Politique : Un 1er-Mai au parfum électoral

Le lundi 25 février constituera un «double D-Day» politique avec le jugement du Privy Council sur MedPoint à 14h30 et le «pronoucement» de la Cour de La Haye sur les Chagos à 18h

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Le QG du Sun Trust prévoit d’enclencher à partir de demain après-midi « la logistique politique avec en point de mire le rassemblement de la Fête du Travail »

Le MMM, qui affirme « Nou pa mamzel nou », maintient le target avec la liste de ses 60 candidats tout en affûtant ses armes pour la rentrée parlementaire du 26 mars

Le Labour : « Ce n’est pas le jugement du Privy Council qui tirera le pays du marasme économique, avec des licenciements massifs dans le textile et des investissements en chute libre ou le crash financier de MK »

Le PMSD : « La question est de savoir si le jugement des Law Lords will be sufficient enough to carry Pravind Jugnauth électoralement ou s’il aura recours à des political goodies in store avec le prochain budget »

Même avec son dénouement imminent, le scandale MedPoint continue à hanter l’échiquier politique. À moins de 24 heures de ce qui pourrait être présenté comme un double D-Day en politique, dont la publication des attendus du jugement du Judicial Committee of the Privy Council dans l’appel du Directeur des Poursuites Publiques contestant l’acquittement du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le pronouncement de la Cour Internationale de Justice de La Haye sur les Chagos, les données politiques, avec en toile de fond la tenue des prochaines élections générales, en sont tributaires. Certes, le Premier ministre et leader du MSM tente de calmer le jeu en avançant dès mardi dernier à Plaine-Magnien l’éventualité d’un prochain discours du budget et aller jusqu’au bout du mandat de cinq ans. Mais quitte à éviter de se lancer dans des spéculations au sujet des échéances électorales, les observateurs politiques s’accordent à souligner que le prochain 1er-Mai, Fête du Travail, s’annonce résolument sous le signe des élections législatives.

En cas du scénario de snap elections, donc avant le mois du Ramadan, de mai à juin de cette année, les rassemblements politiques du 1er-Mai pourraient clôturer la campagne ou, au cas contraire, soit le scrutin en octobre prochain, ils constitueront une étape incontournable de la roadmap vers les législatives.
La quasi-certitude à l’effet que Pravind Jugnauth devrait être libéré dès demain du “boulet pénal” de l’affaire MedPoint en l’absence de tout « personal interest » au terme des analyses des Law Lords du Privy Council et une éventuelle advsory opinion sur les Chagos favorable à Maurice représentent deux cartes maîtresses aux mains des Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office pour élaborer et dicter le menu électoral du pays. Jusqu’à ce week-end, Pravind Jugnauth s’est gardé de commenter, tout au moins publiquement, le cours des événements (voir texte plus loin).

« Le Premier ministre ne parlera pas jusqu’à lundi. Nous préférons attendre de prendre connaissance de la teneur du jugement du Privy Council dans l’affaire MedPoint, mais aussi de celle du pronouncement de la Cour Internationale de Justice sur les Chagos. Puis, Pravind Jugnauth dira ce qu’il a à dire », laisse-t-on entendre cu côté de Lakwizinn du PMO, ajoutant dans la matinée d’hier qu’il ne fallait pas s’attendre à des indications relatives lors des délibérations du bureau politique au QG du Sun Trust. Toutefois, ces mêmes sources s’empressent de confirmer qu’avec « la grande rentrée politique du MSM, la logistique menant au 1er-Mai en passant par les célébrations officielles de la fête nationale du 12 mars et de la Journée internationale de la Femme du 8 mars sera déployée. Apre nu pu déklans saki bizin déklansé. »
Un unknown public factor jusqu’ici dans le jugement du Privy Council reste les commentaires des Law Lords au sujet des faits dans le dossier de l’affaire MedPoint ou encore par rapport aux positions adoptées à différentes étapes de ces huit dernières années par des institutions comme l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) et la Cour suprême. « Ces aspects du jugement devraient se présenter sous forme d’irritants à être gérés par Lakwizinn, car l’effet boomerang politique est à craindre dans la conjoncture, atténuant dans une certaine mesure le mood de jubilation en gestation au Sun Trust. Presque un couteau à double tranchant », ajoute-t-on.

