Le constat dressé par le ministre Arvin Boolell au Parlement le 13 mai sur la situation financière et opérationnelle de la Rose-Belle Sugar Estate (RBSE) fait désormais l’objet d’une enquête par la Financial Crimes Commission (FCC). Des enquêteurs examinent actuellement un Audit Report soumis par un représentant du ministère de l’Agro-industrie pour faire la lumière sur les allégations de maldonnes. Aussitôt cette étape complétée, les premières convocations seront annoncées au Reduit Triangle dans pas longtemps.
Longtemps pilier de l’agriculture sucrière dans le Sud de l’île, RNSE est aujourd’hui au bord du gouffre. Des allégations de mauvaise gestion, d’abus et de décisions contestables l’auraient conduite à l’insolvabilité. En dix ans, la surface cultivée de la société s’est effondrée, passant de 6 100 à seulement 1 200 arpents. L’élevage et les cultures vivrières, jadis complémentaires à la production sucrière, ont disparu du paysage. Ce recul s’est accompagné de pertes financières massives, soit plus de Rs 70 millions annuellement, et une dette qui frôle aujourd’hui les Rs 1,2 milliard. Les dépenses, quant à elles, ont quadruplé entre 2014 et 2024, atteignant Rs 180 millions, alors que les revenus suivaient la trajectoire inverse.
Les coûts de personnel absorbent désormais plus de 80 % des recettes, signe d’un déséquilibre structurel devenu chronique. Pire encore, des audits récents révèlent des pratiques troublantes comme des achats de fertilisants pour 3 000 arpents, soit plus du double de la superficie réellement cultivée. C’est un des plusieurs aspects de l’investigation menée par la FCC.
Le ministre de l’Agro-industrie avait évoqué au Parlement un rapport faisant état de ventes d’actifs à des prix largement en dessous du marché, transactions avec des entités liées, locations à des tarifs anormalement bas, et accumulation d’arriérés restés impunis. Plusieurs terrains ont été cédés à Rs 13 000 la toise en 2023, alors que leur valeur marchande était estimée entre Rs 25 000 et Rs 30 000. Une véritable braderie du patrimoine public.
Parmi les opérations les plus controversées figure la vente du siège de la RBSE lui-même, cédé à vil prix au groupe Gibraltar, avec lequel la société a multiplié les « ventures » jugées préjudiciables. Ces partenariats ont privé la RBSE de la maîtrise de ses terres stratégiques, mettant en péril son avenir à long terme.
Le rapport d’audit en possession de la FCC vise à faire toute la lumière sur une gestion opaque qui a transformé une entreprise publique en symbole d’échec et de soupçon. Un ancien ministre du gouvernement sortant pourrait bien devoir fournir des explications à la FCC sur le traitement de la RBSE.