Mare d’Albert : Un psychopathe enterre deux de ses compagnes en trois mois

Des restes de Zaheera Ramputh (40 ans) et de Hema Coonjoobeharry (40 ans),
portées disparues depuis plusieurs mois, découverts dans un verger de litchis

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Le principal suspect, Umyad Ayryaz Ebrahim (37 ans), admis à Brown-Séquard,
pourrait être également impliqué dans d’autres disparitions et meurtres
de jeunes femmes avec la découverte des effets personnels féminins sur les lieux

Une histoire de Barbe Bleue à la mauricienne. En tout cas, c’est l’horreur à Mare-d’Albert après la découverte des cadavres de Bibi Zaheera Ramputh et Hema Koonjoobeharry, toutes deux âgées de 40 ans, enterrés dans un verger de litchis. Les victimes avaient entretenu de brèves relations amoureuses avec le suspect présumé, un dénommé Umyad Ayryaz Ebrahim (37 ans), patient de l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard. Avec les développements survenus au cours de ces dernières 36 heures dans cette enquête, la Major Crime Investigation Team (MCIT) soupçonne cet habitant de Curepipe d’avoir un comportement de psychopathe qui aurait tué ses compagnes. Les indications disponibles sont que le verger, où le suspect travaillait comme gardien, aurait été transformé en cimetière pour dissimuler les traces de ses victimes sans nullement être inquiété. Les limiers de la MCIT craignent la découverte d’autres cadavres à mesure que l’enquête progresse.

Umyad Ayryaz Ebrahim serait un psychopathe qui aurait bien caché son jeu en se faisant passer pour une personne faisant face à une dépression. “Se enn playboy sa. Li bien konn amenn so rol”, confie un de ses beaux-frères, qui a fait éclater cette affaire. Le trentenaire, orphelin depuis une dizaine d’années, est enfant unique. Il a résidé à Cité Atlee chez quelques proches avec qui il s’est par la suite embrouillé. Subséquemment, il est descendu à Mare-d’Albert où il avait obtenu du travail comme gardien dans un verger. En 2010, Umyad Ebrahim avait été appréhendé par la police suite à une plainte pour séquestration logée contre lui par une femme dont il disait être amoureux. Cependant, l’affaire avait été classée, car la victime présumée ne s’était pas présentée en cour lors du procès.

“Umyad est quelqu’un de réservé et il aime rester dans son coin”, explique le beau-frère. C’est en 2017 que le suspect a fait une première dépression et il a été admis à l’hôpital Brown-Séquard. “Li pa dir nou ki rezon li fer depresyon… Mem avek ban dokter li pa ti dir narnien”, poursuit-il. Mais à sa sortie, le suspect avait coupé tout contact avec sa famille. “C’est à travers les réseaux sociaux que nous avons appris qu’il avait fait des conquêtes”.

« Enn zafer bien grav »

Sauf qu’Umyad Ebrahim restait discret, même s’il a publié des photos de lui avec les deux victimes, avant de supprimer son compte Facebook. C’est en décembre 2020 que la première victime, Zaheera Ramputh, était partie vivre en concubinage avec lui. Auparavant, elle vivait avec un gardien (45 ans) à Vallée-des-Prêtres.

Ce dernier a déclaré à la police que le 18 décembre 2020, la victime avait déserté son toit. Il avait reçu un appel du suspect qui lui avait intimé “aret sonn Zaheera. Li pe viv avek mwa aster”. L’ex de la victime avait alors informé les proches de Zaheera Ramputh qu’elle était désormais avec Umyad Ebrahim. La famille de la victime ne s’est pas inquiétée autre-mesure, sauf qu’elle n’arrivait plus à lui parler depuis la fin de janvier. Néanmoins, elle recevait des messages du cellulaire de la quadragénaire, qui prétendait qu’elle était en bonne santé. La police n’écarte pas que ce serait le suspect qui aurait envoyé ces messages pour éviter que ses intentions criminelles ne soient dévoilées.

Mais au début de ce mois, Umyad Ebrahim est à nouveau admis à l’hôpital Brown-Séquard pour une autre dépression. Il a déclaré au personnel que son épouse était décédée le 17 janvier. Croyant que c’était un décès naturel, les médecins lui ont administré des médicaments pour le calmer. Comme il ne recevait pas de visite, le personnel a demandé le nom d’une responsible party en cas de problème. Le trentenaire leur a remis le numéro de son beau-frère. Ce dernier lui a alors rendu visite à Beau-Bassin le 20 mai, où le personnel soignant lui a présenté ses condoléances pour la mort de l’épouse d’Umyad.

