9ES JEUX DES ÎLES (1ER-9 AOÛT) : Sept médailles d’or dans le viseur

C’est un pari audacieux, ambitieux, mais pas impossible. C’est le défi que s’apprêtent à relever les badistes mauriciens aux Jeux des îles pour à tout prix renouer avec une suprématie légendaire que nul ne pouvait contester, jusqu’en 2003, où les premières fissures sont apparues avec la perte du titre du simple hommes qui revint à La Réunion et le double mixte aux Seychelles. Avant le naufrage survenu en 2011 à Mahé où les rescapés sont revenus avec seulement trois médailles d’or sur les sept en jeu, deux arrachées en équipes et une en double mixte. Maurice n’avait pas connu pire humiliation.
Absent à Tana en 2007, le badminton avait effectué son retour aux Jeux en 2011 à Mahé. Quatre ans après, Maurice ne veut pas rater son nouveau rendez-vous avec l’histoire. Il incombe aux badistes de prouver que le sombre épisode de Mahé n’était en fait qu’un faux pas et qu’il est temps de remettre les pendules à l’heure.
L’objectif des sept médailles d’or n’était pas encore envisageable jusqu’à cette année. Depuis le départ de la Chinoise Yu Qiao en 2011 — elle avait pris en main la sélection nationale quatre mois seulement avant l’échéance —, les badistes ont été privés d’un encadrement technique adéquat pour relancer à fond la machine. Ils ont assisté impuissants au défilé de deux techniciens étrangers à la direction technique. D’abord le Malaisien Nantha Kumar Tarbadas (janvier-août 2013), puis l’Indonésien Tony Wahyud, qui n’a pas fait long feu non plus, arrivant courant avril 2014 avant de plier bagage en décembre.
Cette année, l’arrivée du Malaisien Raymond Stevon était annoncée pour avril, mais il a décliné l’offre après une visite d’essai d’une semaine en février. À la place, c’est l’Indonésien Annas Jauhari qui a débarqué courant mai. Il s’est aussitôt mis au fourneau. Ayant déjà entraîné des joueurs professionnels en Suède, Indonésie, Thaïlande et Inde, il se dit confiant de pouvoir aider l’équipe à « atteindre son but, notre but ».
« Je suis là depuis peu. Mais je crois qu’ils seront prêts à temps. En tout cas, je ferai de mon mieux pour qu’ils le soient. Il faut y croire, avoir confiance sans être excessivement confiant. On ne fait pas de champions en un mois. Cela prend un an au moins. Deux ans, ce serait parfait si vous voulez en faire des joueurs d’un niveau international. Il reste encore beaucoup à travailler pour les perfectionner de jour en jour », constate-t-il.
« Sept médailles d’or ? Pas impossible. Tout dépend comment on va gérer la préparation et le tournoi. D’ici à fin juillet, la préparation sera intense. S’ils s’accrochent jusqu’au bout, et peu importe la fatigue, ils verront eux-mêmes leur progression. Ils veulent tous se surpasser ».
De prédominance jeune, cette équipe affiche malgré tout une certaine maturité avec quelques éléments incontournables qui ont fait leurs preuves aux Jeux des îles, mais aussi à l’échelon continental. Il ne fait aucun doute que ses plus beaux atouts sont bien Kate Foo Kune et le junior Julien Paul, remarque le technicien indonésien.
« Kate a encore des efforts à faire, mais c’est une bosseuse toujours en quête de perfection. She’s a strong player and wants to be better day by day. Elle est aussi dans la course à la qualification olympique. Elle est vraiment motivée. Elle est plus que prête pour les Jeux ». En clair, il lui donne 80% de chances de gagner, les 20% dépendront d’autres facteurs. Pour Julien Paul, « il a le potentiel d’atteindre tout au moins la finale du simple hommes. Idem pour les équipes de double ». Quant au tournoi par équipes, la composition des paires sera décidée une fois sur place.
Les badistes mauriciens passeront 20 jours en Indonésie (4-24 juillet) à l’Atik Jauharu Academy, où ils peaufineront leur préparation au frottement des meilleurs. Ils s’envoleront le 3 juillet et seront de retour le 25. Si l’objectif à La Réunion semble à portée, d’ici l’échéance, il s’agira également d’éviter les blessures.
Et plus important, éviter les mêmes erreurs qu’à Mahé, prévient Raj Gaya, secrétaire général de l’AMB. « Après les deux titres remportés par équipes, les joueurs étaient tombés dans la facilité, se croyant les plus forts. Au lieu de se reposer, ils s’étaient dispersés avant le début du tournoi individuel. Ils furent sévèrement punis ».
Donc, il ne faudrait surtout pas que l’or, s’il était acquis en équipes, fasse encore le malheur des badistes dans le tournoi individuel. D’autant que Maldiviens, Seychellois et Réunionnais ne viendront pas jouer les figurants. L’intelligence du jeu, la consistance et la rage de vaincre seront les atouts pour se surpasser.

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