Un peu plus de 70 ans de règne non seulement au Royaume-Uni mais avec un rayonnement certes colonial sur d’autres contrées de la planète, la reine Elizabeth II s’est éteinte, jeudi dernier, à l’âge de 96 ans. Son parcours de souveraine n’a laissé personne indifférent même si le nouveau roi Charles III, lors de sa première allocution de Buckingham Palace n’a pu s’empêcher de saluer sur une note des plus intimistes sa Darling Mama.
Depuis jeudi après-midi à l’ombre de Sa Majesté, la planète est inondée d’images flamboyantes jalonnant le parcours de la reine Elizabeth II, qui avait accédé au trône du haut de ses 25 ans. À Maurice, les archives témoignent de la ferveur dont avaient fait preuve en mars 1972 les Mauriciens pour accueillir le couple royal le temps d’une visite officielle. Il y a juste un demi-siècle de cela.
Mais en feuilletant les pages jaunies des journaux de l’époque, rares sont les mentions à l’effet que des dirigeants de l’opposition extra-parlementaires avaient été mis à l’ombre dans des cellules. L’État d’urgence aidant, les autorités d’alors avaient souscrit à une police d’assurance contre la possibilité d’une réédition de l’épisode « Alexandra Go Home » du rond-point de Saint-Jean en 1969, initiative du Club des Étudiants, devant se transformer en une force politique, le MMM.
Cette absence de toute référence au contexte politique dans lequel s’est déroulée cette visite royale en 1972 n’était nullement la faute des rédactions. La presse était alors soumise à un régime de censure des plus stricts avec les Casernes centrales littéralement contrôlant tout ce qui devait être imprimé.
Cette censure institutionnelle de la presse ne fut levée que le 9 septembre 1976, soit exactement 46 ans de cela jeudi dernier. Cette étape vers le retour des pratiques démocratiques à Maurice avait coïncidé avec le décès de l’ancien président Mao Tse Toung, devant déboucher sur une page tournée de l’Histoire de la République populaire de Chine.
Nullement l’intention de s’engager dans un cours d’Histoire. Mais tout simplement un rappel que l’ombre de Sa Majesté s’estompera très rapidement pour céder la place à une réalité nullement complaisante. D’ailleurs, lors de cette même soirée du jeudi 8 septembre, l’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice E. Piat, dans un langage posé et sans acrimonie, a réveillé de manière crue le pays face aux dangers découlant de deux fléaux.
D’abord, un système d’éducation se distinguant avec un taux d’échecs dans la fourchette de 25 à 30% à la fin du cycle primaire puis générant un 90% aux Mock Exams pour le compte du National Certificate of Education (NCE). La question légitime qui émerge de l’ombre est qu’adviendra-t-il à cette jeunesse, qui à la fin du parcours scolaire, parviendra difficilement à maîtriser quoi que ce soit en termes de littératie ou de numératie.
Ensuite, il y a pire. Le drame dans lequel sont plongées quotidiennement des familles avec des enfants devenus des esclaves des marsan lamor. Pourtant, pour cet aspect de son intervention, le cardinal Piat a cru bon de ne faire que rappeler le cri du cœur du pape François le 9 septembre 2019 au pied de la Montagne des Signaux. Surtout cette phrase : « de ne pas laisser les marchands de la mort voler les prémisses de la terre mauricienne ».
Depuis, trois ans se sont écoulés. La question qui semble la plus pertinente est : la situation de la prolifération de la drogue est-elle sous contrôle ? Loin de là et ce, en dépit des saisies effectuées de manière quasi quotidienne. Ce ne sont pas Cadress Runghen et ses collaborateurs de Lakaz A qui contrediront ce fait.
Tout comme au sujet de l’éducation où le chef de l’Église catholique s’est permis de lancer un appel à ceux engagés dans l’éducation de met latet ansam pour produire une autre pédagogie en vue de récupérer les enfants laissés-pour-compte du Mainstream. N’est-il pas urgent de mobiliser toutes les bonnes volontés possibles pour épargner à la jeunesse mauricienne cette descente aux enfers inéluctable ?
D’autant plus qu’il n’y a pas un jour où les réseaux sociaux ne diffusent des scènes de violence inouïe impliquant des jeunes à la sortie des classes. La dernière, ce même vendredi 9 septembre, montre des collégiennes, oui des filles, dans des actes d’agression sur la voie publique donnant froid au dos. Sont-ce des leçons apprises qu’elles ont voulu répéter en quittant l’enceinte de l’école ?
Autant de signes troublants pour que l’ombre de Sa Majesté soit irrémédiablement dissipée, permettant à la République de Maurice de se pencher sur ces maux terribles traquant ses enfants …