À LA CONQUÊTE DU POUVOIR  : Le peuple « admirable  » pris dans  l’étau de la politique politicienne

DR DIPLAL MAROAM

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Après la publication le mois dernier de nouveaux registres électoraux, la question du vote des étrangers, particulièrement des Bangladais, revient sur le tapis et considérant qu’une telle situation pourrait constituer un avantage indu au gouvernement lors des élections, l’alliance PTr-MMM-PMSD, par la voix de son leader, n’a pas manqué d’en faire état lors de son congrès à Vacoas, prenant comme exemple deux circonscriptions emblématiques, soit le No.5 (Pamplemousses/Triolet) où il pourrait bien effectuer son come-back après avoir connu des déboires ailleurs et le No. 8 (Quartier-Militaire/Moka), celle du PM.

Cependant, même si les chiffres avancés par Navin Ramgoolam ont été rectifiés par la Commission électorale, force est de constater néanmoins que, selon la section 42 de la Constitution, tout ressortissant d’un pays membre du Commonwealth – et le Bangladesh en est un –, âgé de plus de 18 ans et ayant résidé à Maurice pendant une période excédant 2 ans avant la date du scrutin, est éligible à s’inscrire comme électeur. Qui plus est, ce même ressortissant est également autorisé par la section 33 de la Constitution, à siéger en tant que membre de l’Assemblée nationale et pourrait même, en principe, assumer le poste de ministre voire chef du gouvernement, selon la section 59. Ceux qui n’avaient, dans le passé, même pas levé le petit doigt pour amender les sections concernées, ont-ils vraiment le droit moral de s’insurger contre cette pratique de vote des étrangers tant décriée aujourd’hui ?

Mais s’il y a vraiment une situation tout aussi ubuesque sur laquelle les projecteurs auraient dû également être braqués, c’est bien l’écart grandissant, en nombre d’électeurs, entre certaines circonscriptions du pays, ce alors que la section 39(3) fait état de la nécessité d’observer, autant que faire se peut, le « population quota », soit, environ 60,000 habitants ou approximativement 45,000 électeurs dans chaque circonscription. En effet, est-ce vraiment raisonnable qu’alors que toutes les circonscriptions du pays – excluant la 21e – sont uniformément représentées à l’Assemblée nationale par 3 députés, le nombre d’électeurs de celles du No.2 (Port-Louis Sud / Port-Louis Central) et No.3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est), par exemple, ne dépassant pas les 25,000 chacune, n’arrive même pas à la hauteur de 50% de celui du No.4 (Port-Louis Nord/Montagne Longue) avec 51,997 électeurs ou du No.10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est) qui en compte 56,040 ? En outre, que dire de ces grandes circonscriptions, totalement incompatibles avec le « population quota », telles le No.5 et le No.14 (Savanne/Rivière-Noire) dont le nombre d’électeurs dépasse les 67,000 ou encore les circonscriptions No.6 (Grand-Baie/Poudre d’Or) et No.9 (Flacq/Bon-Accueil) avec environ 60,000 électeurs chacune, ce alors que le rapport de la Boundaries Commission – soumis tous les 10 ans pour le redécoupage électoral – dort dans un tiroir à l’Hôtel du gouvernement ?

Par ailleurs, s’il y a un problème de grande préoccupation nationale ces jours-ci que l’alliance rouge-mauve-bleu dit vouloir, à juste titre, faire un de ses chevaux de bataille, c’est bien celui de l’insécurité routière, conséquence, selon Navin Ramgoolam, d’une « vengeance » du gouvernement actuel lorsqu’il a aboli le système de permis à points et les speed cameras. Beaucoup d’observateurs sont d’avis que le permis à points avait, tant bien que mal, suscité le sens de la responsabilité chez les automobilistes et que la réintroduction de ce système constituerait une des solutions à l’indiscipline flagrante qui règne actuellement sur nos routes. Car un mort lors d’un accident, c’est évidemment un mort de trop.

Finalement, l’on se demande si, dans l’éventualité d’un retour de Navin Ramgoolam aux affaires – à condition qu’il soit, au préalable, blanchi dans l’affaire des coffres-forts dans laquelle il est poursuivi sous 23 chefs d’accusation de blanchiment d’argent sous la FIAMLA –, le projet d’extension du Metro Express serait abandonné ; si le développement actuel de Côte-d’Or, qu’il avait d’ailleurs qualifié d’éléphant blanc, serait stoppé ; si le dossier de Sun Trust serait dépoussiéré, comme promis, à maintes reprises dans le passé, mais promesse jamais réalisée pour des raisons d’alliances électorales; si le CPE et les Form 1 to 6 Colleges seraient, comme c’était le cas en 2005, réintroduits ; si …

Comme quoi, dans le combat inlassable de la politique politicienne pour la conquête du pouvoir, c’est toujours le peuple « admirable » qui en fait les frais.

                                                                                                                                          

        

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