AFFAIRES ÉTRANGÈRES — Dans une mise en demeure : Le Deputy High Commissioner réclame Rs 15 M de dommages au Secretary to Foreign Affairs

  • Le SFA accusé de « harcèlement continu » et de « traitement discriminatoire » pour avoir forcé le DHC à se présenter devant un “board” médical après qu’il a décliné une affectation en raison de sa santé précaire et des ravages du Covid à l’étranger

Le Minister Counsellor/Deputy High Commissioner (DHC), Rakesh Rhye Bhuckory, a fait servir une mise en demeure au Secretary to Foreign Affairs (SFA), Haymandoyal Dillum pour « faute délictuelle lourde ». Il reproche au SFA d’avoir abusé de ses pouvoirs en le forçant à se présenter devant un “board” médical et de l’avoir menacé de sanctions disciplinaires pour avoir fait part de son intention de ne pas accepter l’affectation à la Mauritius High Commission à Islamabad, au Pakistan.

- Publicité -

Le DHC devait expliquer avoir refusé ce poste pour des raisons médicales et qu’il est le seul à s’occuper de sa mère, une patiente cardiaque. Il réclame ainsi des dommages de Rs 15 M au SFA pour cet acharnement sur sa personne, avançant qu’il est le seul à subir « un tel traitement discriminatoire car d’autres officiers avaient déjà fait part de leur intention de refuser une affectation diplomatique et avaient été remplacés ».

Le DHC, dans cette mise en demeure rédigée par l’avoué Hiren Jankee, explique compter 25 années de service au sein du ministère des Affaires étrangères. Faisant état de ses qualifications et de ses différentes fonctions, il explique notamment avoir rejoint ce ministère en avril 1996 comme Second Secretary. De 1998 à 2002, il a été affecté à New York pour une mission au sein des Nations unies où il a servi précisément au United Nations Security Council de 2001 à 2002. De 2006 à 2015, il a été affecté à la Mauritius High Commission en Angleterre et promu en 2013 comme Minister Counsellor/Deputy High Commissioner.

Rakesh Rhye Bhuckory dit avoir aussi été Head of Multilateral Directorate, responsable pour traiter avec les Nations unies et “team leader” pour la préparation du Voluntary National Review Report of Mauritius dans le cadre de la mise en œuvre des UN Sustainable Development Goals. Il a été en charge de l’organisation à Maurice du 75e anniversaire des Nations unies en 2020. L’objet de son litige est le concours de circonstances après avoir obtenu une demande d’affectation à la Mauritius High Commission à Islamabad, le 8 janvier 2021, faite par le SFA, Haymandoyal Dillum. Le plaignant indique qu’a cette période, d’autres officiels avaient aussi obtenu des affections, soit pour Addis-Abeba en Éthiopie et pour Le Caire en Égypte. Il avait alors écrit au SFA, le 15 janvier 2021, pour l’informer qu’il ne pourrait accepter cette mission diplomatique pour des « raisons personnelles et familiales ».

Dans sa mise en demeure, le DHC donne comme raisons la santé précaire de sa mère qui est cardiaque « et qui a eu à subir trois pontages coronariens », ajoutant qu’il est le seul à s’occuper d’elle. Il fait ressortir qu’il n’aurait pas pu emmener sa mère dans sa nouvelle mission, et encore moins la quitter à Maurice en raison de son état de santé fragile. Il souhaitait ainsi, « sur une base humanitaire », être maintenu au quartier général à Maurice, faisant aussi état de la situation inquiétante à cause de la pandémie de Covid-19 « et du nombre de morts en Asie et ailleurs ».

Faisant face à l’insistance du SFA pour qu’il accepte l’affectation, le DHC explique alors avoir dû révéler sa condition de santé « à contrecœur ». D’expliquer alors qu’en 2019, il a subi une angioplastie coronaire avec endoprothèse en raison d’un syndrome coronarien aigu. Il souligne ainsi qu’il ne pouvait prendre le risque d’accepter cette affectation, ajoutant qu’il y a un antécédent d’asthme qui court dans sa famille.

Traitement discriminatoire

Le DHC fait état alors d’une « tendance systématique de me causer du tort et de saper mon moral au travail » quand il évoque les agissements du SFA à son égard. Il note, d’ailleurs, que les officiels qui ont refusé leur affectation pour des raisons personnelles, comme lui, ont été remplacés. Lui, par contre, dit être « constamment harcelé, persécuté et humilié » par le SFA, alors que sa demande pour qu’il soit remplacé est restée sans réponse, ce qui a affecté encore plus son état de santé.

Le SFA et le directeur des ressources humaines au ministère, Thrimo Magalinga Patten, lui ont demandé de se présenter devant un “board” médical, le 18 mai 2021. Le DHC explique qu’il n’avait pu s’y rendre car ce “board” médical « n’a pas de raison d’être » et que sa santé se détériorait. Il avait obtenu un “sick leave” au travail, sur recommandation de son médecin à cause de ses ennuis de santé. Toutefois, lorsqu’il a repris le travail, le SFA est revenu à la charge pour lui demander de paraître devant un “board” médical le 22 juin 2021. Le DHC indique avoir écrit au Secrétaire de la Fonction publique le 15 juin 2021 pour faire état de sa situation. Il devait aussi écrire au bureau de l’Ombudsman, « qui a alors écrit au secrétaire de la Fonction publique pour demander plus de clarifications ». L’enquête suit son cours.

Le DHC avance que malgré le fait d’avoir mis au courant le SFA de sa situation dans des correspondances, ce dernier devait insister, dans une lettre du 26 juillet 2021, pour qu’il donne des explications sur son absence devant le “board” médical. Par la suite, le 5 août 2021, le SFA l’informe qu’il compte initier des actions disciplinaires à son égard, sous l’article 42 (1) (a) des Public Service Commission Regulations, car il n’aurait pas donné « d’explications plausibles » sur son absence. Il lui a donné alors jusqu’au 11 août pour expliquer pourquoi il ne devrait pas faire face à des sanctions disciplinaires.

Pour cet état de choses, le DHC soutient que le SFA a agi « de mauvaise foi » envers lui et a abusé de ses pouvoirs pour « me persécuter et m’humilier constamment ». Il devait aussi déplorer l’attitude du directeur des ressources humaines d’avoir fait fi de ses doléances et d’avoir « agi de concert » avec le SFA pour lui causer du tort. Il explique que sa relation avec le SFA a commencé à se détériorer depuis 2011. Il dit avoir découvert et dénoncé une fraude concernant le recrutement d’une personne par le SFA, dans une ambassade, alors que la personne avait utilisé un faux document. Cela avait résulté au licenciement immédiat de la personne.

Ainsi, en raison des agissements du SFA, le DHC lui réclame Rs 15 M de dommages pour le préjudice subi et souhaite que le SFA mette un terme aux procédures enclenchées pour intenter des sanctions disciplinaires à son égard. Il donne ainsi un ultimatum d’un mois au SFA pour se plier à ces recommandations. Au cas contraire, il entamera des actions légales. Rakesh Bhuckory est représenté par Me Rajesh Unnuth.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -