Situation économique : Un 2e downgrading par Moody’s est à craindre

Mise en garde également du leader du MMM, estimant que “c’est le plus grand danger devant nous” 

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Covid : l’incertitude généralisée, déplore le groupement de l’Espoir

   Éducation : quel plan B pour la continuité?

À la veille de la présentation du budget, les enjeux économiques ont été abordés par les membres du groupement L’Espoir qui réunissait la presse, hier, en conférence. Les rapports de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) ont ainsi été au centre de leurs propos avec une mise en garde du leader du MMM quant à un downgrading de Maurice dans le prochain rapport de Moody’s. « Le plus grand danger devant nous est un deuxième downgrading par Moody’s », dit-il. L’opposition réclame également, au vu de la situation de la Covid-19 à Maurice avec une augmentation des cas et un prolongement de la phase II du déconfinement, une clarification sur la rentrée scolaire et les mesures qui seront prises en cas de son renvoi dans la conjoncture.

Ce n’est pas l’opposition qui a la langue de bois, mais bien des institutions économiques qui tirent la sonnette d’alarme quant à la situation économique dans le pays. C’est ce qu’a fait comprendre Paul Bérenger, hier, en reprenant les observations de la Banque mondiale et du FMI. Les membres de l’entente de l’Espoir craignent un downgrading de Moody’s en marge de son rapport dont la parution est prévue dans les jours à venir. S’attardant sur le dernier rapport du FMI « qui a été très dur » envers Maurice et le rapport de la Banque mondiale qui est « encore plus dur », Paul Bérenger souligne que ces institutions ont fait ressortir que la crise économique qui touche le pays ne date pas d’aujourd’hui, mais d’avant l’apparition de la pandémie. « Ces rapports sont très clairs que la situation était déjà catastrophique et que la Covid est venue empirer les choses », dit-il, rappelant qu’il a maintes fois, lui aussi, tiré la sonnette d’alarme. Citant le rapport de la Banque mondiale à l’effet que « While a fiscal expansion was warranted to address the impact of Covid-19, Mauritius now faces an unprecedented fiscal adjustment… », le leader du MMM fait ressortir que les institutions internationales estiment qu’il faudra des mesures significatives pour pouvoir redresser la barre. Il relève également que plusieurs critiques ont aussi été émises par ces institutions internationales contre la démarche du gouvernement de puiser dans les réserves de la Banque de Maurice à hauteur de Rs 60 milliards pour le budget et Rs 80 milliards pour le MIC. « Nous allons devoir être très vigilants sur cette donne », dit-il.

Ce que craint le plus Paul Bérenger, toutefois, est « un nouveau  downgrading de Maurice dans le prochain rapport de Moody’s : le plus grand danger devant nous », dit-il, faisant ressortir qu’en outre l’institution a mis en garde avec une liste de facteurs pouvant mener à un upgrading et une autre liste de facteurs qui pourraient l’y enfoncer. Or, sur la liste des facteurs positifs, « ena zéro recommandations », relève le leader du MMM. Par contre, sur celle des facteurs négatifs, Moody’s aborde cinq points, dit-il, prévenant qu’un deuxième downgrading de l’institution aura des répercussions en cascades sur notre économie, l’offshore et les banques.
« Et ce sera dramatique, à moins que le gouvernement vienne avec des mesures appropriées au plus vite pour redresser la situation », dit-il, rappelant que les institutions s’attendent à de promptes actions pour corriger le tir.

Le leader de l’opposition abonde dans le même sens, relevant que le titre même du rapport de la Banque Mondiale
« Through the eye of a perfect storm… » est significatif. Pour Xavier Duval, « nous sommes actuellement dans le calme mais ene tempête pe attan l’économie mauricien et la population. » Dans cette optique, l’opposition réitère sa mise en garde quant à la manipulation des chiffres lors de la présentation du budget, le 11 juin prochain. Si le leader du MMM alerte la population quant à d’éventuelles manipulations des chiffres entourant le déficit budgétaire et l’endettement, celui du PMSD rappelle au gouvernement les promesses électorales faites, dont l’augmentation de 50% de la pension et sur la base de laquelle, selon lui, le régime actuel est au pouvoir. « Nous attendons voir comment le ministre Padayachy expliquera dans le discours budgétaire ce qu’il compte faire pour augmenter la pension », dit le leader de l’opposition.

Covid : flou total

Outre la situation économique, la situation sanitaire dans le pays est aussi inquiétante, relèvent les membres du groupement l’Espoir. S’appuyant sur les dernières communications du ministre de la Santé, Paul Bérenger note qu’alors que depuis des mois, le gouvernement ressasse que nos frontières rouvriront en août après que le pays eut atteint la herd immunity avec la vaccination d’ici juillet de 60 à 70% de la population, Kailesh Jagutpal a instauré des doutes dans son allocution du 24 mai. « D’une, il a fait comprendre ki pa conner comier vaccins pou gagner; de deux, combien de Mauriciens accepteront de se faire vacciner; et finalement, il a aussi émis des réserves quant à l’efficacité des vaccins », dit le leader du MMM. Nous sommes dans une configuration où la réticence de la population à se faire vacciner risque d’augmenter, prévient-il, faisant ressortir qu’en outre, si Maurice disposera des vaccins Sinopharm et Spoutnik, des préjugés existent face à ces vaccins.