Toutefois, il n’y aura pas que le jugement des Law Lords à tenir en ligne de compte dans l’équation politique en vue de déterminer le calendrier des élections générales. La situation sur le plan économique montre des signes de détérioration, avec notamment en fin de semaine la fermeture des usines du groupe Thierry Lagesse, Palmar Ltée, entraînant le licenciement de quelque 1 400 employés, notamment dans le fief déclaré du MSM de Piton/Rivière-du-Rempart (N°7) et dans la circonscription conquise à Anil Bachoo en décembre 2014, Flacq/Bon-Accueil (N°9). La tendance dans le secteur du textile ne montre aucun signe de redressement, avec d’autres unités importantes devant affronter de graves difficultés.

Un autre facteur à être doctored in the electoral matrix est la présence symbolique de sir Anerood Jugnauth sur l’estrade pendant la prochaine campagne. Le leader historique du MSM et Minister Mentor a déjà indiqué qu’il ne ne compte pas solliciter un nouveau mandat au N°7. D’ailleurs, avec une éventuelle advisory opinion de la Cour de La Haye sur les Chagos en faveur de Maurice, sir Anerood, qui est attendu d’Inde demain, se targue de pouvoir léguer un héritage politique d’envergure en complétant la décolonisation de la République.

Mais la stratégie électorale envisagée du côté de Sun Trust n’écarte pas la possibilité de voir la political figure head de sir Anerood assurer un rôle de locomotive pendant la campagne. Cette option est considérée comme étant workable en cas d’une campagne électorale courte en vue de ne pas trop l’éreinter dans le processus de légitimisation du “deal Papa/Piti” validé récemment par la Cour suprême dans le cadre de la contestation constitutionnelle logée par le PMSD.

“Koz-kozé”
Indépendamment de ces paramètres, les lake ferblan du Senior Adviser au PMO, Prakash Maunthrooa, engagé dans l’interminable procès Boskalis en Cour intermédiaire et les allégations pesant sur Youshreen Choomka, ancienne directrice générale de l’Independent Beoadcasting Authority (IBA), de Vijaya Sumputh avec ses salaires de Rs 323 000 au Trust Fund for Specialised Medical Care, les va-et-vient de Me Raouf Gulbul, présent lors du bureau politique d’hier au Sun Trust, au QG de l’ICAC, et la lutte fratricide entre parlementaires et dirigeants du MSM dans différentes circonscriptions demandent également à être réglés au préalable avec un minimum de collateral damage.

Mais le litmus test du calendrier des prochaines élections générales se résume à la présentation à l’Assemblée nationale de nouveaux amendements provisoires et transitoires à la Constitution, faute d’une réforme du système électoral en bonne et due forme. Et là sera l’occasion pour les représentants des partis politiques d’ouvrir un autre chapitre de koz-kozé, laissant craindre la conclusion de partenariat ou d’alliance en vue de ces législatives. Pour l’adoption des Constitutional Transitional Amendments, le gouvernemet MSM-ML se doit de solliciter le soutien des partis d’opposition pour cette majorité des trois-quarts.

Cette étape de consultations politiques devra agrémenter les spéculations d’alliances ou d’opérations “bras ouverts”. À ce stade, du côté des mauves, l’on fait comprendre que « nou dan MMM, nou pa mamzel, nou » et que la liste des 60 candidats est quasi-prête « pou al tousel dan eleksyon ». « Le MMM n’a pas changé de position. La liste comprend des militantes aussi bien que des jeunes. Le Policy Council travaille déjà sur le programme gouvernemental », poursuit-on en s’appuyant sur le fait que ce parti a préparé sa sortie du 10 mars pour marquer la Journée internationale de la femme.

Développements politiques
Déjà, la direction du MMM se penche également sur la mobilisation pour la Fête du Travail, probablement à Rose-Hill. « Il n’y a aucun doute, le prochain 1er-Mai sera résolument politique. Que Pravind Jugnauth privilégie des élections à très court terme ou non, le fait demeure que l’actuel mandat parlementaire est déjà à dix mois de son échéance et que la Fête du Travail sera la dernière avant les prochaines élections législatives », s’appesantit-on.

