DROGUE — Opération super cargo : La MTC/Gurroby Connection en attendant « Gro Pwason »

Au moins une quinzaine de suspects de ce réseau très actif dans le Nord, dont skippers, transporteurs, facilitateurs et prête-noms, dans le viseur de l’ADSU du DCP Bhojoo

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Déballage en règle du gardien Siwdanand Rawah (incommunicado) sur des activités des Gurroby

Soupçons de blanchiment par le biais des courses hippiques, Nitesh Gurroby, étant co-propriétaire du cheval Carlton Heights

En attendant les dénonciations à l’encontre du « Gro Pwason » derrière l’opération Super Cargo, avec la saisie de 300 kilos de drogue, d’une valeur marchande de Rs 3 milliards dans le Nord, la MTC Connection des Gurroby domine la place. En marge des séances d’interrogatoires des limiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) avec le démantèlement de ce réseau de trafiquants de drogue s’alimentant de l’île de La Réunion, la Mauritius Revenue Authority (MRA) et pourquoi pas la Gambling Regulatory Authority (GRA) seront forcément acculées à initier des enquêtes sur l’un des plus importants réseaux de drogue et surtout sur l’utilisation outrancière de la piste du Champ-de-Mars pour des opérations de blanchiment de fonds. Toutefois, déjà, les instances compétentes, que ce soit en matière de contrôle des frontières et de Money Laundering, sont prises à défaut, pour ne pas dire pants down avec cette affaire. Sinon comment expliquer l’entrée illicite de 300 kilos de drogue de La Réunion alors que les frontières sont ‘hermétiquement’ fermées. Ensuite, la faillite des Field Intelligence Officers de la police sur le terrain en n’ayant aucun soupçon sur « l’enterrement de ces colis de drogue » dans un terrain vague à Pointe-aux-Piments. Ou encore les mouvements de fonds, obligatoirement sous forme de devises étrangères dans une économie admise à la COVID-19 ICU.
À ce stade, force est de constater que l’opération Super Cargo, suite à un « tiyo pa perse » venu de La Réunion, n’a pas encore livré le moindre secret même si des craintes d’une répétition de la saisie Kistnah ne sont pas à écarter vu les liens menant au Gro Pwason. Pour l’instant, l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) piste une quinzaine de personnes qui font partie de ce réseau très actif dans le Nord comprenant des skippers, transporteur des stupéfiants, facilitateur pour l’importation de drogue, et des prête-noms, entre autres.
Et ce, à la suite de l’opération super cargo à Rs 3,7 milliards menée dimanche. La police estime que Ritesh Gurroby (37 ans) ne serait en fait qu’un maillon important dans cette chaîne de trafic de drogue. Il travaille avec son frère Nitesh Gurroby, qui est à la tête d’une compagnie possédant au moins huit bateaux qui sont mis à contribution dans la pêche en haute mer. Une couverture royale pour tout trafic. Leur capacité des huit bateaux est telle qu’ils peuvent effectuer des trajets inter-îles avec une grande efficacité et rester en mer pendant un maximum de trois semaines.
De plus, les deux frères emploient des « marins » malgaches qui côtoient l’équipage mauricien. Fort de ce permis de pêche en haute mer, Nitesh Gurroby est soupçonné par la police d’avoir usé de cette logistique aux fins d’importation de drogue. D’ailleurs, les 26 kilos de haschich valant Rs 78 millions, déterrés de la propriété des Gurroby à Pointe-aux-Cannoniers, relèvent d’une variété qui ne pousse qu’à l’île de la Réunion. Tandis que les 243,45 kilos d’héroïne évalués à Rs 3,6 milliards proviendraient de Madagascar.
La police estime que l’importation de ce Super Cargo a nécessité un investissement d’au moins Rs 1 milliard. Or, le trentenaire n’est pas en mesure de financer une aussi importante quantité de drogue. Il n’est qu’un « poisson » alors que les investisseurs sont méconnus à ce stade. Nitesh Gurroby a fait valoir son droit au silence depuis son arrestation. Il a été inculpé sous une accusation provisoire d’importation de drogue au tribunal de Pamplemousses hier.
Selon des premiers renseignements qui ont filtré, son frère Ritesh Gurroby n’a finalement pas été inquiété à ce stade de l’enquête alors qu’un autre membre de la famille Gurroby est dans le collimateur des enquêteurs. C’est en se basant sur certains renseignements que plusieurs équipes de l’ADSU ont été déployées dans différents endroits dimanche, assistées d’éléments de la Special Mobile Force (SMF) et du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM).
