers ces (trop rares) citoyens qui ne veulent aucunement se taire face aux injustices multiples. Traîner des personnes dans la boue, quelles qu’elles soient, tant des personnalités politiques que de nombreux anonymes, n’avance à rien. Ce n’est aucunement une expression de la force ni de pouvoir. Ce n’est que de l’arrogance du pouvoir. De nombreux Mauriciens l’ont déjà compris depuis des lustres. Sauf quelques secoués du ciboulot qui persistent à faire usage de forces diverses – psychologiques et physiques – pour témoigner de leur statut… Pitoyables !

Ironie du sort : dans le sillage des actions menées par AKNL et ReA, le Premier ministre, qui briguera prochainement son mandat via des élections réglementaires, tandis qu’il occupe actuellement ce poste sans être passé par cette étape, tiendra le week-end prochain sa fameuse campagne nationale de nettoyage, annoncée et applaudie lors du dernier budget : Moris nou zoli pei. Aurait-on loupé un épisode ?

D’un côté, des activistes, des patriotes qui ont à cœur le développement de leur pays et qui refusent que l’État ou toute autre entité brade ce qui appartient aux citoyens, et qui acceptent de prendre des risques énormes, pour ce faire. Et de l’autre, un chef de gouvernement qui souhaite embellir son pays, qu’il trouve « sale » (il l’a déclaré lors d’une conférence de presse jeudi dernier). Il y a comme un… bug, dirait l’autre. Les raisons avouées, tant celles d’AKNL et ReA que celles de Pravind Jugnauth, se rejoignent : faire de notre pays, qui accueille de surcroît dans une dizaine de jours les 10e Jeux des îles de l’océan Indien, un endroit attirant, propre, où il fait bon vivre. Un pays résolument tourné vers la modernité, tant dans ses infrastructures que dans sa manière de penser. N’oublions pas, dans la foulée, que le Premier ministre indien, Narendra Modi, et le pape François fouleront également le sol mauricien dans quelques semaines. Le temps, effectivement, d’inculquer des “Best Practices” aux citoyens en matière d’hygiène et de respect de l’environnement, et de les encourager à les cultiver pour toujours.

Pourtant, les autorités, mandatées par le même chef du gouvernement qui mettra la main à la pâte le week-end prochain, traitent avec un mépris total les membres d’AKNL et de ReA. Ceux-ci sont cependant loin d’être des hooligans et des “goonda”. Aux côtés de certains militants de Greenpeace, par exemple, et d’autres associations de la même veine, nos activistes locaux font figure d’enfants de chœur. Non pas qu’ils manquent d’envie d’en découdre si on en venait là. Mais par respect des institutions et dans un souci de bien faire les choses, en suivant les procédures.
Hélas, au final, ils sont traités comme des bons à rien. Et pendant ce temps, le moindre déplacement d’un caïd de la mafia se chiffre à des sommes astronomiques, ponctionnées des poches des citoyens. Eh oui, bienvenue à Moris, nou zoli pei…

On dirait plutôt davantage un bateau fou, qui tangue de plus en plus dangereusement, tant on ne sent plus la présence d’un capitaine à bord et où chacun fait un peu près ce qui lui plaît. D’ailleurs, a-t-on jamais vraiment senti la présence, durant ces quatre dernières années, de ce commandant qui donne plus l’air de naviguer entre les écueils ?

 

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