“Monn gagn sok kan mo’nn tann sa. Mo dir Umyad to pa fer kone to madam inn mor. To pa dir nou pou enterman ?” explique son beau-frère. Ce dernier se tourne alors vers la famille de Zaheera Ramputh, qui dit elle aussi ne pas être au courant de cette nouvelle. Ils se rendent alors au bureau de l’État Civil où ils apprennent qu’il n’y avait aucun acte de décès au nom de la quadragénaire.

“Mem si mo enn pros ar li, mo’nn oblize al denons sa la polis. Se enn zafer bien grav”, poursuit-il. La MCIT s’est rendue à l’hôpital Brown-Séquard vendredi pour interroger le suspect, qui a dit que sa concubine s’était suicidée et qu’il l’avait enterrée dans le verger. Munis de pelles et de pioches, des éléments de la Special Mobile Force, se basant sur des détails fournis, ont déterré le cadavre de Zaheera Ramputh, recouvert par un drap. Comme le corps était à un stade avancé de décomposition, le médecin légiste n’a pu confirmer la cause du décès ou encore à quand remontait le crime.

Tueur en série ?

C’est dans la soirée de vendredi qu’un proche d’Hema Coonjoobeharry, habitant Médine, s’est rendu à la police pour dire que cette dernière ne donnait plus signe de vie depuis le 10 mai, soit le jour de son anniversaire. Ce témoin dit avoir appris la nouvelle de la découverte du cadavre de Zaheera Ramputh et dit être au courant qu’Hema vivait avec le suspect dernièrement. Il a même montré à la MCIT une photo du couple ensemble. C’est ainsi qu’hier matin, les enquêteurs se sont à nouveau tournés vers Umyad Ebrahim, qui a confirmé le décès de sa deuxième compagne.

Néanmoins, le suspect n’a pu expliquer les circonstances de sa mort et dit l’avoir enterrée dans le verger. C’est à une dizaine de mètres du cadavre de Zaheera Ramputh que celui d’Hema Coonjoobeharry a été découvert. “La police a découvert des effets personnels féminins (des sacs, entre autres) et des documents”, explique l’ASP Seebaruth, responsable de la MCIT. Et de poursuivre : “Seule l’enquête pourrait déterminer si nous avons affaire à un tueur en série”. La police compte ratisser le terrain dans les prochains jours à la recherche d’autres cadavres. “Nous examinons les cas de disparition de certaines femmes ces derniers mois”, confirme le haut gradé. Le suspect est placé sous surveillance policière à Brown-Séquard.

La police n’écarte pas qu’Umyad Ebrahim a échafaudé un scénario et qu’il sait beaucoup plus sur la mort de ses anciennes compagnes. “Il a conduit les enquêteurs aux endroits exacts où il avait enterré ses anciennes compagnes. Quand nous l’avons interrogé sur le cadavre de Zaheera Ramputh, il nous a montré le lieu sans se tromper, alors que celui d’Hema était juste à côté”, confie-t-on dans les rangs des enquêteurs. À ce stade, le suspect se montre très peu bavard. “Il faut citer le nom de la personne pour qu’il parle d’elle. Sinon, il ne divulgue rien”, fait-on comprendre.

Le beau-frère avance qu’Umyad Ebrahim “enn dilo trankil ki pena profonder”. Il relate qu’avant l’admission du suspect à l’hôpital Brown-Séquard en mai, son épouse recevait des messages du compte d’Hema Coonjoobeharry. “Si elle était déjà morte, comment se fait-il que nous recevions toujours des messages d’elle ? Allez comprendre comment fonctionne l’esprit d’Umyad”.

Affaire à suivre…

Il dit avoir étouffé sa victime Hema Coonjoobeharry

Dans une déclaration verbale à l’escouade de l’ASP Seebaruth de la Major Crime Investigation Team (MCIT) samedi soir, Umyad Ebrahim dit avoir étouffé sa victime Hema Coonjoobeharry. Il avance que cette habitante de Bambous était venue dans le verger à Mare d’Albert où elle avait souhaité rester avec lui. Mais le 13 mai, une dispute avait éclaté entre eux, car elle ne voulait pas partir. Le suspect dit l’avoir étouffée, sans dire comment. Il l’a ensuite enterrée. Et d’ajouter qu’il a pris ses effets personnels pour les brûler. Concernant Zaheera Ramputh, il insiste que cette dernière s’est suicidée. La MCIT attend les conclusions d’un Medical Board qui doit examiner l’état psychologique du trentenaire. Ce n’est que par la suite que les enquêteurs décideront si une déposition formelle avec interrogatoire sera consignée d’Umyad Ebrahim.

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