À Quatre-Bornes : Navin Ramgoolam cible la « connexion MSM/affaires de drogue »

Les grosses affaires de drogue ayant défrayé l’actualité ces cinq dernières années ont occupé une large place de l’intervention de Navin Ramgoolam, leader du PTr, lors du meeting de LAlliance Nationale (PTr-PMSD) hier à la gare de Quatre-Bornes. Il a ainsi cité les différents cas de grosses saisies de drogue dans le pays durant la période 2015-2019 et a mis en exergue les liens qui existeraient entre le MSM et des protagonistes impliqués dans ces affaires, allant même jusqu’à parler de « liens entre le MSM et la mafia ». Lors de ce rassemblement, qui s’est déroulé sous une pluie battante, Navin Ramgoolam et Xavier-Luc Duval, leader du PMSD, ont affirmé tous deux dans leurs interventions, et d’une manière insistante, que leur programme électoral vise l’ensemble de la population. Ils ont d’ailleurs qualifié le regroupement de leurs deux partis d’alliance « d’unité nationale ».

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Le leader des Rouges, accompagné de son épouse Veena, vêtue d’un t-shirt aux couleurs de L’Alliance Nationale, est arrivé sur le lieu du rassemblement après 11h30, alors que Xavier-Luc Duval s’adressait à l’assistance, et a eu le temps de prendre un bain de foule avant de monter sur l’estrade. Entre-temps, le temps s’était quelque peu éclairci, au grand soulagement des partisans, qui étaient trempés jusqu’aux os.

Dès le début de son intervention, Navin Ramgoolam s’est attaqué au clan Jugnauth, qu’il a accusé d’avoir « pris le contrôle total » du pays en « utilisant l’appareil de l’Etat ». Et le leader travailliste de poursuivre : « Pouvwar total dan lame enn fami. » Celui-ci a ajouté que la gestion du MSM ces cinq dernières années s’est résumée à la « mafia », au « népotisme », aux « scandales » et à la « corruption ».

Le leader de L’Alliance Nationale a poursuivi en disant que face aux nombreux scandales auxquels a été confronté le pays ces derniers cinq ans, « il n’y a qu’une seule question que devrait se poser la population » le jour du scrutin, soit « quel est l’enjeu » de ces élections. « Eski ou pou less mafia ladrog ek mafia gambling diriz nou pei ? » a lancé le leader du PTr à la foule.

En parlant de la drogue, sur laquelle il s’est appesanti hier, Navin Ramgoolam a fait allusion au rapport de la Commission d’enquête et a fait de graves accusations contre certaines personnes à la tête du MSM. « Le rapport Lam Shang Leen a démontré clairement les liens entre les dirigeants du MSM et la mafia de la drogue. » Il a aussi évoqué les liens entre le « gambling » et les affaires de drogue en citant les observations faites à ce sujet par la commission sur ces deux secteurs.

Navin Ramgoolam croit aussi que sir Anerood Jugnauth avait « un plan bien calculé » et un « plan machiavélique » en prenant le pouvoir en décembre 2014, soit de se faire remplacer en 2017 au poste de Premier ministre par son fils. « Li finn fer li rant par linpos. » Le leader du PTr a terminé son intervention en appelant les Mauriciens « à voter en bloc » pour L’Alliance Nationale dans toutes les circonscriptions s’ils veulent « une société plus juste et un nouveau modèle économique ». Navin Ramgoolam a mis en garde contre « les votes de sympathie » envers l’adversaire et, selon lui, tout vote qui serait en faveur du MMM équivaudrait à « un soutien au MSM ». Il poursuit : « Si ou anvi sanzman ou bizin anvoy MSM dan poubel de listwar ! ». Et c’est sous les applaudissements des partisans rouge et bleu que le leader du PTr a énuméré les principales mesures figurant dans le programme électoral de cette alliance. « Pena okenn demagozi dan se ki nou finn propoze. »

Du discours du leader du PMSD, on retient l’insistance de celui-ci sur le côté « rassembleur » de L’Alliance Nationale. « Se enn lalians de linite nasional », a dit à plusieurs reprises Xavier-Luc Duval. Et de ce fait, selon lui, les mesures proposées dans le programme électoral concernent toutes les composantes de la population et toutes les générations. « Sa program-la li pou tou Lil Moris. Se enn program de linite nasional e tou dimounn pou gagn ladan. Nou pe aboli tax minisipal e tou dimounn pou parey », a dit le leader du PMSD en égrenant les différentes mesures.

Au sujet des ravages de la drogue synthétique parmi les jeunes, le leader du PMSD a affirmé que la réhabilitation des toxicomanes sera une des priorités de L’Alliance Nationale une fois au pouvoir. Il a promis aussi qu’un gouvernement de l’Alliance Nationale sera « à l’écoute des jeunes ». En parlant des autres maux de la société, Xavier-Luc Duval s’est dit « choqué » par l’augmentation des cas de violences envers les femmes. « Nou pa kapav indiferan a sa bann violans-la. Nou pou azir e nou pe dir “zero tolerans” », a affirmé le leader du PMSD.

