Logements sociaux : la leçon de Baie-du-Tombeau

Il ne reste pas beaucoup de temps au gouvernement pour respecter la promesse de 10 000 maisons sociales, en cinq ans, à l’intention des familles à faibles revenus. La problématique du logement, intrinsèquement lié à la précarité économique, est un combat qui ne requiert pas uniquement l’effort financier et matériel de la part d’un gouvernement, mais qui demande aussi un accompagnement social des bénéficiaires. Par ailleurs, les intempéries qui ont frappé le pays cette année et qui ont contraint des familles — plus nombreuses que d’habitude, à trouver refuge dans des centres communautaires — ont mis en exergue les mauvaises conditions de logement dans lesquels vivent encore des foyers.

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L’installation de 96 familles dans les longères temporaires de Baie-du-Tombeau en début de décembre est sans doute un premier pas vers des logements décents. Mais au-delà de cette étape transitoire remplie d’espoir, il y a un autre fait: le logement reste une importante problématique à résoudre dans le grand combat contre la pauvreté. Les maisons dites de type social poussent dans chaque région et il ne peut en être autrement.

Les ménages en précarité économique éprouvent des difficultés à se loger à cause de la cherté des loyers: un facteur qui affecte également les foyers de la classe moyenne. Le cas de Baie-du-Tombeau est intéressant, si l’on peut dire, à plus d’un titre. D’abord, il y a le simple rappel que tout ce qui est temporaire en matière d’empowerment ne devrait pas devenir permanent. Pour cause, les familles bénéficiaires des nouvelles longères ont vécu pendant une vingtaine d’années dans d’anciennes longères, supposées temporaires à l’époque, construites après le passage du cyclone Hollanda en 1994. Deuxièmement, une installation temporaire doit être accompagnée de conditions adéquates, notamment sanitaires. Après le tollé soulevé par les toilettes et salles de bains communes, les autorités ont compris qu’il aurait été inconcevable d’imposer 7 sanitaires seulement à  96 familles.

De son côté, la National Housing Development Company Ltd (NHDC) s’est rattrapée en annexant salle de bains et toilettes à chaque unité. Par ailleurs, la NHDC a équipé chaque unité de logement d’un extincteur de feu et des inspections surprises ont été prévues pour s’assurer que les familles bénéficiaires ne s’en débarrassent pas. Dans une de nos précédentes éditions, bien avant que les nouveaux résidents n’emménagent, nous avions relevé l’élément de risque en cas d’incendie dans une des unités. Faute de séparation isolante, sans intervention rapide, le feu se propagerait vite dans l’ensemble des longères.

Cette initiative est une précaution qui mérite d’être relevée. Il en est de même pour les toilettes individuelles, car il est fini le temps où l’ex-Trust Fund for the Social Integration of the Vulnerable pourvoyait des tôles et matériaux pour la construction de maisons sans toilettes ni cuisine.

162 nouvelles maisons sociales
D’autre part, le relogement de Baie-du-Tombeau est une occasion pour tous ceux — institutions, organisations non gouvernementales et ministères — qui d’une manière ou d’une autre sont concernés par la question, travaillent sur la responsabilité et la participation des bénéficiaires dans leur intégration sociale. En 2020, les 96 familles des longères temporaires seront appelées à vivre en communauté dans un lotissement social qui sera loin d’être gratuit. Relogées définitivement dans des maisons en béton de 50 mètres carrés, elles auront à payer leur loyer (une première pour certains foyers), s’acquitter de leurs factures et respecter leur contrat social.

Toutefois, les exemples de relogement de ce genre, dans un passé pas très lointain, ont démontré que sans accompagnement social, les bénéficiaires éprouvent des difficultés à assumer leurs nouvelles responsabilités. Et les conséquences ne sont pas moindres. Les ONG et les volontaires qui accompagnent déjà les familles des logements temporaires doivent poursuivre le travail d’encadrement commencé avant l’installation de ces dernières, afin qu’elles arrivent à s’adapter dans leur prochain environnement et y faire preuve de responsabilité.

Dans un peu plus d’une année, lorsque les résidents des longères temporaires s’installeront dans les maisons neuves de la NHDC, elles céderont leur clé aux familles restées dans des longères blancs et tôles. La région de Baie-du-Tombeau devrait accueillir au total 162 maisons sociales, dont la majorité (152) sera d’une superficie de 50 mètres carrés.

NEF, SRM: les chiffres manquants
Il n’est pas toujours facile de mesurer les progrès et l’impact des aides sociales — dont la finalité est de renforcer la capacité économique des bénéficiaires — quand l’information recherchée arrive à compte-gouttes, voire pas du tout dans certains cas. Hormis les constats que nous faisons sur le terrain où nous pouvons entrevoir le succès ou encore la faillite de certains programmes, les données chiffrées restent un outil important !

Néanmoins, quand des institutions comme la National Empowerment Foundation, entre autres, opte pour le silence quand elle est approchée pour quantifier la problématique du logement, que le Social Register of Mauritius, qui compte 12 200 bénéficiaires reste opaque il y a quelque chose qui nous échappe ! Les statistiques sur les logements précaires, les facteurs qui en sont la cause et la population concernée font défaut. Ce qui est certain, c’est qu’il faudrait beaucoup plus de 10 000 maisons pour venir à bout, ou presque, du problème de logement pour les familles aux revenux modestes.

6 800 maisons à livrer avant un an
Le gouvernement est optimiste. A la fin de son mandat, il aura fait construire 10000 maisons destinées à des familles dont le revenu mensuel vaie entre Rs 6 200 et Rs 20 000. Depuis quatre ans qu’il est en place le gouvernement a fait construire 2 171 maisons lesquelles ont été livrées à des familles à faibles revenus. Par ailleurs, la construction de 6 800 maisons sociales, réparties dans 23 régions, est attendue.

Toutefois, certaines, dont les 225 unités à Bassin et quelque 190 à Chebel, connaissent une étape avancée. Au dernier exercice budgétaire, le gouvernement avait prévu Rs 862 millions pour des projets de logement. La Chine, l’Inde et l’Arabie Saoudite ont entre-temps apporté leur soutien financier à l’Etat mauricien dans ses projets de construction de maisons sociales. C’est au total 2 945 maisons d’une superficie de 50 m2 et 191, de 39 m2, à travers le pays qui seront livrées par la NH

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