Pèlerinage pédestre à l’île Rodrigues

ANICK DRIVER (60 ans)

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Mauricienne vivant à Rodrigues

Quand on parle de Pèlerinage, on pense à Jérusalem (Terre Sainte), Lourdes, Medjugordjé, et autres lieux de culte. Mais quelle belle idée a eu Mgr Alain Harel de faire de Rodrigues un lieu de pèlerinage, d’avoir écrit la partition d’un pèlerinage spirituel, d’autant plus que la Cendrillon des Mascareignes est devenue bien plus accessible d’un point de vue géographique et financier. Le tour-opérateur Rodrigues Friendly a mis en œuvre ce rendez-vous en mettant cette partition en musique.

Entamant une nouvelle étape de ma vie – la retraite, le départ des enfants, une convalescence récente – bref, un moment où on s’arrête pour voir le sens qu’on veut donner à sa vie – “sens” dans le sens de “direction” et “meaning”, j’ai saisi l’opportunité de participer au 3e pèlerinage pédestre officiel sur les sentiers de Rodrigues en avril de cette année. C’était pendant le carême, une période idéale pour cheminer et méditer en quête de réponses. J’avais entamé comme d’habitude à cette période quelques privations alimentaires et je pensais à tous les bénéfices personnels que ces 4 jours de marche allaient m’apporter. Bien vite, tout cela allait prendre une autre dimension.

Le pèlerinage sur les sentiers n’est pas une randonnée au sens propre du terme, ou une marche à pas forcé ! Dans le petit livre d’accompagnement rédigé par Mgr Harel, il est écrit : “Un pèlerinage est une expérience spirituelle ; la marche à pied est la plus spirituelle des activités physiques, le rythme de nos pas entraîne notre méditation. Nos pieds miment la progression d’un esprit en quête de vérité.” D’emblée, ça répondait un peu à ce que j’étais venue chercher.

Je ne peux pas tout vous raconter en détail ; il y aurait trop à dire, et surtout par respect pour vous, futurs pèlerins probables. Sur la route d’un pèlerinage, comme sur toute route spirituelle, nous sommes tous en marche, mais à différents points : au départ, à la croisée, lent à redémarrer, abandonnant devant un obstacle, ou après une chute ; on se croit parfois arrivé, mais le lendemain, il faut recommencer. L’important, c’est d’avancer, ensemble ! Chaque étape, chaque église visitée (certaines pour la première fois), était riche de son histoire, de sa vie communautaire ; j’avais soif d’en savoir un peu plus à chaque fois, et montaient en moi, jour après jour, à la fois des chants de louanges et aussi des moments de méditation.

Pour avancer, comme dans la vie, il fallait se dépouiller de ce qui pouvait m’encombrer, n’apporter que l’essentiel – bâton, eau, et sandales (non ! de bonnes chaussures de marche qui sont essentielles pour faire le parcours en toute sérénité). Il fallait parfois de la patience et de l’humilité pour cheminer avec les autres, en sachant apporter un encouragement, un soutien, ou tout simplement accepter un coup de main.

“Si le peuple juif a erré 40 ans dans le désert, c’est qu’il leur fallait apprendre à être libre”. Une phrase clé que j’ai retenue lors de la conférence donnée par Mgr Alain Harel en soirée le 3e jour du pèlerinage. A chacun de chercher ce qui l’empêche d’être vraiment libre – « la vérité te rendra libre » – voilà encore un grand pas en avant.

Je ne pourrais pas terminer sans parler du groupe : des Réunionnais, des Mauriciens – dont un monsieur de plus de 90 ans, (Chapeau bas monsieur) – et des Rodriguais – des gens, qui hier encore, pour la plupart étaient des étrangers et aujourd’hui friends dans un groupe WhatsApp, où nous ne finissons pas de partager les moments forts vécus pendant le pèlerinage, mais aussi de partager sur notre vie quotidienne.

Pour finir, à la messe de clôture, celle des pèlerins, il nous fallait apporter une pierre trouvée sur notre parcours et la déposer devant l’autel, une pierre qui symbolise l’aboutissement de notre cheminement. Cela m’a fait prendre conscience que nous sommes tous en pèlerinage sur cette terre, depuis Abraham, Moïse, les évangélistes- dont des églises portent leur nom, Marie, Ste Thérèse, mes parents décédés, mes proches qui arrivent à la fin de leur pèlerinage, et d’autres qui commencent le leur. Tous nous portons notre pierre à l’édifice. Je suis fière de former partie de cette grande famille de pèlerins de Rodrigues, à la suite de Jésus – le Chemin, la Vérité et la Vie.

Habitant à Rodrigues et déterminée à participer au prochain pèlerinage prévu du 2 au 6 août 2019, j’espère avoir l’occasion de continuer ma marche avec d’autres pèlerins de l’océan Indien.

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