Abus sexuel – Cardinal Piat : « L’engagement de l’Église à faire la vérité et à assurer la justice »

  • Le protocole publié: « Ces conduites immorales et criminelles de la part des adultes en situation de responsabilité dans l’Église sont une source de trauma pour les mineurs et leurs proches, de même que pour la communauté chrétienne »

Le diocèse de Port-Louis prend des mesures fermes visant à la protection des mineurs par rapport aux abus sexuels. Après la publication l’année dernière d’un protocole diocésain traitant des allégations de ce type de délits sur mineurs commis par des clercs (prêtre, diacre), le cardinal Maurice Piat a promulgué, lors d’une conférence de presse, dans la matinée un autre protocole traitant des allégations d’abus sexuels impliquant toute personne en responsabilité auprès des mineurs dans le cadre de toute activité pastorale dans le diocèse de Port-Louis.

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« Ce document exprime l’engagement de l’Église à faire la vérité et à assurer la justice lorsqu’intervient une allégation d’abus sexuel sur mineur », affirme le cardinal Piat. Dans cette démarche de l’Église, l’évêque de Port-Louis insiste sur le « respect de la dignité » des personnes victimes d’abus ainsi que celles mises en cause.

« Justice », « Vérité », « Justice » et « Transparence » : ce sont là trois mots-clés dans ce protocole devant entrer en vigueur dans un mois à compter de sa promulgation. « Par la publication de ce nouveau protocole, le diocèse de Port-Louis s’engage à lutter contre la pédophilie en toute transparence », dit le cardinal Piat.

Ce dernier était entouré, lors de cette conférence de presse, de personnes ayant participé à la rédaction de ce protocole, à savoir le Père Georgy Kenny, le Père Heriberto Cabrera et Emilie Duval, psychologue. « Ce protocole traduit l’engagement de l’Église à Maurice de tout mettre en œuvre pour prévenir les abus, sensibiliser et agir concernant les actes d’agressions sexuelles sur les mineurs et de les traiter de manière juste, équitable et transparente », écrivent aussi les rédacteurs dans leur note d’introduction.

Une parenthèse pour souligner que la question d’abus sexuels par des prêtres et autres responsables au sein de l’Église fait l’actualité dans le monde en ce début de carême chrétien. D’abord, il y a une quinzaine de jours en France, la justice a condamné le cardinal Barbarin à six mois de prison avec sursis pour son silence au sujet des agressions pédophiles d’un prêtre de son diocèse.

Et ensuite, la diffusion d’un documentaire sur une chaîne de télévision en France et révélant des témoignages inédits des religieuses qui auraient été abusées sexuellement par des prêtres pendant plusieurs années. Un autre scandale qui risque d’éclabousser l’Église.

La présentation aujourd’hui de ce protocole par le cardinal Piat se situe aussi dans le sillage de la rencontre convoquée par le pape à Rome le mois dernier concernant la protection des mineurs dans l’Église et à laquelle a participé Mgr Alain Harel, évêque de Rodrigues et en tant que représentant de la Conférence épiscopale de l’océan Indien (CEDOI).

Dans ce protocole, le cardinal Piat fait ressortir que l’Église s’est engagée de manière formelle depuis plusieurs années à prévenir et à lutter contre tout cas d’abus sexuel sur mineurs de la part des clercs.

Il soutient cette affirmation en rappelant ainsi la publication de deux protocoles à ce sujet, un en 2013 et un autre 2018. Il était devenu nécessaire pour l’Église d’avoir un protocole relatif aux allégations abus sexuels sur les mineurs faites par des personnes en situation de responsabilité auprès des jeunes dans le diocèse.

L’Église souligne son entière collaboration avec les autorités civiles pour faire la lumière sur les cas d’allégations. « Quelles que soient les circonstances, dans un souci de transparence, le diocèse coopérera avec les autorités civiles dans le respect (et dans la mesure) de ce que prévoit la loi. Durant le procès civil/pénal, aucune atteinte ne sera portée au for interne sacramentel. »

Les rédacteurs de ce protocole affirment que l’Église catholique « a toujours maintenu que l’abus sexuel est un délit d’ordre moral suscitant l’horreur, encore plus grave quand la victime est un mineur », et de surcroît, il s’agit d’un « acte criminel condamnable en vertu des lois de l’île Maurice et de l’Église catholique ».

Ils ajoutent que « ces conduites immorales et criminelles de la part des adultes en situation de responsabilité dans l’Église sont une source de trauma pour les mineurs et leurs proches, de même que pour la communauté chrétienne. »

Ce protocole concerne toute personne en responsabilité auprès des mineurs dans le cadre de toute activité pastorale organisée par l’Église en direction des jeunes. Les personnes en responsabilité auprès de mineurs et qui sont susceptibles d’être l’objet d’une allégation sont : des laïcs (qu’ils soient employés ou bénévoles) ; des clercs (évêque, prêtre, diacre) ; des religieux (frères) et religieuses ; et les catéchètes et autre personne bénévole. Mais Si l’allégation est faite contre un clerc, on appliquera le protocole qui est déjà en vigueur pour les traitements d’abus sexuel sur mineurs par des clercs. Tandis que le personnel des écoles primaires et collèges catholiques ainsi que d’autres institutions sont concernées par un autre protocole.

Tous ceux et celles qui sont engagés dans un service/ mouvement auprès des jeunes mineurs dans le diocèse de Port-Louis sont tenus de prendre connaissance de ce protocole rendu public aujourd’hui et sont appelés à s’engager à respecter les chartes de déontologie accompagnant ce protocole et lequel sera aussi un « outil pour aider à la prévention des cas d’abus sexuel sur mineurs ».

L’Église a Maurice, selon ses responsables, a le devoir non seulement de traiter les allégations d’abus sexuels sur mineurs mais aussi de prévenir les cas d’abus sexuel sur ces derniers et de se donner des moyens pour la prévention. C’est ainsi qu’une large place est accordée dans ce protocole à la prévention, ainsi qu’à la formation. « Il est important que chacun à son niveau de responsabilité dans les instances diocésaines puisse s’engager à se former dans le but ultime de prévenir toute forme d’abus sexuel sur des personnes mineures », insistent les rédacteurs du protocole.

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