Recherche : le manque de collaboration entre institutions décrié

  • Le président de la république par intérim: « Les écoles et les universités doivent s’engager étroitement pour répondre aux besoins de l’avenir »

La recherche prend de l’ampleur à Maurice. D’ailleurs, la dotation de la Tertiary Education Commission a augmenté à Rs 50 millions dans le budget 2017-2018 pour permettre aux universités publiques de s’engager davantage dans la recherche. Toutefois, celle-ci nécessite une collaboration à différents niveaux pour créer l’impact nécessaire. La deuxième édition de l’e-MIG 2019 vise à établir une collaboration entre chercheurs en ce sens.

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Malgré la petite taille de Maurice, et les problèmes considérés comme « petits » par rapport aux grands pays, les recherches effectuées et les solutions trouvées peuvent faire du pays une référence. C’est ce qu’a dit le directeur général de l’Open University of Mauritius, le Dr Kaviraj Sukon, lors de l’ouverture de l’e-MIG 2019 mardi matin à l’hôtel Intercontinental à Balaclava.

« Les problèmes de notre petite nation reflètent les défis mondiaux tels la population vieillissante, la pauvreté. Maurice est donc une référence importante au monde », a-t-il dit.

Mais pour que ces recherches puissent être effectuées, le directeur général croit dans la collaboration entre les universités. D’ailleurs, cette conférence est organisée pour la deuxième fois en collaboration avec l’université de Kwazulu-Natal.

Cette conférence veut rendre la recherche plus percutante. Mais pour le directeur général, il ne s’agit pas uniquement de publier ces recherches dans les journaux réputés. « Nous devons voir comment la recherche puisse être percutante et ait sa pertinence pour Maurice », a-t-il souligné.

Pour le directeur, il ne faut pas que les recherches effectuées à Maurice « règlent uniquement les problèmes du pays » mais fassent justice à la réputation internationale de nos universités. « Les chercheurs doivent être conscients que le monde veut connaître Maurice. Les gens veulent savoir ce que fait le pays pour répondre aux défis actuels », a-t-il fait ressortir. Dans la foulée, il a rappelé le lauréat Nobel, James Meade, qui avait prédit le désastre économique de Maurice avant l’indépendance et de Joseph Stiglitz, autre lauréat Nobel qui avait parlé du miracle économique du pays.

Si la recherche est devenue le maître mot de différentes universités pour accroître le développement économique de Maurice, le Dr Kaviraj Sukon estime qu’il est essentiel que ces recherches trouvent des solutions aux défis auxquels Maurice fera face sur le long terme. « Maurice peut devenir un laboratoire de recherches. Ces recherches peuvent avoir un impact dans la région et à l’international », a-t-il déclaré.

Dans le but d’accroître la recherche, on vise non seulement les académiciens mais également les non académiques pour que leurs idées puissent générer des recherches ayant un impact. Il a fait ressortir que des données quantitatives obtenues à Maurice « sont riches et peuvent aider dans plusieurs applications pratiques ».

Mais pour que la recherche puisse se faire, il faut, selon lui, une stratégie solide dans le développement des talents. Des chercheurs mauriciens talentueux doivent être pris en considération dans cet objectif. Mais pour lui, il est aussi primordial de continuer à attirer des talents globaux.

Le président de la République par intérim, Barlen Vyapoory, présent pour lors de cette cérémonie, a abondé dans le même sens au sujet de la collaboration dans la recherche. « Les écoles et les universités doivent s’engager étroitement pour répondre aux besoins de l’avenir », a-t-il déclaré s’agissant du secteur éducatif.

Et de poursuivre qu’il est important de promouvoir la recherche dans le secteur de l’éducation étant donné que « nous vivons dans un monde en constante évolution. »

Des changements, selon lui, doivent être envisagés pour que les chercheurs puissent innover et avoir des résultats. Alors que la recherche prend de l’ampleur dans les universités, a-t-il dit, le gouvernement « a investi massivement » pour encourager la recherche.

