Biodiversité : La guerre à l’abandon sauvage des ordures

– L’Environnement  s’en remet à la formule des pénalités fixes de Rs 3 000 à Rs 25 000

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La question de la protection de l’environnement est d’une importance capitale. Aussi le ministère de l’Environnement a décidé d’introduire la formule des pénalités fixes aux contrevenants, les amendes passant de Rs 3 000 à Rs 10 000.

« Malgré le fait de voir un changement dans le comportement du Mauricien, nous constatons qu’il y a toujours des cas d’abandon d’ordures et de déversements illégaux. C’est un véritable calvaire que vit la société mauricienne. Pour assurer un résultat effectif, nous devons sanctionner les responsabilités de certains citoyens. Malgré les mesures en place, il est regrettable que nous constatons des comportements irresponsables de certains citoyens et opérateurs économiques du pays », a souligné le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, lors du lancement de la campagne nationale visant à sensibiliser la population sur le déversement illégal et l’abandon d’ordures au Caudan Arts Centre.

L’abandon de déchets dans la nature, dans les drains, les forêts, les plages ou encore les terrains vagues seront donc désormais davantage sanctionnés. Des pénalités fixes sont appliquées pour tout acte de “littering” et “illegal dumping”. Les amendes passent ainsi à Rs 3 000 pour ceux jetant leur mégot de cigarette, papiers enrobant leur nourriture et autres take-aways. Ceux coupables d’abandon de déchets dans les canaux, rivières et forêts, voire sur les plages, encourent des pénalités fixes de Rs 5 000. Pour le déversement illégal en gros volume dans la nature, elles sont fixées à Rs 25 000.

Kavy Ramano ajoute que les lois permettent de révoquer les permis des “waste carriers” et de saisir les véhicules ayant servi au déversement illégal. Ce durcissement de la loi, dit-il, vise à permettre à la population « de prendre conscience de la gravité de la situation ». Depuis 2018, il avance que la police de l’Environnement a dressé pas moins de 6 788 contraventions pour abandon de déchets et déversement illégal. De plus, 679 “eyesore abatement notices” ont été émises. Cette campagne de sensibilisation cadre également avec l’ouverture des frontières, prévue le 15 juillet. Une opération de nettoyage sera aussi prochainement lancée avec les autorités touristiques dans plusieurs régions du pays.

Le public est également invité à dénoncer ceux se rendant coupables d’atteintes à l’environnement, notamment en jetant leurs déchets en pleine nature, et ce, via la plateforme WhatsApp. Pour ce faire, il suffit de prendre des photos ou de filmer la scène, et de les envoyer sur le 5250-5151. La police de l’Environnement prendra alors l’affaire en main.

Pour rappel, 500 000 tonnes des déchets (soit 97% du volume total) sont déposées chaque année au centre d’enfouissement de Mare-Chicose. En outre, au cours de la décennie passée, la production de déchets a augmenté de 2% par an. Aussi, si rien n’est fait pour diminuer le volume de déchets, le centre d’enfouissement en accueillera 600 000 tonnes d’ici 2030. « Il est impératif de présenter des mesures correctives », dit le ministre, qui rappelle que le centre de Mare Chicose « est déjà arrivé à un point de saturation ».

Kavy Ramano indique par ailleurs que son ministère travaille sur des mesures en ligne avec le concept d’économie circulaire pour promouvoir le tri de déchets, le recyclage et le compostage. « L’objectif est de récupérer 70% des déchets de Mare Chicose d’ici 2030 », dit-il. Son ministère, poursuit-il, a également finalisé la Solid Waste Management Strategy, projet financé par l’Agence française de développement (AFD). Un appel d’offres sera ainsi bientôt lancé pour l’installation de « centres de compostage » et de « centres de tri » à travers le pays.

« Cette transition d’une économie linéaire à une économie circulaire est assurée par un cadre législatif. Nous devons avoir la collaboration de la population », fait ressortir Kavy Ramano, qui en appelle « à la responsabilité et la collaboration » des consommateurs. Il annonce en outre l’introduction de l’Integrated Waste Management Act, qui offrira un cadre légal aux actions du ministère, dit-il.

Par ailleurs, s’agissant des opérateurs économiques qui avaient exprimé leurs craintes sur les règlements, dont l’arrêt de l’utilisation du plastique à usage unique, Kavy Ramano avance que des moratoires sont accordés depuis l’année dernière, et que la plupart des opérateurs se sont adaptés en termes de matières premières. « Plus d’une centaine de PME se sont enregistrées pour la fabrication du plastique compostable et biodégradable à usage unique prévu par la loi », rassure-t-il.

