RÉPARATION DU TRONÇON PRINCIPAL DE LA ROUTE VALTON/RIPAILLE: Un an déjà, et toujours au stade des expertises!

Un an après sa fissuration et son effondrement dans la portion Ripailles/Valton, l’autoroute Terre-Rouge/Verdun, construit au coût de plus de Rs 4,2 milliards attend toujours d’être efficacement réparée. Si le gouvernement a pris rapidement des décisions concernant des solutions alternatives pour que cet axe soit redevenu opérationnel en élaborant une bretelle de raccordement parallèle à l’autoroute et a mis en place les dispositifs pour qu’elle puisse, depuis la semaine dernière, être utilisée par les automobilistes 7/7j entre 6 h et 20 h, les travaux de réparation pour la partie cruciale de l’autoroute tardent à être enclenchés. Les opinions locales suivies de l’expertise sud-africaine font actuellement l’objet d’une contre-expertise sud-coréenne. Ce qui repousse considérablement le retour à une situation normale sur cette autoroute qui était l’une des fiertés de l’ancien gouvernement avant qu’elle ne s’affaisse lamentablement.
Le ministère des Infrastructures publiques a en effet décidé d’avoir recours à une contre-expertise des travaux d’évaluation et des recommandations de la firme sud-africaine ARQ (PTy) Engineering qui préconise — en vue d’assurer la stabilité de la route – l’utilisation de stone columns. Cette fois, c’est vers l’expertise sud-coréenne que se tournont les autorités, à la suite d’une visite du ministre Bodha en Corée du Sud en novembre dernier. Les experts sud-coréens qui étaient à Maurice en décembre devront soumettre leur rapport à la mi-février.
Si le ministre veut “s’assurer que cette autoroute soit sûre” dans le milieu, les professionnels s’interrogent sur la nécessité de cette contre-expertise se demandant quelle sera la décision des autorités si les Sud-Coréens trouvent incorrectes les analyses et recommandations de ARQ Engineering. “Faudra-t-il une nouvelle contre-expertise de la contre-expertise? N’est-ce pas là un gaspillage de temps et de fonds publics?”, se demandent-ils.
Pour sa part, le chairman de la RDA, Claude Wong So, explique qu’une contre-expertise a été demandée parce que le type de travaux recommandé comme Remedial Action par ARQ Engineering est une première à Maurice et qu’il ne faut pas prendre de décision hâtive. L’expertise sud-coréenne a été sollicitée suivant la rencontre que le ministère et la RDA a eue avec les Sud-Coréens lors du World Road Congress en novembre dernier en Corée du Sud.
Installation, en sous-sol, de stone columns
“On ne dit pas que les recommandations d’ARQ ne sont pas bonnes. Au contraire, ces experts sud-africains ont effectué des analyses scientifiquement très poussées qui nous ont permis de déterminer la cause de l’effondrement. Mais nous devons nous assurer que les remedials actions sont les bonnes, surtout que plusieurs centaines de millions de roupies qui devraient être engagées”, dit-il. Concédant que la réparation de cette route est urgente, et que les travaux ont pris du retard, Claude Wong So fait ressortir que le ministère et la RDA vont s’assurer que d’ici fin 2016, cette route soit normalement réutilisable. Entre-temps, dit-il, la bretelle de déviation, désormais accessible 7/7 et entre 6 h et 20 h, contribue à soulager les automobilistes.
Maurice ne disposant pas d’expertise en la matière, il était question d’un appel d’offres international pour les travaux de réparation de la route Terre-Rouge/Verdun comme recommandé par la firme sud-africaine, ARQ Engineering. Ce, suivant le constat des experts sud-africains que l’effondrement de l’autoroute M3, à la hauteur de Boulingrin, fissurée depuis janvier 2015, ne relève pas de la qualité des matériaux utilisés en surface de la route, mais de la qualité du sol de rétention à cet endroit.
Des trois options quant au type de réparation proposée par ARQ Engineering, le ministère avait arrêté son choix sur l’installation, en sous-sol, de stone columns. Il s’agit de colonnes de pierres à base de granulats composés de sable naturel et de gravier, disposant ainsi d’une certaine porosité permettant aux eaux souterraines de circuler. Lors d’une visite du site en présence de la presse, Nando Bodha avait indiqué avoir obtenu la garantie de ARQ Engineering “que les travaux de réparation devant être effectués sont fiables, sans risques que quelque mètres plus loin le sol ne s’affaisse et que la route redeviendra normalement accessible”. Il était question que les travaux de réparation se fassent à une cinquantaine de mètres en amont des fissures de la route de Ripailles vers le rond-point de Crève-Coeur. Une première évaluation des coûts par la RDA s’élevait entre Rs 200-300 millions pour ces travaux qui devraient être terminés — une fois le contracteur sélectionné — en moins d’un an, soit avant fin 2016.
Or, alors que l’appel d’offres international devait être lancé fin octobre 2015, le ministère des Infrastructures publiques a décidé d’avoir recours à de nouvelles évaluations. Les services des experts sud-coréens ont été retenus pour une contre-expertise des recommandations de la firme ARQ Engineering.
Nouveaux ?horaires
Au ministère des Infrastructures publiques, on avance qu’il est impératif de s’assurer que “la méthode préconisée par ARQ Engineering est la bonne”. Selon les autorités, “il y va de la sécurité des automobilistes. Nous ne pouvons pas faire les choses au hasard. C’est pourquoi nous avons recherché une assistance technique auprès du gouvernement sud-coréen.”Ces experts étaient à Maurice en décembre dernier et ont fait un état des lieux. Ils ont également eu plusieurs sessions de travail avec la Road Development Authority (RDA) et doivent soumettre leur rapport et recommandations à la mi-février. Un rapport qui analysera la route sur son ensemble et pas seulement la partie effondrée de l’autoroute.
Ce nouveau retard dans le démarrage des travaux n’est pas au goût de tous. “Cela fait un an que la route s’est effondrée et les réparations tardent à venir”, disent-ils, faisant ressortir que l’autoroute Terre Rouge/Verdun est un raccourci important entre le nord du pays et le reste de l’île en évitant le bouchon de Port-Louis, et qu’il devrait être une priorité des Infrastructures publiques. Ils se demandent que feront le ministre Bodha et la RDA si le rapport attendu en février n’était pas en faveur de la solution stone columns. “Si une autre méthode est préconisée, nous devrons avoir recours à une nouvelle contre-expertise pour nous assurer que les recommandations des Sud-Coréens soient les bonnes?”, se demandent-ils.
En attendant, les autorités ont revu les horaires d’ouverture de la bretelle de déviation de 400 mètres qui contourne la partie fracturée de la route sur le tronçon Ripallies-Valton. Une alternative qui soulage les automobilistes et riverains qui utilisent cette route quotidiennement, et dont le flux de trafic, selon la Traffic Branch est en moyenne 10,000 véhicules par jour avec des pointes pouvant atteindre 30,000. Avec ces nouveaux horaires, le flux du trafic devrait augmenter, estime la Traffic Branch, rappelant que l’autoroute Terre Rouge/Verdun contribue au décongestionnement du trafic au niveau de l’entrée de la capitale, en particulier aux heures de pointe, mais permet également aux automobilistes de rejoindre le sud de l’île plus rapidement.
Ce n’est toutefois que cette semaine, avec la rentrée scolaire et la fin des vacances pour les employés du secteur privé, que les réelles retombées de cette extension des horaires d’ouverture de la bretelle de déviation pourront être évaluées.

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