Acte 1 pour un idéal démocratique

GÉRALDINE HENNEQUIN-JOULIA,
Leader, Idéal Démocrate

Il n’y a pas de recette miracle pour redynamiser notre démocratie et assurer que le chantier d’un idéal démocratique se mette en marche. La solution est entre nos mains et il y va de la responsabilité de chaque citoyen d’y participer. Et indéniablement, passer à l’acte, c’est voter.

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Ce droit fondamental – qui est assuré à chaque citoyen dans un État de droit – s’est vu bousculer lors des dernières législatives. Rappelons que lors des élections générales de 2019 des milliers de votants se sont vu interdire l’accès aux centres de vote, leurs noms ne figurant pas ou plus dans les registres électoraux. Officiellement, la Commission électorale avait recensé 6,813 Mauriciens qui, s’étant présentés dans un bureau de vote, n’avaient pas pu glisser un bulletin dans l’urne. Ce décompte – qui avait sans doute omis quelques autres centaines, voire milliers de noms et qui avait été jugé comme une anomalie sévère et injustifiée par des milliers de citoyens choqués – était une première à Maurice. Personne ne souhaite voir cette situation se reproduire.

Listes électorales

Vous conviendrez qu’il est bien plus utile pour chaque citoyen de s’assurer de manière responsable que son nom figure bien sur les listes électorales que d’aller contester la légitimité d’un gouvernement élu par les urnes. La Commission électorale va rendre possible cette vérification du 15 au 31 juillet pour tout Mauricien de 18 ans et plus. Si votre nom n’y figure pas, vous pourrez donc vous inscrire. Il est impératif que vous vérifiiez également votre adresse, car vous avez pu déménager depuis 2019 ; assurez-vous également que votre nom soit écrit correctement (attention si vous vous êtes marié ou avez divorcé depuis 2019) ; il y a aussi le cas des primo votants c’est-à-dire ceux qui ont eu 18 ans entre 2019 et maintenant et qui n’étaient donc pas sur les registres de la commission. Il est impérieux de vous y enregistrer.

Être au service du progrès d’un idéal démocratique, c’est assurer cette étape pour pouvoir ensuite s’exprimer par la voie des urnes lors des prochaines échéances électorales, qu’elles soient municipales ou législatives. Cela évitera à chacun d’aller pousser des cris d’orfraie sur les réseaux sociaux, car ce tribunal populaire, aussi bruyant soit-il, n’a pas encore le pouvoir de faire bouger les lignes politiques ne serait-ce que d’un iota. Nous l’avons constaté ces derniers mois dans notre pays.

Résultat concret

Alors que partout dans le monde les transformations sociales s’accélèrent, que nous sommes tous bousculés par une crise sanitaire qui n’en finit pas et que nous avons assisté impuissants au déversement de règles quand ce n’est pas carrément de lois rognant toujours un peu plus nos libertés individuelles et parfois même collectives, il ne faut pas regarder ailleurs quand les cartes pour prendre en main votre présent et votre avenir se présentent. Car voter, c’est exprimer une opinion !  Et contrairement à ce que nous avons vu avec les différentes manifestations ayant porté la colère et le mécontentement du peuple mais qui n’ont pas abouti à des changements réels, voter donnera toujours un résultat concret. Il dira le choix que fera la majorité, et son avis comptera.

Nous voyons sur un plan économique, écologique et social que nos responsables politiques semblent incapables d’entreprendre des réformes audacieuses. Nos politiciens, tous bords confondus, ne mesurent pas les défis de demain et offrent l’image d’une politique impuissante. Elle est tellement illisible que le décrochage politique des jeunes est une vraie catastrophe pour notre pays. Ce ressort d’une conscience politique chez d’autres s’est rouillé à force de se frotter à la corruption et au communalisme.

Les propos entendus ici et là évoquent toujours un sentiment d’impuissance du citoyen. Personne n’est dupe ! Dans le dernier sondage en date du 10 juin 2021 réalisé par AfroBarometer, les données statistiques présentées sont parlantes et expriment clairement l’inquiétude grandissante des Mauriciens concernant la perte de vitesse de notre démocratie. Alors qu’il y a dix ans de cela 72% affichaient leur satisfaction dans notre modèle démocratique, cette même question a perdu 17 points aujourd’hui. Les citoyens mauriciens font de moins en moins confiance à la classe politique. Ils sont une majorité, soit 69%, suivant ce même sondage à se dire inquiets, voire très préoccupés pour un certain nombre que la crise sanitaire ait été une occasion pour les dirigeants politiques de s’essayer à l’autoritarisme et de verrouiller encore plus le pouvoir. Les nombreux chiffres éloquents de ce sondage démontrent clairement que loin d’être dupe le citoyen mauricien sent le glissement dangereux du pays vers une forme d’autocratie. 54%, soit plus de la moitié des sondés, estiment que le pays prend une mauvaise direction. Leur confiance dans les institutions également est rompue.

Responsabilité

Il ne restera que les urnes pour remettre les pendules à l’heure.

Tout le monde comprend que l’espace de l’action politique du citoyen dans notre société souffre d’un rétrécissement entre chaque mandat de gouvernement. Nous n’avons jamais songé ici au point des référendums populaires sur de grandes questions républicaines. Les consultations populaires, peu importe la forme et la méthode, ne font pas partie de notre culture politique. Il est donc utile de souligner que le rapport de forces se dessine d’abord et avant tout sur les registres électoraux. Y être, c’est l’acte 1 pour espérer la construction d’une nouvelle ère.

Rendez-vous entre le 15 et 31 juillet pour ce premier geste éminemment politique. Nous avons tous une responsabilité envers notre pays et les générations à venir. Assumons-la !

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