Rodrigues – Bradley Agathe : Un apiculteur qui se bat pour réussir

Bradley Agathe, originaire de Roche-Bondieu, à Rodrigues, a participé le 20 mai à la Journée des Abeilles sur l’Esplanade NPF Building, à Port-Louis. Cet apiculteur de 38 ans, qui habite à Rose-Hill, fait régulièrement le va-et-vient entre Maurice et Rodrigues, et plus particulièrement entre Baie-du-Nord et Tamarin, pour alimenter le marché local en miel.

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Ayant pour ambition de travailler à son propre compte, Bradley Agathe a choisi de devenir apiculteur, un secteur qui, selon lui, était très prometteur à Rodrigues. « Mon rêve, c’est d’aider mon île et de devenir plus autonome pour avoir plus de temps avec ma famille », dit-il. Avec le temps, Bradley Agathe a fini par trouver une voie à Maurice pour commercialiser le miel de Rodrigues et ses produits dérivés, tels des piments et limons confits. « Je ne peux pas prétendre que j’ai réussi aujourd’hui. Il me reste un bon bout de chemin faire », souligne-t-il.

Pour avancer dans ce secteur, ajoute Bradley Agathe, il faut un investissement financier « conséquent ». Il poursuit en disant être « dans l’obligation de diversifier mes activités pour dégager des revenus pour l’avenir de mes enfants ». Et d’ajouter : « Pour l’instant, malgré les démarches auprès des différentes institutions bancaires, rien n’a été abouti. Je cherche encore. La semaine dernière, j’ai pris contact avec les autorités mauriciennes pour avoir l’autorisation d’exposer mes produits dans les grandes surfaces. J’espère avoir cette fois une réponse positive car, depuis que je me suis lancé dans ce commerce, je n’arrête pas de galérer. J’entre souvent chez moi très déçu. Je dois à chaque fois retourner à la case départ. »

Bradley Agathe dit toutefois « ne pas avoir l’intention de baisser les bras ». Il poursuit : « Je vais persévérer pour ma famille. Je vais continuer à me battre. » En attendant, l’apiculteur fait de son mieux pour plaire à ses clients mauriciens, qui ont toujours insisté pour obtenir le miel de Rodrigues. « Mo ena bokou klian diabetik ki aste dimiel an gran kantite ar mwa. Parski zot pa kapav konsom disik e zot prefer pran enn ou de kwiyer dimiel pou met dan dite ou kafe ou ninport ki prodwi alimanter ki bizin disik », explique-t-il.

Si quelqu’un veut réussir dans ce commerce, conseille Bradley Agathe, « il ne faut jamais tricher » en ajoutant d’autres produits comme le sucre dans le miel. « Il faut absolument que le miel soit sauvage, naturel. C’est pour cette raison que je vais à Rodrigues pour offrir un produit de qualité à mes clients mauriciens », souligne-t-il. Il ajoute : « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de miel de qualité à Maurice, loin de là, car j’ai appris le métier avec des apiculteurs professionnels à Maurice. Pour moi, chaque variété de miel à sa vertu. À Rodrigues par exemple, il y a le miel d’eucalyptus qui est réputé pour être de très bonne qualité. »

L’apiculteur, nous dit Bradley, est une activité professionnelle qui ouvre « de larges perspectives » mais qui exige des réglementations phytosanitaires, la technique de récolte et le savoir-faire qui va avec. « La qualité de l’environnement est fondamentale pour obtenir un miel de qualité. Toutes les dispositions doivent être prises en compte pour protéger les abeilles qui sont très utiles à l’environnement. Le métier d’apiculteur n’est pas aussi facile qu’on le croit. Il est indispensable d’avoir des bases théoriques pour comprendre le mode de vie des abeilles », dit-il.

Comme il travaille à son propre compte, Bradley Agathe a aussi appris la comptabilité pour gérer son affaire dans l’intention de vendre et de faire connaître ses produits. « Pour répondre à la demande croissante du miel sur le marché, il faut faire preuve de persévérance et de courage, surtout dans mon cas pour affronter de nombreux aléas du métier », dit-il.

Par ailleurs, Bradley a pour projet d’ouvrir un restaurant pour grillade à Maurice. « Comme assaisonnement, je ne proposerai pas de la sauce d’huître, comme le fait la grande majorité de restaurateurs mauriciens mais uniquement du miel de Rodrigues comme l’a fait mon père Joseph Stéphan Agathe à Rodrigues. Ou kone kouma li bon sa kan ou prepar enn roti laviann ou poule avek dimiel Rodrig. Se mo rev sa », confie l’apiculteur.

L’autre rêve que caresse Bradley, c’est d’avoir la possibilité d’écouler ses produits dans de grands hôtels à Maurice pour encourager, dit-il, « à développer une autre manière de préparer les repas à base de miel de Rodrigues ». À écouter Bradley parler de ses projets, on ne peut s’empêcher de dire « kan ou ena larzan ou pena lide e kan ou ena lide ou pena larzan ».

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