Du côté du QG de l’ADSU, l’on fait comprendre que depuis plusieurs mois, le Detective inspector Mohess pistait les deux frères. En février, il les a arrêtés après la découverte de Rs 12 millions dans un coffre-fort chez leur beau-frère à Congomah. La police avait également mis la main sur des pierres précieuses et des lingots en or et argent. À l’époque, l’ADSU s’attendait à mettre la main sur des stupéfiants, mais sans succès.
Après leur libération sous caution, la police a placé sous surveillance les deux frères. Deux développements ont permis aux limiers de mettre la main sur ce super-cargo. Le premier est la découverte de Rs 105 millions d’héroïne cachés sous terre chez Rishiraj Bhoojawon à Fond du Sac le 19 mars. La police a appris que cette drogue ne constitue qu’une partie d’un « consignment » plus important. Le deuxième se rapporte au démantèlement d’un réseau de zamal à l’île de la Réunion la semaine dernière où les clients étaient des Mauriciens.
La police a été postée dans plusieurs lieux comme à Grand-Baie et le lagon de Pointe-aux-Cannoniers. C’est finalement dans un lieu retiré faisant office d’un site de construction à Club Med Road, Pointe-aux-Cannoniers, que l’ADSU a eu vent qu’une grande quantité de drogue était dissimulée. De plus, il s’agit de la propriété des Gurroby. Une fois sur place, les policiers sont tombés sur le gardien Siwdanand Rawah (37 ans). Ce dernier a déclaré qu’il travaille pour Ritesh Gurroby.
La police l’a convoqué. Mais ce n’est que cinq heures plus tard que le trentenaire s’est présenté. La police ignore où il s’est rendu dans ce laps de temps et s’il aurait « tampered » avec d’éventuels éléments de preuves dans d’autres Scenes of Crime. L’ADSU soupçonne que d’autres lieux ont pu être utilisés pour dissimuler des colis de drogue. Mais à hier, les officiers n’ont rien trouvé de nouveau. Ritesh Gurroby s’est mué dans un silence lorsque la police a déterré les 269 kilos de drogue en trois lieux de la propriété.
Le vigile a signifié son intention de collaborer avec les enquêteurs. Il a été placé incommunicado pour 36 heures, ce qui veut dire aucun contact avec l’extérieur. Les limiers de l’ADSU espèrent qu’il va divulguer les noms des personnes qui se sont rendues sur le site de construction, ou encore le profil des autres partenaires, notamment le Gro Pwason, puisque le principal suspect se présente déjà comme un Ti Pwason.
Néanmoins, cet habitant de Petit Raffray a déjà avoué que Ritesh Gurroby est venu sur le chantier à plusieurs reprises la semaine dernière avec au moins quatre personnes. Très peu d’informations ont transpiré des informations qu’aurait communiquées Siwdanand Rawah. Les cellulaires de son patron et du sien ont été réquisitionnés pour des besoins d’enquête. Pour le moment, la police ignore à quand remonte l’importation de cette drogue dont certains colis ont été scellés dans des emballages de manière à faire accroire que ceux-ci contenaient du café.
Par ailleurs, il se pourrait presque tardivement que l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) enclenche une enquête sur le patrimoine financier des Gurroby. Selon des renseignements, les deux frères ne font pas étalage de leurs biens et ne roulent pas dans de grosses cylindrées. La police les décrit comme étant « discrets ». Ils habitent une maison à Grand-Baie et projetaient de construire un bungalow près du Club Med, sur la propriété où le Super Cargo a été découvert.
Cependant, leurs huit bateaux de pêche pourraient bien valoir entre Rs 15 millions et Rs 20 millions. L’ADSU a appris que les deux frères sont des attitrés des tribunes du Champ-de-Mars lors des journées hippiques. En plus, Nitesh Gurroby est co-propriétaire du cheval Carlton Heights de l’écurie Amar Sewdyal. Il est aussi question d’habitués partant d’une participation financière conséquente au sein d’une écurie.
Des soupçons de blanchiment d’argent par le truchement de courses pèsent sur eux. La police estime qu’un audit des comptes de leurs activités pourrait expliquer la provenance des Rs 12 millions saisies en février. Somme qu’ils allèguent proviendrait des recettes des campagnes de pêche.
L’enquête sur ce trafic de drogue, ouverte sous OB 2328/ 2021, est menée sous la supervision du DCP Bhojoo, assisté du surintendant Imembaccus et de l’ASP Hossanee.

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