Par ailleurs, selon Rama Sithanen, il est urgent de relancer l’économie. Il a promis des mesures pour redynamiser les secteurs ayant été au ralenti ces dernières années en citant en exemple le tourisme et la zone franche. « Lekonomi finn an pann pandan 5 an. Nou bizin ou pou ki nou kapav redres pei-la. Nou pou develop osi bann nouvo sekter kouma lamer », a-t-il dit. Mais « l’objectif principal », a-t-il souligné, est la création d’emplois afin de réduire le taux très élevé de chômeurs parmi les jeunes. « Nous allons mettre l’accent sur l’emploi, la formation des jeunes et l’entrepreneuriat », s’est engagé Rama Sithanen. « Ou bizin vot nou pou nou resi fer sa pou ou », devait-il faire remarquer à la foule.

Shakeel Mohamed, qui a été le chef de file du PTr au Parlement durant ce dernier mandat, a évoqué dans son intervention les arrestations de plusieurs membres du parti rouge sous le règne du MSM-ML. « Inn ler pou sanzman, inn ler pou liber nou pei, e desizion-la dan ou lame », a-t-il lancé en fustigeant particulièrement les membres de la famille Jugnauth. « Si ou anvi fini ek lanpirJugnauth, ou kone ki ou bizin fer ! »


 

« Kayambo » à la manière de Boolell

Kayambo, un des titres de Sandra Mayotte – candidate pour sa part de L’Alliance Morisien à Savanne/Rivière-Noire – a inspiré hier Arvin Boolell. Ravi devant la foule rouge-bleu massée à la Gare de Victoire, le député sortant de Belle-Rose/Quatre-Bornes s’est amusé à répéter sur un ton enjoué à plusieurs reprises pendant son intervention : « Kayambo, Kayambo, mare-la pe monte. »

On a remarqué tout au long de ce rassemblement d’hier un véritable engouement des différents candidats et d’autres membres de l’Alliance Nationale pour des selfies et autres photos de l’assistance sous tous les angles pendant les différentes interventions. Tout porte à croire que Shakeel Mohamed a été le plus actif avec son portable.


ARVIN BOOLELL : « À seulement quelques jours de l’hôtel du gouvernement »

« Nous sommes à seulement quelques jours de l’hôtel du gouvernement. Nous vous donnons la garantie que nous dirigerons pour votre bien-être. » Tels ont été les propos d’Arvin Boolell, candidat rouge au No 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes), hier dans un ultime appel aux partisans rouges. Sur un ton plus caricatural, il devait lancer : « A la cuisine, ils ne cuisinent pas à manger. Ce sont des personnes qui veulent empoisonner le peuple. Nou pou vir zot bol dal, wi ou non ? » devait-il ainsi lancer, comme pour faire monter la mayonnaise parmi le public. Une douzaine d’autres orateurs ont pris la parole avant lui.

«  La mare-la monte, pa monte ? Kayambo, pa kayambo ? Pik zot ourit wi ou non ? Li palpab, pa palpab ? » C’est ainsi  qu’Arvin Boolell a démarré son discours. Parmi les derniers à prendre la parole, il devait être face à une foule devenue alors plus compacte que celle plus clairsemée du début. « Nous sommes sur le chemin de la victoire, une victoire que nos soldats de la liberté, du PTr/PMSD, apporteront devant l’hôtel du gouvernement le 8 ! » Selon lui, c’est un gouvernement qui saura répondre à l’aspiration de « son peuple admirable » à travers son programme. Il a donné la garantie au public que « nous dirigerons pour votre bien-être ».

Il ajoutera que « les jours de Sherry Singh sont comptés » et que « la première personne devant s’en aller, c’est le commissaire de police ». Il s’est demandé quelle valeur ont aujourd’hui l’ICAC et la Banque de Maurice. Et, avance-t-il, « tous les sondages – M. Lee Shim peut être content ou pas – montrent que c’est l’Alliance Nationale qui va vers une grande victoire ».

Auparavant, Mireille Martin, candidate rouge, devait chercher la complicité du public en disant : « Comme moi, vous en avez assez de ce gouvernement. Ki bizin dir ? I order you… I order you… ». Elle a justifié sa présence par son désir de « libérer le pays de cette corruption qui monte, du chômage qui grimpe ». Assad Peeroo, autre candidat de L’Alliance Nationale à Stanley/Rose-Hill (No 19), a, lui, qualifié le gouvernement sortant de « Frankenstein » avec un « programme électoral qui est un rêve ». Maurice, avant 2015, dit-il, était un exemple en Afrique. « Avez-vous déjà entendu parler de drogue synthétique en 2015 ? »

Pour sa part, Ashok Jugnauth, frère de sir Anerood Jugnauth et oncle du Premier ministre sortant, a amusé la foule en disant : « Le seul miracle qu’ils ont fait c’est “Buy One get One free”. Ils avaient dit de voter pour un Premier ministre et “You get one free”. Quand vous avez eu un deuxième Premier ministre “free”, où a-t-il mené ce pays ? ». Chaque enfant qui vient au monde « naît avec une dette de Rs 300 000 à Rs 400 000 », dit-il encore.