Par ailleurs, avec le prolongement de la phase II du déconfinement, on voit se prolonger aussi la fermeture des frontières et la mise en berne des activités du secteur touristique, dit Paul Bérenger, évoquant une « incertitude généralisée.» L’opposition réclame ainsi que le gouvernement vienne dissiper tous les doutes de la population quant à la vaccination et, par là-même, la réouverture des frontières. Surtout qu’aujourd’hui, il est de plus en plus évident que le concept de herd immunity ne fonctionne pas, dit le leader du MMM qui cite le cas des Seychelles en exemple. « Aux Seychelles, en dépit du fait que 95% de la population ont été vaccinés, et dont 65% ont reçu leur deuxième dose, il y a une nouvelle vague de la pandémie. Et à Singapour, c’est pareil, la herd immunity est remise en question », dit-il, abordant l’inquiétude et l’incertitude généralisé qui prévaut à Maurice. En dépit des doutes, l’opposition encourage la population à se faire vacciner. « La population souffre de Covid-fatigue et la situation ne s’arrange pas, la deuxième phase du déconfinement a été prolongée. Cela use davantage le moral », dit le leader des mauves.

Éducation : échec  du distance learning

Nando Bodha évoque, lui, le flou entourant la rentrée scolaire alors que la deuxième phase du déconfinement a été prolongé et que le nombre de cas augmente. « Selon un calendrier établi, la rentrée est prévue le 14 juin, mais avec les 15 cas en moyenne par jour, les clusters à travers l’île, les zones rouges où non seulement résident les étudiants et les enseignants, mais aussi sont installées les écoles, outre le problème de transport, il est urgent que la ministre de l’Éducation vienne éclairer la population sur les mesures qui seront prises et pour quand », dit-il. Il faut une décision en toute responsabilité, estime-t-il, exhortant la ministre de tutelle à venir de l’avant avec son plan de mesures pour la prochaine rentrée scolaire, afin de rassurer la population que les conditions seront réunies pour éviter toute propagation. Dans le cas où les élèves devront rester plus longuement à la maison, Nando Bodha s’interroge sur le plan B du ministère de l’Éducation. D’autant que le distance learning tel que promu lors du premier confinement a été un échec, rappelle-t-il. « Il y a eu un démarrage en catastrophe de l’éducation à distance avec un manque de formation pour les enseignants, un curriculum non adapté, et l’accès à internet difficile sinon pas accessible pour certains. Le ministère doit avoir un plan défini dès à présent en tenant compte de l’intérêt de l’avant, avant tout », dit Nando Bodha.

La situation de la drogue dans le pays a aussi été passée en revue par l’ex-ministre MSM qui brandit le dernier rapport de Global Initiative Against Organized Crime dans lequel le chapitre consacré à l’Observatory of Illicit Economies in Eastern and Southern Africa établit clairement que Maurice est une plaque tournante de la drogue dans la région. Pour Nando Bodha, il est urgent d’avoir une volonté et un leadership politique pour combattre les ramifications entre la drogue, la corruption et le blanchiment d’argent qui gangrènent le pays.

Consultation papers de L’ICTA : voués à être mis   à la poubelle

Dans un autre volet, le leader de l’opposition s’est attardé sur les consultations papers entourant l’ICTA. Selon lui, « il est clair que cela a été désavoué par le gouvernement et voué à être mis à la poubelle. » Cependant, Xavier Duval s’étonne des réponses fournies par le Premier ministre au Parlement. « Il est inconcevable d’imaginer un tel dysfonctionnement au niveau du gouvernement mauricien! Alors que tout ceci touche aux droits fondamentaux de la liberté d’expression, etc, Pravind Jugnauth vient lui dire qu’il n’était pas au courant et qu’il a simplement donné son autorisation par principe. C’est inimaginable! », dit le leader du PMSD. Cette situation résulte d’un surplus de portefeuille à gérer sous le primenistership, dit-il, estimant que le PM a tellement « accaparé » des responsabilités sous tutelle « ki li clair ki li pas pe maîtrise so bane dossier et li pa kapav gérer. » Pour Xavier Duval, c’est la première fois dans l’histoire de la démocratie qu’un PM assume autant de portefeuilles. Quoi qu’il en soit, l’opposition dénonce la « tentative” de l’ICTA de manipuler l’opinion publique, en relevant un petit paraphe du rapport de Facebook, alors que toute la page est damning contre les autorités mauriciennes. Elle réclame aussi la dissolution de ce board qui n’est pas à la hauteur, qui a occasionné une mauvaise publicité pour l’image de la démocratie mauricienne et qui devrait être remplacé par des gens compétents.

S’agissant des travaux parlementaires, le leader de l’opposition s’étonne de la prise de position du Speaker, mardi dernier, lorsque Sooroojdev Phokeer a demandé à Shakeel Mohamed et Patrick Assirvaden de faire un walk-out. « Du jamais vu dans les annales du Parlement! », dit Xavier Duval.

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