Système hospitalier : et la bienveillance ?

La question de négligence médicale (ou de négligence tout court) dans les établissements hospitaliers publics ainsi que le protocole en vigueur sont actuellement sur toutes les lèvres. Parmi les cas les plus flagrants qui sont remontés à la surface ces derniers mois, il y a eu bien entendu l’affaire des décès des dialysés de l’hôpital de Souillac, qui a été évoquée dans les médias puis reprise par l’opposition. L’ex-Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo avait, en toute connaissance de cause, jeté tout son poids dans ce dossier, en dénonçant sans détour ce qu’il avait qualifié « d’homicide involontaire », de « négligence criminelle » et de « carnage ». Avec pour résultat qu’un Fact-Finding Committee a été institué sous la présidence de l’ex-juge Bissoondoyal pour enquêter sur ce dossier. Son constat et ses recommandations sont attendus avec impatience et la nécessité que ce rapport soit rendu public est réclamé avec force.

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Cette semaine, les difficultés rencontrées par les couples Ram et Quirin, victimes de drames qui avaient bouleversé l’opinion publique, ont été évoquées au Parlement. À ce titre, il faut féliciter le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, pour avoir consacré sa PNQ à ces deux cas qui, sinon, risquaient de finir noyés dans le flot des faits divers. Ces cas concernent en effet un des moments les plus sacrés de la vie humaine : la mise ou monde d’un enfant. Ils concernent non seulement la femme, qui, comme le chantait Jean Ferrat, « est l’avenir de l’homme », mais également toutes les familles, et donc toute la population. Comment en effet de telles choses ont pu se produire ? Qui sont les responsables ?

Dans les milieux médicaux et hospitaliers, on déplore qu’à chaque fois que ces questions sont portées au Parlement, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a, dans ses réponses, été mal conseillé par ses principaux collaborateurs. Ainsi, dans le cas du bébé Quirin, il se pourrait qu’il ait commis des erreurs dans sa réponse et ait donné des informations imprécises, lesquelles ont été reprises par le leader de l’opposition lors d’une conférence de presse.

Le plus grand problème, c’est que le ministre, qui est lui-même médecin, éprouve des difficultés à critiquer ses pairs, qu’il ménage en sachant probablement que ce secteur est miné par des lobbies de toutes sortes. Cependant, qui va croire que, trois mois après que la famille Quirin ait déposé une plainte reçue par la réceptionniste de l’hôpital Jawaharlal Nehru, personne, au niveau de l’établissement hospitalier, n’était au courant de sa démarche ? Pourquoi a-t-il fallu que l’hebdomadaire Week–End porte l’affaire au grand jour pour qu’on commence à bouger et que l’on confie l’affaire au Medical Negligence Standing Committee ? Comment a-t-on pu mettre un bébé dans un récipient en attendant qu’il rende l’âme ? « On traite les humains comme des animaux », déplore Xavier-Luc Duval.

Heureusement que le médecin ayant entendu pleurer le bébé aura été à la hauteur de son serment d’Hippocrate. Et heureusement, surtout, qu’il y a encore beaucoup de médecins compétents, honnêtes et dévoués dans nos établissements hospitaliers publics.
Ces problèmes, en raison de leur dimension dramatique, ont réussi à éclater au grand jour et ont bénéficié du soutien de poids lourds de la politique. Mais combien d’autres personnes doivent souffrir en silence ? On pourrait écrire des livres sur le service d’accueil de nos hôpitaux, qui est exécrable. Même après avoir reçu leur décharge, des patients sont abandonnés sous la varangue des hôpitaux, qu’il pleuve ou qu’il tonne.

On arrive à la conclusion qu’on peut avoir les bâtiments les plus modernes, les équipements les plus à la pointe de la technologie et les hôpitaux universitaires les plus avancés, s’il n’y a pas de bienveillance et d’altruisme, ou en un mot d’amour pour le métier et les patients, tout cela ne sert à rien. Comme l’a souligné chef de file du PTr au Parlement, Arvin Boolell, « on ne peut plus maintenir un système sclérosé ». Il faut donc à tout prix réunir une équipe d’experts locaux et internationaux afin de se pencher sur une réforme du système médical et paramédical.

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