Il a ainsi demandé aux institutions d’enseignement supérieur de saisir des opportunités qui se présentent pour effectuer des recherches dans différents domaines culturels et socio-économiques à Maurice.

Cette conférence qui réunit également des chercheurs africains, selon Barlen Vyapoory, aura des avantages pour les pays africains. « Cette conférence donne le ton pour des recherches durables et sera bénéfique aux pays dans la région africaine. D’ailleurs, les pays africains n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers la recherche et former leurs académiciens. Nous devons travailler ensemble pour voir quels types de recherche il nous faut pour avoir du succès dans nos pays », a-t-il dit.

Réitérant l’importance de la recherche dans les universités, il a souligné que la recherche devrait s’accentuer sur la promotion de l’apprentissage dans un monde numérique qui évolue. « La recherche doit être le battement de cœur de chaque université. Nous devons continuons sur cette lancée que nous nous avons entamé », a-t-il dit. Pour Barlen Vyapoory, la recherche doit bénéficier à la société. Et pour cela, les universités doivent être créatives, ouvertes d’esprit, impartiales et pionnières dans des recherches qui apporteront un changement dans la société.

Toutefois, plusieurs travaux de recherche restent dans les tiroirs. Conscient de cette situation, Barlen Vyapoory a soutenu que les « chercheurs sont des théoriciens et font des recherches pour le public comme pour le secteur privé. » Et de poursuivre : « C’est à la population d’utiliser ces recherches. » Il se pourrait, selon lui, que par manque de moyens, des travaux de recherche restent dans les tiroirs. Mais pour lui, ce n’est pas une raison pour ne pas faire de la recherche. « C’est vrai qu’un certain nombre de recherches ne sera pas pris en compte tout de suite. Mais à l’avenir, d’autres personnes pourront utiliser ces recherches », a-t-il dit.

La recherche, selon le président de la République par intérim, doit aussi considérer l’avenir des jeunes étant donné que plusieurs emplois seront appelés à disparaître. Il a dit que les jeunes sont ciblés car ces derniers seront appelés à vivre dans un monde qui change et où les incertitudes sont présentes. Il a souligné que plusieurs emplois disparaîtront et que les diplômes « ne sont pas aussi importants que les compétences ». Si l’avenir nécessite une expertise différente, a-t-il fait ressortir, l’intelligence artificielle, le “Big Data”, la robotique entraîneront des changements alors que le changement climatique et le développement durable impliqueront des grands défis.

« Il nous faut des recherches de haute qualité pour que nous ayons des compétences pour trouver des solutions à l’avenir », a-t-il dit.

La première conférence avait aussi attiré plusieurs participants pour le partage de connaissances et d’expériences. Lors de cet événement, Barlen Vyapoory n’a pas manqué de remercier les pays africains qui ont soutenu Maurice dans sa lutte pour sa souveraineté sur l’archipel des Chagos. Alors que la résolution sera présentée aux Nations unies le 22 mai, Barlen Vyapoory a déclaré que le pays « s’attend à un autre succès ».

Pour le Professeur Stephen Mutula, doyen par intérim et responsable de l’école de Management, IT and Governance à l’université of KwaZulu-Natal, cette institution d’enseignement supérieur africaine s’est engagée à générer des données qui permettront de trouver des solutions aux problèmes de l’Afrique. Des données qui sont basées sur la réalité africaine.

Selon lui, les universités doivent s’engager à collaborer avec les gouvernements pour trouver des solutions aux problèmes qui affectent les gens tels la famine, la pauvreté, les maladies, l’illettrisme, et le changement climatique. Pour que la recherche valable puisse se faire, il a demandé aux gouvernements africains d’augmenter leurs dépenses dans le domaine de la recherche et du développement à au moins un pourcent de leur produit intérieur brut, a-t-il déploré.

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