Il rêvait de sortir son propre album et de chanter sur une grande scène. Grâce à sa participation à Vibe, Jazzirica a concrétisé l’un d’eux au J&J Auditorium en se produisant devant un public. L’aventure est loin de s’achever pour ce jeune homme de 26 ans. C’est maintenant que tout commence : il repart avec le trophée gagnant et cette victoire lui ouvre de nouvelles portes. Et pas des moindres : des opportunités inespérées à l’étranger pour cet artiste koltar qui s’est confié à Scope.
De l’ombre à la lumière. C’est ainsi que Jazzirica, de son vrai nom Rick Simiette, décrit son parcours qui l’a conduit à remporter le trophée gagnant de Vibe. Le jeune homme savoure sa notoriété avec retenue, préférant laisser à ses proches l’honneur et la joie de célébrer sa victoire. “Cette première place a fait remonter d’autres émotions plus enfouies. J’étais confiant de mon potentiel mais mon objectif premier était surtout de me faire connaître auprès des producteurs. J’ai eu bien plus que ce que j’espérais. Surtout pour un jeune artiste local qui a tellement galéré. Finalement, le plus important est d’avoir eu raison de persévérer et de croire en moi.”
Peu importe l’issue de son avenir dans le chant et la musique, une chose est sûre : Jazzirica n’oubliera jamais d’où il vient : du koltar, en passant par la cour du Plaza et les bancs de la gare routière de Rose-Hill. Et surtout sa chambre où, à partir de rien, il a monté son propre petit studio. Ce sont des étapes qui ont forgé le grand vainqueur de Vibe.
Artiste polyvalent.
Même s’il s’envole bientôt pour la France avec, à la clé, plusieurs auditions et des projets alléchants, le jeune homme ne veut pas anticiper le futur. Depuis l’annonce des résultats de la finale, il y a une phrase qui lui revient sans cesse : “Zame to pran enn gro silindre pou to al vit. Pran enn ti motosiklet pou to apresie to larout.” C’est un conseil reçu de Dagger Kkila, dont il est fan et qu’il a eu l’occasion de rencontrer alors “ki mo ti pe koumans tras mo larout”. Aujourd’hui, “ce conseil prend toute son importance. Je me rends compte que le parcours d’un artiste, surtout d’un jeune artiste local qui veut faire connaître ses compositions et son univers musical, n’est jamais facile. Il faut prendre son temps, accepter les échecs et les incalculables portes fermées, les fausses promesses, les déceptions et autres difficultés pour se construire, sans jamais baisser les bras”.
Ce que les Mauriciens ont découvert au fil de ces dernières semaines est une partie de l’iceberg. Jazzirica peut être à l’aise sur SOS d’un terrien en détresse de Daniel Balavoine comme sur un morceau de Chris Brown, avant de remettre Caruso à sa sauce. “Je suis un artiste polyvalent qui aime explorer plusieurs autres univers.” Ce grand fan des Réunionnais Pix-L et Kaf Malbar évoluant dans les registres reggae, dancehall et hip-hop, compte aussi Lara Fabian, Axel Tony et les rappeurs La Fouine et Maître Gims dans sa liste d’artistes préférés. “Ce sont des facettes de moi que peu de gens connaissent.”
Poursuivre sa route.
Cela fait des années déjà que le benjamin des Simiette passe ses journées et ses nuits à composer pour lui ou pour ses amis, à créer ses propres arrangements au piano ou sur différents logiciels, à monter ses propres vidéos… Bref, “à faire tout par moi”, dans l’espoir de voir un jour “une de mes prestations atteindre plus d’un million de vues sur YouTube et autres réseaux sociaux”. Pas pour la notoriété, s’empresse-t-il de préciser. Il rêvait d’un album et d’une grande scène. Il n’a pas hésité à ranger ses crampons de footballeur alors qu’il a été médaillé d’or lors des Jeux de la CJSOI des moins de 17 ans dans la sélection nationale. Jusqu’à ce que sa voisine Marie-Ange Edouard décide de l’inscrire à son insu à Vibe, Jazzirica se contentait de “go with the flow”.
Grâce à cette première édition de ce concours créé par la MCB, l’artiste a grandi et espère “inspirer d’autres jeunes à tenter leur chance”. Pour lui, les choses se mettent en place plus concrètement. Tout en se disant reconnaissant, le jeune chanteur pense que Vibe aurait pu faire davantage d’espace à des créateurs. Si le concours a permis aux participants de se présenter avec des reprises retravaillées, le gagnant estime que les compositeurs et auteurs auraient aussi pu trouver là une opportunité. C’est dans cet état d’esprit qu’il a hâte de poursuivre sa route.