Problèmes d’addiction : Lottotech s’engage pour le jeu responsable

  • 67% de Mauriciens jouent « pour le fun »

Les gains aux jeux de hasard attirent, en atteste le nombre de personnes jouant au Loto lorsqu’un gros jackpot est mis en jeu. Conscient du problème d’addiction au jeu, Lottotech a décidé d’offrir son soutien à quatre Ong, à savoir Chrysalide, Étoile d’Espérance, le Centre d’accueil de Terre-Rouge et le Centre de solidarité pour une nouvelle vie, et ce dans le but de sensibiliser la population sur ce fléau et venir en aide à ceux qui en sont victimes.

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Un protocole d’accord a été signé avec ces quatre Ong vendredi matin à l’hôtel Henessy Park, à Ébène, en vue de lancer un projet pilote dont l’objectif est d’éduquer les Mauriciens sur la problématique des jeux de hasard, leur permettre d’être « plus responsables » lorsqu’ils jouent et se débarrasser de leur addiction. « En 2003, lorsque les jeux de hasard battaient leur plein, les chiffres ont démontré que les gens ont commencé à souffrir de troubles du comportement et étaient vulnérables », soutient ainsi Michelle Carinci, CEO de Lottotech. Cette situation, dit-elle, « a mené l’industrie du jeu à répondre à ce problème à travers l’éducation afin que les joueurs soient conscients lorsqu’ils jouent ». Ce programme, est placé sur le thème “responsible gamin, counselling and listening support”.

“Safe regulated gambling fun”

Pour la CEO, « la manière que nous obtenons notre argent est très importante ». Aussi, reprendelle, « mettre en place des mesures préventives est essentielle pour que les gens puissent jouer de manière responsable ». C’est ainsi que les 149 membres de la World Lotteries Association se sont engagés sous ce programme de « jeu responsable ».

Concrètement, les quatre Ong ont obtenu un financement de Rs 100 000 chacune pour continuer leur travail afin d’aider les joueurs à sortir de leur addiction. « Les gens doivent avoir les informations requises pour jouer de manière responsable », dit-elle. Et de rappeler que « jouer plus ne signifie pas que l’on gagnera au Loto » et que « ceux qui croient que les statistiques peuvent aider à gagner le jackpot sont dans le faux ». Michelle Carinci avance par ailleurs que 67% des Mauriciens jouent au Loto, même s’il s’agit d’une somme inférieure à Rs 100. Si Lottotech est spécialisée dans les jeux de hasard, la CEO de la compagnie avance que, malgré tout, le rôle de Lottotech est « d’éduquer les gens » et « d’aider ceux ayant développé une addiction aux jeux de hasard ». Une sensibilisation qui, selon elle, « n’existe que très peu » à Maurice. Raison pour laquelle Lottotech s’est associée à la démarche d’Ong dans cette voie. « C’est la responsabilité de toutes les parties prenantes afin de nous assurer que nous ayons un “safe regulated gambling fun”. »

L’Ong Chrysalide fait partie de celles-là. Selon sa directrice, Marlène Ladine, ce projet se présente comme un “challenge”. Elle explique ainsi que Chrysalide, forte de ses 15 ans d’existence, aide les femmes à se sevrer de leurs addictions en substances illicites. Le jeu provoquant également une forme de dépendance, l’Ong a donc naturellement adhéré à la démarche de Lottotech.

Marlène Ladine explique : « Sortir une personne d’une addiction quelconque demande en premier lieu un changement du comportement. Ensuite, pour que cette personne soit responsable, un accompagnement régulier est nécessaire. Mais Chrysalide pourra mettre son expérience dans ce domaine au profit de ce projet. » Et d’ajouter que même si Chrysalide s’occupe principalement des femmes, « cela ne signifie nullement que nous n’aiderons pas aussi les hommes devant être traités contre cette addiction ».

Ayant été accro pendant plus de 15 ans aux jeux de hasard et à divers produits illicites, José Ah- Choon, responsable du Centre d’accueil de Terre- Rouge dit pour part avoir été délivré depuis 33 ans de ces démons. Aussi ce dernier veut-il partager son expérience afin de permettre aux victimes de se sortir, elles aussi, de « l’enfer du jeu ». Ce qui n’est pas facile, concèdet- il, rappelant au passage sa propre expérience, ses parents ayant été propriétaires d’un casino ainsi que bookmakers. « J’étais vraiment accro aux jeux. Pour pouvoir m’en sortir, j’ai eu besoin d’un grand accompagnement. Et surtout, d’être à ma propre écoute. Aujourd’hui, je ne suis plus le joueur que j’étais », dit-il. Reste que ce travail sur soi n’est pas évident. « Nous devons être régulièrement avec les personnes souffrant de cette addiction. Car si rien n’est fait, cela devient une “maladie” incurable.

D’où l’importance d’être en contact régulier avec les victimes, afin qu’elles ne rechutent pas. » Le centre de réhabilitation Étoile d’Espérance, situé à Curepipe, s’engage lui aussi dans la démarche de Lottotech. Si l’Ong vise avant tout à aider les femmes à se sortir de l’alcoolisme, elle n’a pas hésité à s’engager auprès de Lottotech pour offrir son soutien à ceux et celles qui sont accros aux jeux. « Nous voulons être partie prenante, car nous voulons aider les autres », dit Micaella Clément, directrice associée d’Étoile d’Espérance.

Selon elle, « les familles sont souvent enfermées et ne savent pas vers qui se tourner lorsqu’un membre de la famille est accro à la drogue, à l’alcool ou aux jeux, et c’est là que nous intervenons ». Une vision que partage le Centre de solidarité pour une nouvelle vie. En trois décennies d’existence, l’Ong, actuellement présidée par Jean Bruneau, a pour objectif d’aider les personnes victimes d’addictions. Parmi ces dernières, la drogue et l’alcool, bien sûr, mais aussi le jeu. « Nous travaillons déjà sur un projet axé sur la prévention au jeu », dit d’ailleurs Jean Bruneau. Et de dire, en conclusion, espérer que ce dernier porte rapidement ses fruits.

 

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