Le tricentenaire du diocèse de Port-Louis cette année inclut un autre anniversaire tout aussi important, soit les 125 ans de la mission de l’Église catholique à Agalega, célébré le 8 septembre dans la simplicité mais dans une grande ferveur.
Pendant ce parcours, il n’y a jamais eu de prêtres affectés en permanence dans l’archipel pour plusieurs raisons. Et cette mission de l’Église dans l’archipel a duré grâce à la persévérance des aînés dans leur foi et à un engagement considérable et fidèle de laïcs. D’ailleurs, les prêtres qui y vont en mission lors des fêtes majeures de l’Église reconnaissent et saluent cette participation remarquable de laïcs dans l’organisation de la vie de l’Église.
Les fidèles ont été heureux d’avoir parmi eux pour célébrer cet anniversaire le père Michel Moura, considéré par les habitants comme « enn zanfan lakaz » car il a travaillé dans l’île en tant que fonctionnaire quelques années avant son cheminement vers la prêtrise. Toutefois, ils avouent qu’ils auraient été doublement heureux si l’évêque de PortLouis, le cardinal Maurice E. Piat avait pu faire le déplacement pour marquer cet événement historique.
Jusqu’à la dernière minute, le noyau pastoral (équipe nommée par l’évêque de Port-Louis pour assurer les célébrations en l’absence d’un prêtre) avait cru que ses multiples démarches auprès du Prime Minister’s Office (PMO) pour une autorisation concernant la disponibilité du Dornier (l’avion de la National Coast Guard) pour assurer le transfert du chef de l’Église catholique allaient aboutir. « C’est la première fois que nous célébrons la mission de l’Église et c’est une grande joie pour les fidèles. Nous avons vécu une belle célébration avec le père Moura mais nous ne cachons pas que nous sommes un peu tristes de n’avoir pas eu le cardinal avec nous. En raison de son âge avancé, il aurait été risqué de le faire voyager par bateau », affirment au Mauricien les responsables du Noyau.
Cette célébration d’anniversaire s’est déroulée sur l’île du Sud car c’est là qu’a démarré officiellement la mission de l’Église le 8 septembre 1897 avec l’installation et l’inauguration d’une croix par le père Victor Malaval, le premier missionnaire qui avait débarqué dans l’île un mois plus tôt. Il est bon aussi de savoir que l’île du Sud était à l’époque l’île principale de l’archipel en raison de l’endroit pour le mouillage des bateaux. La croix en fer forgée placée par le père Malaval en 1897 a subi l’usure et s’est beaucoup détériorée au fil des années en raison des intempéries mais elle est toujours bien ancrée dans son socle, comme un témoignage de « l’Église vivante » à Agalega, contre vents et marées.
L’histoire de la mission de l’Église à Agalega comprend aussi un volet social avec une participation active dans l’éducation primaire par l’ouverture d’une école sur l’île du Nord et une autre à l’île du Sud. Mais l’Éducation catholique s’est retirée de ce service dans les années 90, suivant la décision du ministère de l’Éducation de prendre en charge l’éducation des enfants agaléens. Mais depuis quelques années, des habitants lancent régulièrement un appel en direction du diocèse de Port-Louis pour s’engager à nouveau dans l’éducation et dans la formation des jeunes.
La messe célébrée par le père Michel Moura le 8 septembre et la bénédiction, ensuite, d’une nouvelle croix missionnaire ont été les deux temps forts de cet anniversaire.
« L’ancienne croix est chargée d’histoire et elle sera toujours là pour nous rappeler le chemin parcouru et qui n’a pas été toujours facile pour les fidèles à cause des visites espacées des prêtres. La nouvelle croix témoigne de la continuité de la mission de l’Église et nous sommes conscients que cette mission doit tenir compte des changements importants qui ont eu lieu dans l’île et dans la société agaléenne car ces changements ont des répercussions sur la vie de l’Église. Les fidèles doivent être préparés pour répondre aux nouveaux défis », a fait ressortir un des responsables du noyau pastoral.
Dans un message adressé aux fidèles pour ces 125 ans, le cardinal Piat leur dit qu’il « partage (votre) joie ». Il ajoute ceci par rapport au symbolisme de cette nouvelle croix : « C’est en le regardant avec confiance et en le laissant toucher nos cœurs que nous-mêmes nous pourrons pardonner à ceux qui nous ont offensés, et nous réconcilier. Reprenons courage auprès de la croix pour continuer à marcher ensemble à la suite de Jésus, à nous rendre service mutuellement et à vivre dans la paix comme des frères et des sœurs d’une même famille. ».
Le noyau pastoral a bénéficié d’une collaboration notable de la firme de construction de l’Inde, Afcons Infrastructure, dans la préparation de cette célébration. En effet, la firme indienne a entrepris des travaux pour l’installation de la nouvelle croix, la décoration et la mise en place de la logistique nécessaire pour la messe. Elle a aussi participé à la collation offerte après la messe. Et l’évêque de Port-Louis dans son message n’a pas manqué de remercier l’administration et le personnel d’Afcon « pour leur soutien précieux »