Trois déchetteries en opération d’ici la fin de l’année

La première déchetterie du pays a été inaugurée en novembre 2020 à La Chaumière, qui a déjà accueilli plus de 25 tonnes de déchets. Y sont envoyés de vieux meubles, des produits électriques et des déchets de construction, entre autres. Vers la fin de cette année, trois autres déchetteries verront le jour, soit à La Laura, Roche-Bois et Poudre-d’Or. Une autre déchetterie à La Brasserie devrait aussi être opérationnelle vers la fin de l’année.

Concernant la gestion de déchets électriques et électroniques, Kavy Ramano avance que son ministère a travaillé sur le concept de responsabilité élargie des producteurs, projet élaboré en collaboration avec Business Mauritius et la Chambre de Commerce. « Il est important d’engager la responsabilité du secteur privé. Ce secteur ne doit pas uniquement se soucier des bienfaits économiques qu’ils obtiennent des produits qu’ils commercialisent et des gains financiers. Lorsque le produit ne peut plus être utilisé, cela ne doit pas être uniquement l’affaire des collectivités locales ou du gouvernement. C’est aussi l’affaire du producteur, du commerçant et de l’importateur. Nous sommes prêts avec les règlements qui sont finalisés avec le State Law Office. Ces règlements seront en vigueur dans les semaines à venir », explique Kavy Ramano.

Le ministre ajoute que le commerçant devra avoir un système de collecte et de recyclage lorsque le produit est hors usage. Et le ministre de l’Environnement de soutenir que des “eco-bins” seront installées dans plusieurs zones stratégiques du pays pour le recyclage des roues usagées.

Du plastique biodégradable contrefait saisi

Lors de cet événement, l’inspecteur de la police de l’Environnement Jean Nobin Brasse a affirmé que 30 contraventions ont été dressées depuis que les règlements empêchant l’utilisation de sacs en plastique à usage unique sont entrés en vigueur, contre 73 concernant le contrôle du plastique à usage unique. Et le ministre de préciser que des contrôles font état de l’utilisation de sacs en plastique biodégradable contrefaits, en attestent des tests effectués par le National Environmental Laboratory du ministère de l’Environnement.

Deux descentes sur les lieux ont permis la saisie de 356 749 sacs en plastique contrefaits ainsi que de 368 013 produits en plastique à utilisation unique dans une usine de Quatre-Bornes et une de Port-Louis. Aussi, le ministre demande-t-il la collaboration du public, en appelant ce dernier à envoyer des photos et des vidéos via WhatsApp pour aider la police de l’Environnement.

À noter que lors de cette occasion, les trois gagnantes du concours de dessin organisé dans le cadre de la Journée mondiale de la Terre ont été récompensées. Kiara Kutwaroo, 10 ans, a ainsi obtenu le premier prix et une somme de Rs 10 000. Le deuxième prix, lui, a été remporté par Riya Bundhun, 9 ans, qui reçoit Rs 7 000, tandis que le troisième prix est revenu à Tanushree Purmessur, 11 ans, qui a reçu la somme de Rs 3 000. Ce concours de dessins virtuels, lancé par le ministère de l’Environnement sur le thème “Restore our Earth”, était destiné aux élèves de 5 à 12 ans.

Le ministère de l’Environnement avait pour l’occasion reçu 530 dessins. De jeunes Rodriguais avaient également soumis leurs oeuvres. Le jury a récompensé les 12 meilleurs dessins. Suite à la remise des prix, 25 écoles secondaires ont reçu leur capital de démarrage sous le School-Led Community Based Environmental Project.

Cette initiative du ministère de l’Environnement  et de l’Éducation vise à inculquer les jeunes sur l’importance de la pratique de l’économie circulaire. Ce projet, lancé en février 2021 et destiné aux collèges secondaires, visait à accueillir les initiatives environnementales impliquant la communauté où se situe l’école secondaire. Ce projet a obtenu 56 propositions et les 25 meilleures ont été retenues. Les projets pourront obtenir jusqu’à un financement de Rs 100 000. « Nous sommes agréablement surpris que les projets soumis par les écoles comprennent le tri des déchets », a estimé le ministre.

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