Jean-Claude Barbier, ex-membre du MP et candidat à GRNO/Port-Louis Ouest (No 1), a pour sa part soutenu : « La pêche aurait pu être un pilier de notre économie, mais elle n’a connu aucun développement. Pourtant, c’est là où il y aurait dû y avoir des efforts. Cela sera une de nos priorités quand nous viendrons au pouvoir. » Aurore Perraud a pour sa part critiqué le non-aboutissement du Children’s Bill. « Nous avons vu que c’est un projet de loi bâclé. Nous prenons l’engagement d’amener le Children’s Bill pour protéger l’avenir de nos enfants. »

Pour Satish Faugoo, ancien ministre de la Santé, « c’est Pravind Jugnauth qui est responsable de la drogue » dans ce pays. « Depuis deux ans, les enquêtes sont dans les tiroirs. De plus, le deal “Papa Piti” est devenu “Deal Piti-Bofrer”. » Patrick Assirvaden, lui, a remercié la foule d’avoir bravé la pluie pour assister au meeting. Il a rappelé l’introduction de la hausse de la pension de vieillesse par L’Alliance Nationale dès décembre, la baisse du prix de la bonbonne de gaz ménager ainsi que celui de l’électricité de 25%.

Enfin, Anil Bachoo a tiré à boulets rouges sur « un gouvernement “pa pou lepep” mais “pou zot fami” ». Il a cependant eu beau vociférer et faire des signes du doigt, ses propos étaient devenus inaudibles tant les tambours battaient au plus haut point.


AMBIANCE : Tambours, vuvuzelas et pluie…

Trois mots pourraient donner un aperçu de l’ambiance qui a régné hier sur la Place de la Gare, à Quatre-Bornes : tambours, vuvuzelas et pluie. En effet, le meeting a été marqué dès le début par le temps à la fois froid et pluvieux. Les parapluies rouges et bleus étaient ainsi de sortie. Dès 9h45, les abribus de la gare de la Place Victoria étaient pris d’assaut par le public en guise de protection contre la pluie, ce qui avait laissé bien des espaces vides autour. Très clairsemée au départ, vers 10h55, l’on devait annoncer que les bus arrivaient après avoir été bloqués dans l’embouteillage entre Rose-Hill et Curepipe. Mais à 9h30 déjà, plusieurs bus vides étaient pourtant visibles sur l’Avenue Hillcrest, à Sodnac.

À l’Avenue Victoria, vers 10h, une rangée de personnes, postées sur le trottoir, était venue écouter les propos des orateurs. L’on pouvait noter une majorité de partisans en t-shirt rouge alors que les autres affichaient la couleur bleue. Tout au long du meeting, les vuvuzelas se font entendre. Petit à petit, la foule s’épaissit. Fabrice David, fils de feu James Burty David, préside le meeting pour son baptême du feu à ces élections générales. Orateur après orateur, le son des vuvuzelas se fait plus bruyant jusqu’à couvrir les propos de certains protagonistes.

L’écran géant, installé à gauche de l’estrade, pallie le manque de visibilité de celle-ci. À 10h30, la moitié de la place de la Gare est toujours plus ou moins clairsemée, même si les gens continuent à arriver graduellement. Quelques minutes plus tard, elle devient toutefois plus compacte. 10h45 : la pluie s’intensifie, occasionnant une grande flaque d’eau, ce qui éloigne les gens de cet espace assez large. Du côté de l’Avenue Victoria, la foule a maintenant investi la route. L’excitation du public monte crescendo alors que les tambours font vibrer la place. Certains activistes n’ont rien trouvé de mieux que de se tenir debout sur le mur de la municipalité de Quatre-Bornes pour avoir une meilleure vue.

À 11h15, Fabrice David annonce que Navin Ramgoolam est attendu. Son arrivée se fera toutefois longuement attendre, obligeant certains orateurs, comme Arvin Boolell, Fabrice David et Xavier-Luc Duval, à meubler le temps en étendant leur discours. Des partisans, eux, ont tenu prêt leur portable pour prendre le leader du PTr en photo. Ce n’est qu’à 11h40 qu’il arrivera, précédé d’une cohorte de batteurs de tambours sur l’Avenue Victoria et de sirènes de motards. Fendant la foule, ces derniers traceront le chemin à deux véhicules, dont une BMW X6 blanche. Dans sa chemise rouge, l’ex-Premier ministre monte sur l’estrade, salue son public, suivi de son épouse, Veena, en t-shirt rouge et bleu, accueillie par la femme de Xavier-Luc Duval sur l’estrade. Les drapeaux sont brandis dans un mélange de bruits avant qu’il ne prenne la parole.

Ce meeting contrastait avec d’autres dans le sens où il n’y avait pas de fantaisies, telles des poupées à l’effigie de tel personnage que l’on voudrait tourner en ridicule. Pas d’écriteau non plus pour faire passer des messages ironiques envers l’autre camp.

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