« Le MMM assumera ses responsabilités en tant que parti d’opposition dès la reprise des travaux de l’Assemblée nationale du 26 mars. Nous serons présents, comme toujours, au rendez-vous de l’hémicycle pour dénoncer les scandales et abus de pouvoir. Le track-record parlementaire du MMM ne souffre d’aucune contestation », avance-t-on comme pour répondre à la campagne sournoise sur un quelconque rapprochement politique avec le MSM.

Au Parti Travailliste, qui célèbre ce week-end ses 83 ans, l’on ne passe par quatre chemins pour réclamer la tenue des élections générales en ce début d’année. « Chaque Mauricien sait que ce n’est pas le jugement du Privy Council qui tirera l’économie de Maurice de la morosité dans laquelle elle s’embourbe de plus en plus ou encore qui sauvera des emplois dans le secteur du textile, laissé à une mort lente. 1 300 emplois déjà perdus avec également la menace sur 5 000 autres au sein de la CMT. C’est encore moins le jugement du Privy Council qui épargnera Air Mauritius d’un crash financier, avec des pertes de Rs 1 milliard en neuf mois et combien en une année. Les investissements sont également en chute libre. Le pays est assis sur un volcan social et le plus vite que Pravind Jugnauth rappelle le pays aux urnes, le mieux ce sera », s’insurge Patrick Assirvaden, président du PTr.

« Peu importe l’échéance, le Parti Travilliste avec le Dr Ramgoolam, en tirant les leçons du passé, se doit de se tenir prêt pour être à l’heure de ce nouveau rendez-vous électoral. Nous proposons un nouveau modèle économique, une nouvelle méthode de gestion des affaires du pays, une moralisation de la politique. Le Labour a pris l’engagement de présenter une liste de candidats avec 50% de nouveaux et un maximum de femmes, et nous savons pertinemment bien que les rassemblements du 1er-Mai se dérouleront en pleine campagne électorale. Nous prévoyons une accélération des mouvements dans les jours et semaines à venir », poursuit-il.

Commentant la configuration politique pour les prochaines élections, le président du Labour procède par interrogations. « Nous attendons de voir ce que fera le MMM, parti qui, durant ce dernier mandat, n’a pas épargné le MSM et qui a dénoncé la money politics du Sun Trust. De son côté, que fera le PMSD ? Et aussi le MSM ? » lance-t-il.

Au Parti Travailliste, l’on assimile à une campage, dont le but inavoué est de semer la zizanie, orchestrée par l’hôtel du gouvernement, les tentations de certains Labourites d’épouser la thèse visant à s’allier à un rising sun que de poursuivre sous un setting sun. Des noms sont cités comme étant ceux prônant un Parti Travaillsite sans lake ferblan pour la prochaine joute électorale, alors que le Lion est catégorique : il n’abdiquera nullement. Des réunions du bureau politique et de l’exécutif du PTr sont annoncées pour coordonner la présence des rouges sur le terrain en termes d’activités.
Le PMSD, qu a annulé à la dernière minute le point de presse d’hier, préfère suivre les développements politiques à venir avant de se prononcer. « La question est de savoir si le feel good factor with the ruling of the Privy Council will be sufficient enough to carry in Pravind Jugnauth. Or will the government rely upon the political goodies of the next budget », affirme-t-on à la direction du parti, tentant d’évaluer le move des autres partis, notamment le MMM, sur l’échiquier.

Chronologiquement, après les premières salves du début de semaine avec les jugements du Privy Council et de la Cour internationale de La Haye, une trêve pourrait être observée en vue du pèlerinage de Maha Shivaratree, avec les clameurs politiques gagnant en intensité au fur et à mesure que l’on se rapproche de la reprise des travaux parlementaires, dont la première séance verra la publication du rapport annuel du National Audit Office sur les finances publiques pour l’exercice financier se terminant au 30 juin 2018 comme plat de résistance

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