Naufrage du MV Wakashio : Le ministre français de l’Outre-mer, Sebastien Lecornu: « Des conditions d’échouage assez inexplicables et invraisemblables »

Le ministre français de l’Outre-mer, Sebastien Lecornu, qui était en visite au pays hier, a fait clairement comprendre que la France veut s’assurer que Maurice se débarrasse des épaves du Wakashio en toute sécurité pour la région. Il a parlé  »
des conditions qui sont assez inexplicables et invraisemblables » du naufrage du MV Wakashio sur les brisants de Pointe-d’Esny. Le Director of Shipping a indiqué hier, lors de la conférence de presse conjointe donnée par le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, et le ministre français Sebastien Lecornu, que les autorités projettent de saborder les épaves en pleine mer à 2 000 km des côtes dans la zone économique mauricienne.

- Publicité -

Le ministre français, qui était arrivé à Maurice en début d’après-midi hier, s’est entretenu avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, avant d’assister à une projection sur les opérations de sauvetage en présence du ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, et celui de l’Économie bleue, Sudheer Maudhoo, ainsi que les experts français et internationaux.

« Je souhaite que la décision souveraine que vous allez prendre concernant le sort des deux morceaux de l’épave sera une décision mûrement réfléchie sur ce qu’il en adviendra sur le terrain environnemental, sur la biodiversité », a dit Sebastien Lecornu. Il a de même annoncé que son ministère se propose d’envoyer trois experts à Maurice afin d’aider les décideurs mauriciens à voir les choses de manière nouvelle. « Je ne dis pas que l’armateur ne fait pas son maximum pour que la bonne décision soit prise ou que les assureurs ne regardent pas les choses avec la responsabilité qui leur incombe. Nous sommes des États souverains, le vôtre comme le mien. Je pense que ces expertises venues de France pourront vous permettre de prendre de bonnes décisions sur les deux parties de l’épave », explique-t-il.

Sébastien Lecornu s’est appesanti sur les enjeux de sécurité maritime dans la région. « L’erreur qui a mené ce navire à échouer ici n’est pas encore connue. Il s’agirait de ne pas avoir des problèmes de sécurité maritime autour de Maurice ou le cas échéant dans les eaux territoriales françaises », a-t-il dit. Il ajoute : « Cette décision concernant l’avenir de l’épave, nous la regardons avec beaucoup d’attention. J’ai pu dire au Premier ministre en toute amitié que les 860 000 compatriotes et concitoyens français, vivant à La Réunion, appréhendent malheureusement le risque d’avoir des boulettes d’hydrocarbures en pollution sur les plages réunionnaises. Cela est possible même si nous faisons tout pour qu’il ne se produise pas. »

Invité à commenter sur ce qu’il a vu à Maurice, Sebastien Lecornu a avancé avoir été témoin « d’images bouleversantes ». Il poursuit : « Je connais le patrimoine naturel de Maurice. Y voir ce navire ici, échoué dans des conditions qui sont assez inexplicables et invraisemblables, cela suscite forcément une émotion. J’ai aussi ressenti une émotion populaire importante. J’ai vu comment les Mauriciens et Mauriciennes se sont déployés des jours durant pour protéger leurs rivages. J’ai pu surtout saluer les militaires de la marine nationale et des civiles de l’État français qui, à la demande de secours qui a été formalisée par le Premier ministre mauricien, ont pu se rendre ici. Il y a aussi le matériel qui a été acheminé jusqu’ici par voie aérienne avec des rotations militaires. La République française a répondu présente avec beaucoup de fraternité et un sens de l’amitié qui est bien connu des peuples de l’océan Indien. »

Le ministre français a de même soutenu que « si nous avons aidé sur la phase d’urgence, nous continuons à aider sur la phase d’expertise sur les décisions qui sont à venir ». Et d’ajouter : « On sait que l’épave s’est séparée en deux et que différents scénarios sont sur la table. Nous avons, nous en France, des experts des organismes mondialement connus. J’ai proposé au Premier ministre mauricien de projeter ces experts à Maurice et il a accepté. »

Le directeur de la marine à Maurice a lors de la conférence de presse indiqué que l’île avait pris la décision de saborder les deux morceaux de l’épave à 2 000 km des côtes mauriciennes. Quant au ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, il avait auparavant annoncé que « Maurice faisait face à une crise environnementale sans précédent à un moment où nous combattons déjà la pandémie de la COVID-19 ». Il a aussi affirmé que Maurice « aura besoin de l’encadrement de l’expertise nécessaire afin d’effectuer un inventaire des dégâts causés avant de procéder ensuite à des mesures d’atténuation et d’accompagnement pour la restauration de la flore et de la faune de la région ». Il poursuit : « Il nous faudra l’apport des experts afin de procéder à une évaluation complète et méthodique des impacts sociaux, économiques et environnementaux. Nous avons déjà engagé des pourparlers avec le ministre Lecornu. »
Le ministre a aussi confirmé que le bateau s’est scindé en deux. Toutefois, soutient-il, « aucun déversement d’hydrocarbure n’a été noté ». Il a aussi expliqué que le pompage des huiles résiduelles a été interrompu. Kavy Ramano a également affirmé que le parc marin de Blue-Bay est protégé et que 9,4 de barrages flottants ont été installés. Il a aussi indiqué que des tests effectués sur la qualité de l’air dans la région « n’ont rien révélé d’anormal ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -