À la mesure de la démesure

Jamais l’homme n’aura été confronté à pareil défi que celui du changement climatique. Jamais non plus il n’aura été aussi laxiste dans ses actions face à des menaces mesurables et mesurées, et dont nous constatons pourtant déjà les effets. Face à cette réalité, les discours se sont bien sûr aseptisés, que ce soit poussés par le mouvement écologique mondial, les Nations unies ou encore par simple capitalisation politique. De même, les entreprises affichent de plus en plus leur « éco-responsabilisation » et les politiques sortent de leur chapeau des mesures visant à réduire leur empreinte carbone. Mais tout cela ne suffit pas. Et ce pour la simple raison que nous nous sommes depuis trop longtemps enfermés dans la démesure de notre système capitaliste.

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Cette démesure, nous ne pouvons réellement la constater car n’ayant, au fond, jamais connu qu’elle. Ces technologies dont nous nous gavons chaque jour, et qui constituent une importante part de responsabilité dans le dérèglement du climat, en sont peut-être la meilleure preuve. Aussi, pour éviter de se défaire de ce que nous considérons aujourd’hui comme vital, il apparaît bien plus facile d’évoquer la technologie verte. Comme si elle nous dédouanerait de nos responsabilités et pouvait remettre bon ordre dans ce monde déboussolé. Eh bien, au risque d’en décevoir beaucoup, non, les énergies vertes n’existent pas. Du moins pas en tant que tel. Elles ne sont pour l’heure que de fausses solutions palliatives au cancer métastasé de notre société énergivore.

Combien de politiques, médias (nous compris) et même, chose étrange, écolos et défenseurs du climat n’affichent-ils pas ces technologies renouvelables comme unique recours à notre dérive climatique ? Sans savoir, donc, que ces technologies ne sont aucunement renouvelables, et ce car étant tout simplement conçues à partir de ressources qui, elles, ne le sont pas. Pour illustrer cette vérité, prenons les trois alternatives « vertes » les plus prônées, en l’occurrence l’énergie hydraulique, l’énergie solaire et l’énergie éolienne. Dans le premier cas, il faut savoir que les barrages ne peuvent produire d’hydroélectricité sans endommager les cours d’eau où ils sont implantés. De même que leur structure de béton et les équipements nécessaires à la transformation électrique réclament beaucoup d’énergie, loin d’être verte celle-là.

Lorsque l’on parle de solaire, le constat est quasi identique. Par manque d’informations, beaucoup croient que ces panneaux magiques sont réellement verts et capables de résoudre tous nos problèmes, que ce soit en termes de production énergétique ou de protection de l’environnement. Là encore, c’est hélas faux. Pour construire un panneau photovoltaïque, dont le rendement reste d’ailleurs approximatif selon les pays, d’importantes matières premières sont en effet nécessaires, comme l’arsenic, l’aluminium, le cadmium, le cuivre, le gallium, l’indium, le phosphore, le sélénium, le silicium, le titane… Des minerais qu’il faut évidemment bien extraire, et ce dans des conditions de plus en plus inhumaines et dans des mines qui s’appauvrissent graduellement.

Si les éoliennes semblent épargnées par ce problème, ce n’est pas le cas, celles-ci réclamant notamment du néodyme et, bien sûr, des tonnes de ciment et d’acier. Cela bien entendu sans parler des batteries nécessaires pour le stockage de l’énergie produite, lesquelles sont fabriquées à partir d’énergie carbone, qui plus est avec des métaux rares. Autant dire que ces énergies que l’on vend comme étant « propres » sont très loin de l’être, et qu’elles ne pourront jamais être un remède efficace à notre démesure.

Cette démesure, une fois encore, est pourtant un élément vital de l’équation. En fait, elle est même le facteur le plus important, car elle est la cause directe de notre situation. Depuis l’avènement de l’ère industrielle, nous n’avons jamais cessé de produire en masse, qui plus est pour la plus grosse partie des produits dont nous pourrions très bien nous passer. Ainsi, en nous étant rendus dépendants, par exemple, de mégatonnes d’appareils électriques, nous alternons chaque jour un peu plus notre « Système Terre ». Idem pour la majorité des produits non technologiques (alimentation, habillement, etc.). Nul doute après ça que les représailles de la planète seront, elles aussi, démesurées.

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